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Le comte Lanza vous salue bien
12 mai 2018

PIM, PAM, POUM (LES KATZENJAMMER KIDS) QUATRIÈME PARTIE

 

PIM, PAM, POUM

(LES KATZENJAMMER KIDS)

OU LES HÉROS NE MEURENT JAMAIS

 

 

 

QUATRIÈME PARTIE

 

 

 

 NOTA / Dans ce message, nous reproduisons plusieurs planches de bandes dessinées ou dessins isolés, en indiquant les sources sur internet quand nous avons pu les retrouver. Nous ignorons si nous avons le droit de le faire et nous supprimerons les images litigieuses à la pemière demande.

 

 

 

LIBE WOHL, HERR KNERR

FAREWELL, MR. KNERR (ADIEU, MONSIEUR KNERR)

 

 

 

 

 Comme on sait, Harold Knerr mourut brutalement le 8 juillet 1949, âgé de 67 ans.

A ce moment, il avait réalisé environ 1800 planches de la série depuis qu'il avait repris celle-ci en 1914,  mais il faut reconnaître que sa célébrité repose surtout sur les planches de la dernière partie de sa vie, celles où la famille est établie sur l'île Bongo (c'est notamment le cas en France, parce que seules les planches de cette époque y ont été publiées) : il y est au meilleur de son art, tant dans les gags que dans l'ambiance et la psychologie des personnages.

 

Katzenjammer_Kids_qs_19440528 - Copie (2)

 Miss Ross lisant, le Capitaine, le roi et l'Astronome installés devant des chopes de bière.

Miss Ross : Aujourd'hui, le roi semble ennuyé de tout.

Le Capitaine :  Votre majesté,connaissez-vous la blague [der vun - the fun] du singe et de la girafe...

Le roi : Oui, et elle n'est pas drôle.

 (détail de la planche ci-dessous)

 

 

Katzenjammer_Kids_qs_19440528 - Copie

Planche de Knerr, 1944. Référence internet non retrouvée.

Adolphe prépare sa farce sous l'oeil de Léna. Il a peint sur des tortues le visage de Miss Ross, du Capitaine et de l'Astronome, avec des pommes de terre ou des saucisses (?) en guise de nez. Pendant ce temps, le roi étale son ennui.

L'apparition de la première tortue provoque le départ de Miss Ross, indignée, et commence à faire sourire le roi qui se déride vraiment avec l'arrivée des tortues suivantes. Le Capitaine et l'Astronome apprécient la moquerie quand elle touche un autre qu'eux et pas du tout quand ils sont brocardés. Pam et Poum décident que le moment est venu de mettre en cause Adolphe, qui reçoit un tir de sarbacane qui le fait sortir de son coin, tandis que Léna suit les événements  avec philosophie (ça y est, ça commence). Le Capitaine et l'Astronome veulent corriger Adolphe mais le roi s'est tellement amusé qu'il s'y oppose ('Tut ! tut ! gentlemen, desist'), jusqu'au moment où une tortue à son image arrive (évidemment, celle-ci a été maquillée par Pam et Poum). Plus question alors de trouver drôle la plaisanterie et le roi oblige le Capitaine et l'Astronome à donner une fessée magistrale à Adolphe (si vous arrêtez, je vous fais bouillir dans l'huile), tandis que Pam et Poum embrassent Léna, qui n'a pourtant rien fait ni pour les uns ni pour les autres.

 En case 1, Adolphe s'amuse à philosopher : "A potato for a nose could smell as well by any other name..." (Une pomme de terre en guise de nez pourrait sentir aussi bien sous n'importe quel nom). 

C'est une parodie de Shakespeare:

What's in a name? That which we call a rose
By any other name would smell as sweet

Qu'y a-t-il dans un nom ? Ce que nous appelons une rose, sous n'importe quel nom, pourrait sentir aussi bon.

(Roméo et Juliette)

 

 

 

 Selon  le site Yodaslair (ou Vot Der Dumboozle?) consacré à la culture populaire ( http://www.yodaslair.com/dumboozle/katzies/katzdex.html), la série de Knerr fut aussi publiée en comic books (magazines de format moyen) reprenant les planches du dimanche, mais on pouvait aussi trouver, probablement à partir de 1947, des pages inédites - qui  n'étaient pas de Knerr (certaines d'entre elles étaient de Peter Wells, voir plus bas).

