L'AFRIQUE DU SUD ET LES TRADITIONS IMPORTEES QUATRIEME PARTIE

L'AFRIQUE DU SUD ET LES TRADITIONS IMPORTEES

QUATRIEME PARTIE

 HIGH SCHOOLS

En Afrique du Sud, le système scolaire est inspiré du modèle britannique.

Même les écoles fréquentées par les Afrikaners ont adopté ce style, commun aux écoles privées et aux écoles d'Etat.

Les élèves portent un uniforme assez formel (dans le secondaire : blazer, cravate), la plupart des écoles ont un chant traditionnel, un blason. Les activités sportives sont importantes, l'école est fière de ses champions qui participent aux diverses compétitions inter-scolaires.Les punitions corporelles du style coups de canne (caning) existent encore dans certaines écoles.

Souvent les écoles les plus prestigieuses occupent des bâtiments anciens de type victorien - l'internat (boarding) est développé.

 Les collèges qui reçoivent des internes sont en général composés de plusieurs maisons (houses, boarding houses), dirigées par des "préfets", dans lesquelles les collégiens sont répartis pour toute leur scolarité. Ces maisons entretiennent entre elles une forme d'émulation.

 Pour les Français, ce type d'école fait penser à la série Harry Potter et semble exotique, alors que dans les pays anglo-saxons, c'est tout simplement le modèle courant d'école, plus ou moins complet dans toutes ses traditions et caractéristiques selon le standing de l'école.

 La Pretoria Boys High School, aussi connue comme Boys High, est une prestigieuse école publique de Pretoria, fondée au début du 20 ème siècle par Lord Milner, Haut-Commissaire britannique. Elle est au 2ème rang d'excellence en Afrique du Sud et en Afrique.  De nombeuses personnalités dont des lauréats du Prix Nobel ont fait leurs études secondaires à la Pretoria Boys High School.

Son hymne est Forty years on (Dans quarante ans, qui évoque le retour ému dans leur vieille école, quarante ans après, des anciens élèves),qui est l'hymne de l'école de Harrow à Londres, adopté par plusieurs écoles.

 Wikipedia.

Blason de la Pretoria Boys High School.

La devise latine signifie Par le courage et le travail. Les couleurs du blason servent à désigner aussi les quatre houses de l'école (red house, yellow house etc).

 Wikipedia.

L’inspiration britannique est certainement plus visible dans les collèges du secondaire et notamment ceux des quartiers favorisés que dans les écoles primaires des quartiers pauvres ou des campagnes.

Les établissements d’éducation sud-africains se répartissent entre écoles publiques (State controlled schools, public schools) et écoles privées (private schools, independant schools). Ici, contrairement à la Grande-Bretagne, les mots public schools ne désignent pas, au contraire de ce qu’on comprend immédiatement, des écoles privées parfois très exclusives. 

Les écoles publiques ne sont pas gratuites en général (mais 40% le sont dans les zones les plus pauvres); les frais de scolarité sont variables et peuvent être pris en charge en partie par l’Etat.

Les écoles privées sont bien entendu payantes.

 Le site  http://www.ecolespubliques.fr/pays_afriquedusud.php  donne les indications suivantes ( mais elles paraissent dater de 2007 y compris pour les conversions du rand en euros et ne précisent pas si le coût de la pension est en plus du montant indiqué);  nous donnerons quelques exemples chiffrés plus loin  qui montrent des tarifs bien plus élevés surtout dans le privé :

Frais d'inscription :

• 40% des écoles entièrement gratuites en 2007
• Les écoles sont réparties en cinq catégories selon le niveau de pauvreté des régions qu'elles desservent. Les écoles les plus pauvres reçoivent des subventions publiques les plus importantes, et ont donc les frais de scolarité plus faibles.

Autrement :

• Primaire :  de 600 à 9 000 rands/an dans le public (=de 650 à 1 000 euros)/ de 10 000 à 35 000 Rands dans le privé (= de 1 075 à 3 760 euros)
• Lycée : de 1000 à 15 000 rands/an dans le public (=de 1100 à 1 600 euros)/ de 10 000 à 35 000 Rands dans le privé (= de 1 075 à 3 760 euros)

• Pour toutes les écoles publiques, les parents peuvent demander une réduction ou même l'exemption des frais de scolarité si leur rémunération annuelle est inférieure à 10 fois les frais de scolarité annuels (avant impôt), l'enfant est exonéré des frais d'inscription.

• Universités : de 7 000 à 40 000 Rands dans le privé (= de 800 à 4500 euros).