 

En plus de ses planches, Knerr réalisa aussi un certain nombre de dessins pour des messages de sympathie, représentant les personnages de la série.

Parmi ces dessins, plusieurs sont des dédicaces à son "patron", le célèbre patron de presse W. R. Hearst (voir première partie), à l'occasion des fêtes de fin d'année ou de l'anniversaire de Hearst.

On peut voir sur le site de vente Heritage Auctions  https://comics.ha.com/itm/original-comic-art/comic-strip-art/william-randolph-hearst-christmas-greetings-book-with-original-art-by-35-hearst-strip-artists-king-features-syndicate-1943-/a/7027-92246.s   un dessin de Knerr pour les fêtes de fin d'année 1942, dans un album offert à Hearst par les dessinateurs du King Features Syndicate.

Le dessin reproduit ci-dessous fait partie d'un autre album comportant les dessins offerts en 1942 à Hearst pour son 79 ème anniversaire par 45 dessinateurs du King Features Syndicate, parmi lesquels Alex Raymond (Flash Gordon, Jungle Jim), Hal Forster (Prince Valiant) , Chic Young (Blondie), Walt Disney (avec les personnages de Mickey, Minnie, Pluto, Dingo et Donald), George Mc Manus (Bringng up father - en France La Famille Illico), Phil Davis (Mandrake) ...  L'album avec toutes les contributions est  visible sur le site de vente Heritage Auctions.  

 

 

voeux pour hearst

 

Sur le dessin, on reconnait tous les membres de la famille, auxquels se sont joints Mr Dinglehoofer, son pupille Tad et le chien Schnappsy.

Le Capitaine porte la santé en allemand (Prosit) au "meilleur homme d'état et éditorialiste" (Hearst), mais sa phrase ne se traduit pas facilement (que veut dire "ding-goozled" ?). Tante Pim s'écrie aussi en allemand Gesundheit (santé !) , Miss Ross s'écrie à l'anglaise  Hear ! Hear ! (Ecoutez, écoutez, expression utilisée par les députés britanniques quand ils veulent manifester leur approbation à un orateur) et tous les enfants sont unis -  pour une fois.

William Randolph Hearst Birthday Book With Original Art By 45 Hearst Strip Artists (King Features Syndicate, 1942)

Site de vente Heritage Auctions

https://comics.ha.com/itm/original-comic-art/illustrations/william-randolph-hearst-birthday-book-with-original-art-by-45-hearst-strip-artists-king-features-syndicate-1942-/a/7027-92245.s

 

 

 

 

DIRKS PÈRE ET FILS

 

 

 dirks

 

Rudolph Dirks et son fils John, vers 1950.

http://strippersguide.blogspot.fr/2007/03/news-of-yore-rudolph-and-john-dirks.html

 

 

 

Pendant ce temps, Rudolph Dirks poursuivait sa série The Captain and the kids.

On hésitera quand même à suivre le site Yodaslair (ou Vot Der Dumboozle?) consacré à la culture populaire ( http://www.yodaslair.com/dumboozle/katzies/katzdex.html)  quand il écrit :

 In the mid-1940s, when the "one-third" strip size became more of a standard and Knerr's creativity began to slip, it can certainly be argued that "The Captain and the Kids" was the better of the two.

(Au milieu des années 40, quand le format des planches au tiers de page se généralisa et que la créativité de Knerr commença à diminuer, on peut certainement dire que The Captain and the kids était la meilleure des deux séries). Mais les planches de Knerr ont-elles été réduites au tiers de page ? Il ne semble pas. Quant à la créativité, à partir du postulat d'un petit groupe de personnages dans décor limité, il y avait forcément un effet de répétition, mais on peut en dire autant de beucoup de séries d'humour, depuis Gaston Lagaffe jusqu'à Peanuts.

 

 

A la différence de Knerr, Dirks eut des enfants : Barbara, née en 1914, et John, né en 1917.

John, après des études à Yale, dont il sortit diplômé en 1939, et son service militaire durant la deuxième guerre mondiale, commença à aider son père sur la série à la fin des années 40.