Pour l'université, le site précité indique :

• Toutes les Universités reçoivent une participation de l'Etat. Certaines ne fonctionnent qu'avec cela. En revanche, la source principale de financement de la majeure partie des universités restent les frais d'inscription. Ce qui explique que pour les meilleures universités, l'aide gouvernementale est dérisoire et l'on peut dire qu'elles sont privées.

Mais les droits d'inscription et frais de scolarité pour l'année ne sont pas les seuls frais que doivent payer les parents : l'uniforme est à leur charge, les frais pour cours particuliers (bien entendu), les livres et autres fornitures,  les frais pour cours d'informatique etc.

Si on ajoute les frais de transport et dans certains cas la pension pour les internes, la facture grimpe considérablement.

 La high school est  l'équivalent des deux dernières années de collège français et du lycée français : les 5 années d'études se terminent par un examen, le matric (abréviation de matriculation), équivalent du bac. La dernière année de high school, équivalent de la terminale, est dite "matric year".

Certaines écoles privées sont liées aux églises, par exemple église anglicane ou catholique.

Mais dans toutes les écoles, publiques et privées, la religion (chrétienne) tient une place sinon importante, du moins symbolique : les journées s'ouvrent par des prières par exemple.

Une des particularités de l'enseignement en Afrique du Sud est le cours de  Life Orientation.

Il s'agit d' "une matière spécifique à l’Afrique du Sud. Ce cours  permet  de  préparer  les  enfants  et  les  jeunes  à  la  vie.  Il  développe  chez  les apprenants des compétences, des connaissances  et  des valeurs qui permettent de prendre des décisions réfléchies et de devenir un être engagé."

(Le système scolaire en Afrique du Sud, Justine Catillaz, Maude Curty, Margaux Waeber, Magalie Déforel UNIFR, SP 2015, Professeur J-L Gurtner

https://www.unifr.ch/ipg/assets/files/DocTravEt/education%20comparee/EC_Afrique%20du%20Sud_19.05.15.pdf

Les écoles qui étaient autrefois exclusivement réservées aux Blancs accueillent évidemment des élèves de toutes origines depuis la réforme du système scolaire après la fin de l’apartheid, mais elles continuent d’être fréquentées par une majorité de Blancs (en raison pour une part des zones d’habitat) et continuent d’avoir un meilleur niveau que les anciennes écoles réservées aux Noirs – fréquentées, on s’en doute, par assez peu de Blancs, voire pas du tout.

Certaines écoles sont exclusivement blanches, sans pour autant enfreindre la loi.

Ainsi la Afrikaanse Hoër Seunskool (Afrikaans Boys' High School, Collège afrikaans de garçons ) de Pretoria, connue comme AHS et dont les élèves sont appelés Affies.

Comme cette école publique est réservée aux personnes parlant afrikaans, en pratique elle n’est fréquentée que par des Afrikaners blancs (bien que certains métis parlent aussi afrikaans).

Elle est considérée comme un lieu important de l’identité afrikaner

Il existe aussi un collège de filles dépendant de l'AHS.

 Afrikaanse Hoër Seunskool (AHS) de Pretoria, école de garçons en langue afrikaans. 50ème réunion de la classe 1964, 2014. Les élèves chantent l'hymne de l'école en l'honneur de leurs aînés.

Capture d'écran You Tube

La King Edward VII School (KES) est aussi une bonne école publique. Fondée à Johannesburgh  par Lord Milner, le haut-commissaire britannique au début du 20ème siècle après la défaite des Boers, afin de reconstruire le service public d'éducation après la guerre (les écoles créées à cette époque sont appelées Milner Schools) elle prit le nom de King Edward VII School après la mort du monarque britannique en 1912 en signe d'hommage, et l'a conservé depuis. Le portrait du roi orne toujours la salle des cérémonies de l'école.

Elle est connue entre autres par sa cérémonie du Souvenir (Remenbrance day) en hommage aux anciens élèves morts durant les conflits du 20ème siècle, qui se tient en novembre chaque année. Pendant cette cérémonie, les élèves  rendent les honneurs en uniforme de type militaire avec short court et fusil pour l'ensemble de la troupe, et kilts et sabre pour les jeunes "officiers", au son des cornemuses. Les élèves font leur entre dans la cour de l'école où se dresse un cénotaphe au son de Flower of Scotland, l'hymne écossais.

Elèves de la King Edward VII School (école roi Edouard VII) de Johannesburg.

L'école King Edward VII est une des écoles publiques les plus réputées d'Afrique du Sud.