Dans une interview de 1950 reproduite sur le site Strippers'guide   http://strippersguide.blogspot.fr/2007/03/news-of-yore-rudolph-and-john-dirks.html, il est indiqué que John Dirks travaille sur le comic book (dont il semble être l'auteur principal) et propose à son père des projets pour la planche du dimanche, que Rudolph accepte ou pas.

Cureusement, Rudolph Dirks déclare : "I think he's going to be a better comic strip man than me be­cause he's a better golfer" (je pense qu'il sera un meilleur auteur de comics que moi car il est meilleur golfeur). Le golf tenait une grande place dans la vie des deux Dirks.

Etrangement l'interview indique que la série se déroule aux Iles Squee-jee ("The setting is generally the im­aginary Squee-jee Islands" ) alors que l'appellation Squee-jee Islands semble renvoyer à la série de Knerr.

L'interview signale d'ailleurs l'existence de la série concurrente, drawn for many years by the late H. H. Knerr (dessinée pendant beaucoup d'années par feu H. H. Knerr) et maintenant par Doc Winner, mais n'en dit pas plus et nous ne saurons pas si Dirks appréciait Knerr (pas plus qu'on ne sait si dans l'autre sens, Knerr appréciait Dirks).

 

Selon Don Markstein's Toonopedia™ (http://www.toonopedia.com/cap_kids.htm) la série apparut en comic book avec d'autres bandes relevant de l'United Feature Syndicate dans  Sparkler Comics, entre 1941 et 1955  et eut son propre comic book entre 1947 et 1955.

On peut supposer que le comic book reprenait, dans un moyen format, les planches du dimanche (de Rudolph Dirks) et comprenait des planches complémentaires inédites (qui étaient donc dessinées, vers 1950, par John Dirks).

Voir ici les couvertures de quelques comic books (http://www.yodaslair.com/dumboozle/katzies/comix.html) des deux séries.

 

La planche ci-dessous, datée de 1939, est-elle tirée d'un comic book (soit avant la date des comics books de la série indiquée par Don Markstein's Toonopedia) et de qui est-elle ? Peut-être d'un des ghosts (doublures ne signant pas) travaillant pour Dirks.

 

 

blog2

 

Cette page de 1939 de la série The Captain and the kids, extraite d'une histoire à suivre, est a priori étonnante. Il ne semble pas s'agir de la de la planche du dimanche traditionnelle, de présentation différente. L'histoire est sans doute parue en comic book. Mais l'auteur est-il Rudolph Dirks ? Le style parait quand même plutôt négligé.  Et compte tenu de la date, il ne semble pas s'agir non plus (quoique ?) des débuts de John Dirks (âgé de 22 ans à l'époque).  On pourrait penser à Bernard Dibble (voir troisième partie). Encore un petit mystère. L'histoire qui emmène la famille sous la conduite d'un mystérieux personnage en noir et masqué dans une pyramide  pour rire, se présente comme un récit d' aventures avec des personnages comiques, qui préfigure les histoires de Donald et sa famille que dessinera quelques années plus tard Carl Barks.

http://hnhlexicon.blogspot.fr/2016/05/comics-on-parade-12.html

Voir sur le même site une autre page de la même aventure.

 

 

 John  semble être devenu l’auteur principal de la série vers 1955 mais ne signa de son nom qu’après la mort de son père en 1968.

Le style des dessins, vers 1955, continue à avoir les caractéristiques de Rudolph Dirks. Les planches du dimanche se présentent volontiers comme des histoires à suivre, mais l'humour reste prédominant. Après tout, Dirks autrefois avait aussi donné à sa série un aspect de série d'aventures, tandis que Knerr avait opté pour la pure comédie à partir de l'installation des protagonistes à l'île Bongo.

 

captain and the kids

Planche parue en 1955 dans un journal canadien de Toronto.

Le Capitaine et l'Astronome, partis en bateau, sont naufragés (leur bateau a été dévoré par les termites). Tante Pim commence à s'inquiéter et les enfants ont recours aux services d'un détective privé (représenté avec la pipe recourbée et le chapeau de Sherlock Holmes). Celui-ci conclut en voyant les traces des pas sur le sable se diriger vers la mer que les deux personnes recherchées ont quitté l'île soit en bateau soit à pied (!).  L'image suivante le montre assis dans l'eau, visiblement après avoir reçu une baffe de Tante Pim, et se consolant philosophiquement en disant qu'on ne peut pas plaire à tout le monde. Pendant ce temps, le Capitaine et l'Astronome qui ont allumé un feu, voient arriver du secours, mais le récitatif termine la planche par un suspense : "The smoke signal is bringing results -- but not the kind they expected" (le signal de fumée a apporté des résultats - mais pas ceux qu'ils espéraient). La suite au prochain dimanche...

http://john-adcock.blogspot.fr/2009/09/rudy-gus-and-john-dirks.html

 

 Avec John Dirks aux commandes, les évolutions déjà remarquées quand la série était toujours officiellement signée du nom de son père, s’accentuèrent : John Dirks transforma ponctuellement la série en histoires à suivre, avec des éléments de science-fiction. Lorsqu’il revenait à l’histoire en une planche, le dessin était de plus en plus dépouillé, les planches parfois muettes, mettant souvent en scène un seul personnage, dans une atmosphère rêveuse et contemplative où le gag était remplacé par une notation souriante.

 

dirks joh,

 

Planche de 1962 (réalisée par John Dirks, bien que toujours signée Rudolph Dirks).

Les enfants sont prisonniers d'un abominable homme des neiges (snowman). Ils découvrent un laboratoire secret très bien outillé où un autre prisonnier travaille selon les instructions du snowman.  Planche caractéristique de John Dirks, par le schématisme du dessin, presque impersonnel (voir le personnage du prisonnier) et le fait qu'il s'agit d'une histoire à suivre. Dans d'autres planches, les décors seront encore plus minimalistes.

Site de vente Heritage Auction

https://comics.ha.com/itm/original-comic-art/comic-strip-art/john-dirks-the-captain-and-the-kids-sunday-comic-strip-original-art-group-of-46-united-features-syndicate-1962-one-of/a/815-3007.s 

 

 

Des personnages plus ou moins récurrents apparurent (certains alors que la bande était toujours signée par Rudolph Dirks)  : Phineas Flopp, un bonimenteur, expert en filouteries jamais bien méchantes, poète et philosophe à ses heures, un extra-terrestre, un enfant descendant des hommes des cavernes...

Si les personnages principaux sont encore conformes au graphisme de l'époque précédente (avec toutefois un trait simplifié), les nouveaux personnages sont dessinés de façon schématique et anguleuse (une manière qu'on retrouve dans les dessins animés de la même époque), les décors sont souvent réduits au minimum. Ce style "années 60" donne incontestablement une forme de modernité à la série, mais y a -t-elle vraiment gagné ?

 

 

kids001 (2)

Extrait d'une histoire à suivre des Dirks, publiée en France en 1992 sous le titre Les Kids (éditions Bagheera, 1992). Il s'agit de planches de 1957. La traduction française, en 1992, est certainement plus libre que l'aurait été une traduction  des années 50. Le Capitaine et un ami recherchent les enfants qui ont disparu et font le tour des îles voisines. Le dessin de John Dirks (bien que les planches soient signées par Rudolph) n'a pas encore le schématisme des années suivantes.

 

 

 

Avec Rudolph Dirks dans sa dernière période et avec John Dirks, les relations entre les garnements et les adultes ne sont plus basées seulement sur les farces et deviennent presque affectueuses (elles l'ont toujours été avec Tante Pim). Ainsi, dans une suite de planches de 1957 formant à peu près une histoire à épisodes, comme souvent chez les Dirks (publiée en 1992 en France sous le titre Les Kids), les enfants ont disparu et le Capitaine les cherche d'îles en îles. Son affection se manifeste lorsqu'il montre le portrait des enfants à  un habitant d'une île : "on cherche ces deux petites crevettes qui ont disparu". L'habitant, occupé à corriger ses propres enfants, lui dit qu'il ne connait pas sa chance. Pendant ce temps, les enfants ont rencontré un savant prisonnier dans les constructions souterraines d'une civilisation disparue, sur une île où survivent des hommes et animaux préhistoriques. Bien sûr tout le monde finira par se retrouver.