Un seul élève noir sur la photo, mais il y en a un assez grand nombre. 

http://www.capitalfm.co.ke/campus/two-kenyan-secondary-schools-listed-among-10-best-in-africa/3/

 Elèves de classe de niveau 8 (correspond à la 3ème française) de la King Edward VII School (école roi Edouard VII) de Johannesburg, 2016.

 http://rosebankkillarneygazette.co.za/177966/a-new-year-a-new-red-at-kes/

L'équipe de direction de la King Edward VII School, site de l'école.

 http://kesnet.co.za/School/School%20Overview

HIGH SCHOOLS FOR GIRLS

Les écoles peuvent être mixtes ou non.

 Un certain nombre d'écoles prestigieuses ne sont pas mixtes.

 Les médias se sont récemment (août 2016) fait l'écho d'une sorte de "révolte" intervenue dans la Pretoria High School for Girls (PHSG). Des élèves africaines ont protesté contre l'interdiction par la direction d'avoir des coiffures africaines et cette interdiction, qualifiée de "raciste" a été levée après intervention du ministère...

Les journaux français qui ont répercuté avec délectation cette importante nouvelle et n'ont pas manqué de dire que l'école est une des écoles privées les plus "select" d'Afrique du Sud - alors qu'il s'agit d'une école publique, il est vrai de très bon niveau, fondée au début du 20ème siècle par Lord Milner en même temps que son équivalent pour les garçons.

PRETORIA HIGH SCHOOL FOR GIRLS. Site de l'école.

http://www.phsg.org.za/

Jeppe High School for girls.

Site de l'école.

Jeppe est une école publique pour filles de Johannesburg. Ici les élèves posent devant la statue de Mandela. La devise de l'école est Forti Nihil Difficilius (rien n'est difficile pour les braves). Il existe aussi une école pour garçons.

 http://www.jeppegirls.co.za/

 

 Une école mixte : élèves de la General Smuts High School, lors du Smuts Day en l'honnneur du général et Premier ministre Smuts (1870-1950), à laquelle sont invités des membres de l'armée sud-africaine. 

Les tarifs de la General Smuts High School à Vereeniging (Gauteng), college public, ne sont pas parmi les plus élevés : R 9000 pour l'année (externe) soit 583 €,  R 35 000 pour la pension complète (2270 €). Sans doute déjà très cher pour beaucoup de familles si les frais ne sont pas pris en charge par l'Etat.

 http://www.generalsmutshighschool.co.za/wgallerydisplay.php?album_id=238990

 PRIVATE SCHOOLS

Les écoles privées ou indépendantes ne sont que 16% du total des écoles (en 2008 - http://www.ecolespubliques.fr/pays_afriquedusud.php ).

 Certaines d'entres elles, fondées il y  a plus d'un siècle, reproduisent la tradition du pensionnat britannique (boarding school) telle que Eton, Harrow ou Rugby. Ces écoles ne sont généralement pas mixtes.

 Les élèves sont majoritairement en pension, mais ces écoles peuvent accueillir des externes (day pupils).

En 2016, la plus chère de ces écoles est le Hilton College (pour garçons), au Kwa-Zulu- Natal, avec des frais de scolarité de 235 960 rands (15 309 €, il est vrai avec pension).

L'école est située sur un terrain de 1762 hectares comrenant une réserve naturelle. Les élèves sont répartis en sept pensions ou houses.

L'école est de tradition chrétienne mais non-confessionnelle : elle accueille des catholiques, des anglicans (les plus nombreux), des presbytériens et d'autres "dénominations". Les élèves assistent à un service religieux deux fois par semaine.

Les activités sportives sont particulièrement  suivies et Hilton est souvent opposé en compétition à une  autre école privée, Michaelhouse.

A Hilton, entre autres matières, on peut apprendre la langue et la culture zouloue et les élèves Noirs ou Coloured , sans doute moins nombreux que les blancs, sont bien présents.

L'école a deux hymnes, dont l'un, plus formel est joué dans les grandes occasions et l'autre, plus courant, Oh Boys of Hilton, se chante sur l'air de l'hymne écossais, Flower of Scotland.

 Coupe de polo traditionnellement disputée entre les anciens élèves de Hilton et ceux de Michaelhouse, autre école privée réputée (Hilton Michaelhouse Polo Cup)

http://www.wikiwand.com/en/Hilton_College_(South_Africa)

Dans la liste des écoles les plus chères, viennent ensuite Michaelhouse, dont a parlé, également au Kwa-Zulu- Natal avec R 225 000 (14 598 €) et le Roedean School for Girls, Johannesburg, avec  R220 276 (14 291 €).

(source : BussinessTech, These are the 20 most expensive schools in South Africa, article en ligne janvier 2016 http://businesstech.co.za/news/general/108409/top-20-most-expensive-schools-in-south-africa/)

Ces chiffres n'intègrent évidemment pas toutes les dépenses scolaires.