 

John Dirks réalisa la série jusqu’à ce que la parution soit arrêtée par The United Feature Syndicate en 1979 (les raisons de cet arrêt n’apparaissent pas mais il est probable que la série n’était plus rentable pour l’agence – peut-être le public ne suivait plus l’évolution de la série).

John Dirks se consacra alors à la sculpture et notamment réalisa des fontaines dans plusieurs pays.

Doté de la même longévité que son père, qui était mort à 91 ans, John Dirks mourut en 2010, âgé de 93 ans.

 

Pendant ce temps, les successeurs de Knerr restaient fidèles, chacun dans son style, au modèle de gag indépendant chaque semaine et au ton de comédie consacrés par Knerr.

 

 

 

 

LES SUCCESSEURS DE KNERR

 

 

DOC WINNER

 

Après la mort brutale de Knerr en 1949, son syndicate confia la série à Doc Winner (Charles H. Winner, surnommé "Doc", 1885-1956), un auteur habitué à venir en renfort sur les séries maison (il avait notamment travaillé sur la série Thimble Theatre, mieux connue du nom du principal personnage Popeye)Winner avait déjà travaillé brièvement pour Knerr lorsqu'il fut chargé de reprendre la série, cette fois comme dessinateur titulaire.

Il reprit aussi la série topper, The Dinglehoofer and their dog, jusqu’à son arrêt en 1953.

Winner n’eut pas de peine à poursuivre la série dans l’esprit de Knerr. Les personnages et l’ambiance étaient bien rodés, il restait à inventer de nouveau gags.

Le dessin de Winner est proche de celui de Knerr; toutefois on ne peut les confondre complètement ; chez Winner, les personnages ont souvent  l'air un peu pataud et les mouvements manquent de souplesse.

winner 2

Charles "Doc" Winner, planche originale du 18 juin 1950.

Miss Ross trouve qu'Adolphe (Rollo) a une voix de crooner; elle veut faire un enregistrement pour le faire connaître. Léna n'est pas jugée assez bonne pour l'accompagner au piano. Léna en pleurs se plaint à Pam et Poum qui  promettent un accompagnement comme les grands crooners n'en ont jamais eu. Pendant qu'Adolphe enregistre sa chanson, voilà le singe Jocko qui arrive en jouant du violon avec une affiche où on lit : "Si Léna n'est pas une assez bonne accompagnatrice, peut-être que Choko (le vrai nom du singe est Jocko, mais il doit s'agir de l'écriture phonétique de la prononciation à l'allemande) sera assez bon." Puis c'est l'ours Bruno qui joue de la grosse caisse et un phoque avec une trompette. Miss Ross et Adolphe, outragés, s'enfuient tandis que Pam et  Poum ironisent : Reviens, Adolphe, ta voix fera un meilleur effet avec un accompagnement qui empêche de l'entendre !

Site de vente Heritage Auctions.

 https://comics.ha.com/itm/original-comic-art/comic-strip-art/charles-doc-winner-the-katzenjammer-kids-sunday-comic-strip-original-art-dated-6-18-50-king-1950-/a/121643-14149.s

 

 

 

joueur de flute

 Charles "Doc" Winner, planche originale du 10 février 1952 (King Features Syndicate, 1952).

Case 1. Léna lit un livre à Adolphe :

- Pam et Poum : Fais-nous la lecture à nous aussi, Léna.

- Adolphe : Déguerpissez, morveux, et faites-vous la lecture à vous-mêmes !

Léna lit l'histoire du joueur de flûte de Hamelin, qui chassa les rats d'une ville en les emmenant au son de sa flûte (et  comme la ville refusait de lui payer la somme convenue, il entraîna aussi au son de sa flûte les enfants de la ville qu'on ne revit jamais). L'histoire donne des idées à Adolphe. Il se déguise en joueur de flûte tandis que Léna se charge d'un  assortiment de souris dans une cage.

En case 3, Léna : J'aimerais avoir des sucettes (lollipops) pour ma coopération. Adolphe : Pense à la comédie que nous allons avoir et tu veux aussi des sucettes ?