 Certes ces montants peuvent paraître modestes par rapport au prix des écoles privées européennes ou américaines , ils sont considérables comparés au revenu moyen sud-africain, mais pas forcément comparés aux revenus des classes supérieures.

A titre de comparaison, l'école privée la plus chère d'Europe et même du monde serait l'Institut Le Rosay en Suisse, 106 000 € l'année.

En France l'école la plus chère est l'Ecole des Roches,  36 635 € pour l'année au lycée en pension  complète, 19 860 € en demi-pension, sans compter les frais annexes.

 Michaelhouse, une des trois écoles privées les plus chères d'Afrique du Sud

http://businesstech.co.za/news/general/108409/top-20-most-expensive-schools-in-south-africa/

A titre d'exemple, le College Saint Peter, école anglicane, n'est pas placé parmi les plus chers des établissements privés. Ses frais de scolarité sont de 102 000 rands, soit 6617 €, en pension complète.

 

  Saint Peter College (école privée anglicane) de Johannesburg. Site du collège.

http://www.stpeters.co.za/

 College Saint Peter (école privée anglicane). Father Samuel Masemola blesses the new AstroTurf hockey pitch at St Peter's College. Juin 2016 : le père Samuel Masemola bénit le nouveau terrain de hockey astro-turf du college (l'astro-turf est un gazon artificiel).

http://fourwaysreview.co.za/236579/st-peters-college-celebrates-new-astroturf-with-hockey-tournament-3/

Blason du Saint Peter College de Johannesburg.

La devise latine signifie Vers le futur avec courage

Wikipedia.

 Kingswood College, Grahamstown (Cap oriental) est une autre école privée.  Pour un élève en 12ème année (terminale) en pension, le coût est R 186 000 soit  11 967 €. La photo sur le site de l'école insiste sur le caractère multi-racial des élèves - mais la proportion des Blancs sur la photo (5 sur 8) montre que les Blancs restent en majorité dans ces établissements privés, comme dans les bonnes écoles publiques.

 http://www.kingswoodcollege.com/index.php?pid=35

 Saint Andrew's College, Grahamstown, Eastern Cape.

Ecole anglicane chère, fondée en 1855. Les élèves sont majoritairement en pension avec quelques élèves externes.  Frais annuels de R199 140 (soit 12 920 € et frais d'inscription de R16 959, soit 1130 €). Pour les externes :  R88 950 avec frais d'inscription de R16 959 soit 5971 € et 1130 €).

 http://buzzsouthafrica.com/costliest-schools-south-africa/

 Elèves de Nova Pioneer School.

Site de l'école.

Nova Pionner est un groupe indépendant avec plusieurs écoles en Afrique du Sud, axé sur l'enseignement technologique.  Les élèves semblent majoritairement -sinon exclusivement - noirs. Les écoles ne sont pas mixtes.

 https://www.novapioneer.com/kenya/

POUR FINIR

Si certaines high schools  publiques sont de bon ou de très bon niveau, le constat général est que l’éducation en Afrique du Sud est défectueuse, surtout dans les zones rurales.

Pourtant, le taux de scolarisation au secondaire est de 96.5% et au primaire il dépasse tout de même 98% (Le système scolaire en Afrique du Sud, article cité).

Des enseignants de faible niveau (aucun diplôme n'est requis) ne parviennent pas à donner aux enfants une éducation moyenne qui leur garantirait de meilleures conditions de vie, sinon une égalité des chances réelle.

Mais des pays plus développés présentent des situations identiques, sans partir d’aussi loin que l’Afrique du Sud.

Il y a un aussi un fléau qui touche l'école, c'est l'importance des agressions sexuelles. Les agressions en milieu scolaire sont un aspect de la violence sexuelle présente à un nivau extrêmement élevé dans la société sud-africaine et qui  est un défi pour le gouvernement, comme le nombre de meurtres (on en dira queques mots).

Mais on suppose que cela n'arrive pas dans les bonnes écoles dont on a parlé.

Parmi les traditions de style britannique des écoles sud-africaines figure la soirée du matric (matric farewell ou matric dance) qui se place après l'obtention du diplôme équivalent au bac. Les élèves viennent danser habillés en tenue de gala.  Il s'agit d'un rite social  important pour les élèves et leur famille. Ici les élèves de Trinity House à Randpark Ridge, 2014.

Des photographes professionnels immortalisent souvent les jeunes gens dans le style le plus glamour, en robe longue et smoking pour certains.

 http://randburgsun.co.za/237969/matric-farewell-trinity/

 Soirée d'adieu du Matric pour les élèves de l'école Sainte Catherine, Bocksburg, 2013.

 http://germistoncitynews.co.za/wp-content/uploads/sites/31/2013/07/20ggcath2.gb_1.jpg