Adolphe se présente à Tante Pim et la convainc qu'il chassera les souris en échange de gateaux et de glaces. Léna lâche les souris par le soupirail et Tante Pim récompense le soi-disant joueur de flûte. Pendant ce temps, Pam et Poum introduisent des cochons dans la maison. Tante Pim, croyant que le joueur de flûte a attiré des cochons à la place des souris, le poursuit pour le corriger (Vot goot to pipe the micers oudt if you pipe de pigs in ? - à quoi bon mettre les souris dehors si c'est pour faire entrer les cochons?) . Pam et Poum s'apprêtent à  causer d'autres ennuis à Adolphe. 

La planche repose sur la naïveté de Tante Pim et le goût des farces (intéressées, puisqu'il se fait donner des gateaux et des glaces) d'Adolphe, épaulé par Léna; la farce  se retourne contre lui grâce à Pam et Poum.

Bien que Doc Winner (à notre connaissance) n'ait pas été d'origine allemande,  il est amusant de voir que sa planche lui a été inspirée par une célèbre légende allemande, recueillie par les frère Grimm, qui est probablement très connue aux USA, en raison de l'importante population d'origine germanique.

Site de vente Heritage Auctions.

https://comics.ha.com/itm/original-comic-art/comic-strip-art/charles-doc-winner-the-katzenjammer-kids-sunday-comic-strip-original-art-dated-2-10-52-king-features-syndicate

 

 

LES COMIC BOOKS

 

 

Pendant longtemps, les bandes du dimanche (aussi bien de Knerr que de Dirks) avaient été recueillies et adaptées (sans caractère systématique) dans des livres de format moyen, les comic books, ce qui supposait généralement un remontage des planches initiales, faites pour les suppléments du dimanche, de très grand format. Désormais les comic book des Katzenjammer kids publiaient aussi des histoires complètes en plusieurs pages, avec un scénario plus proche du récit d’aventures, même si des gags restaient présents.

Ces histoires n’étaient pas dues à Winner mais à d'autres  auteurs (il y en eut probablement plusieurs ?), parmi lesquels Peter Wells (entre 1948 et 1951). Celui-ci contribua à donner une image plus réaliste de l’île Bongo, que les personnages de la série explorèrent en profondeur. Le décor de comédie devenait le cadre d’aventures.

Sur Peter Wells, voir le site du Norman Rockwell Museum https://www.illustrationhistory.org/artists/peter-wells

 

Wells1851

 

Première planche d'une histoire longue de Peter Wells. Le Capitaine, l'Astronome et les enfants découvrent un bateau abandonné. Le Capitaine et l'Astronome, qui tiennent à conserver le bateau pour eux, éloignent les enfants sans ménagement.

 https://www.illustrationhistory.org/artists/peter-wells

 

 

 

JOE MUSIAL

 

Lorsque Winner mourut en 1956, le choix du syndicate se porta sur Joe Musial pour le remplacer.

Joe (Joseph) Musial (1905-1977) était d’origine polonaise. Après des études d'art graphique au Pratt Institute de Brooklyn (et même un séjour à la Sorbonne en 1929 !) il entra en 1932 dans l'équipe du King Feature Syndicate. Il travailla comme assistant ou doublure sur des séries célèbres  comme Barney Google, Thimble Theatre (Popeye), Blondie, Secret Agent X 9, Bringing Up Father (la Famille Illico), Tillie the Toiler. Enfin, le Syndicate lui proposa la reprise des  Katenznjammer kids.

Musial ne laisse pas indifférent.

D’abord parce que c’est au moment où il était en charge de la série que celle-ci fut le plus traduite en français (des années 50 au début des années 70), ce qui fait que pour beaucoup de lecteurs de l’époque, Pim, Pam, Poum, c’est avant tout Musial.

Ensuite parce qu’il a ses détracteurs. Dans son histoire universelle de la bande dessinée, l’Américain Maurice Horn a écrit que Musial avait ruiné la série.

Et c’est vrai que son dessin, très reconnaissable, se distingue énormément du modèle rond et lisse de Knerr, suivi par Winner. Les personnages sont plus anguleux, les mimiques plus outrées, les gags tombent parfois à plat ou sont trop extravagants pour amuser.

En 1946, Musial fut l'un des premiers membres de l'association des dessinateurs américains (National Cartoonists Society, NCS) qui venait d'être fondée. En 1961, il fut honoré par l'Equerre d'argent, prix décerné annuellement par la NCS.

En 1954, il avait fait partie, avec notamment Walt Kelly (dessinateur de Pogo) et Milton Canniff (le non moins célèbre auteur de Terry and the Pirates), des dessinateurs qui avaient été entendus par le Sénat américain pour la mise au point du Comics Code Authority.

 

 

KatzejammerKids02

 Planche de Joe Musial.

Miss Ross fait la leçon de géographie. Elle explique que l'équateur est une ligne imaginaire. Pam et Poum  plaisantent à propos du mot line (ligne) avec l'expression :  Somedy is handing somebody a line (quelqu'un raconte des craques à quelqu'un), qui attire une réaction de Miss Ross. Mais les enfants jouent les innocents et parlent des pouvoirs de l'imagination (case 3 ). Ils font ensuite croire à Tante Pim qu'on peut voir l'équateur, à condition d'avoir de bonnes lunettes. Ils lui donnent des lunettes où ils ont tracé une ligne. Ainsi, Tante Pim voit l'équateur. Miss Ross intervient : The boys are pulling your leg (les enfants se paient votre tête). Elle a une idée pour les punir, en plus de la fessée donnée par Tante Pim. Elle les oblige à porter des lunettes avec des lignes en forme de barreaux : c'est une peine imaginaire de prison, avec des barreaux imaginaires. 

A noter que Miss Ross appelle Tante Pim Mrs Kay (case 6), comme on l'avait déjà noté pour certaines planches de Knerr (voir troisième partie).

La planche est caractéristique de Musial. Les plaisanteries ne sont pas très drôles et Pam et Poum sont souvent à la limite de l'insolence. 

Blog Mike Lynch Cartoons

http://mikelynchcartoons.blogspot.fr/2015/07/the-katzenjammer-kids-by-joe-musial.html

 

 

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Une édition française d'une planche de Musial. Là encore, la farce est moyennement drôle et les enfants se conduisent avec une insolence désagréable (case 7). Ils sont quand même moins grimaciers que dans d'autres planches de Musial.

Site BD GEST,Toute la bande dessinée, reproduction d'une page parue dans Pim, Pam, Poum, le comic book, édition Greantori,1983.

 https://www.bedetheque.com/BD-Pim-Pam-Poum-Le-comic-book-REC2-Album-N2-188616.html

 

 

 

Oto_et_titi_27-4-1957

 

 Planche de Toto et Titi (un des titres de la série au Canada), par Joe Musial.

Hebdo-Revue du 27 avril 1957.

ENCYCLOPÉDIE DE LA BANDE DESSINÉE DE JOURNAL AU QUÉBEC 1918-1988

http://fr.la-bd-de-journal-au-quebec.wikia.com/wiki/The_Katzenjammer_Kids

 

 

 

 

MIKE SENICH ET ANGELO DeCESARE

 

 

 

En 1976, Musial abandonna la série, pour cause de maladie  (il mourut l’année suivante) et fut remplacé par Mike (Michael) Senich (1912-2006).

Jusqu'à la mort de Musial, il est probable que la série, bien que dessinée par Senich, continua à paraître sous le nom de Musial.

 Mike Senich avait aussi travaillé pour le King Feature Syndicate comme doublure sur des séries moins connues - du moins en France (Prudence, Sir Roger, Skippy) et pour Winner dans les Katzenjammer. Il était donc logique qu'on lui propose la reprise.

Senich dessina la série de 1976 à 1981, puis il prit sa retraite en Floride et mourut en 2006.

On trouve peu d'exemples de la série dessinée par Senich, mais autant qu'on puisse en juger, il revint aux modèles de Knerr et Winner - dans le dessin et dans l'humour - en oubliant le style de son prédécesseur immédiat Musial.

 On notera que les planches sont maintenant réduites à deux bandes (strips).

 

mike stench 2

 Planche de Mike Senich de1981.

Les enfants s'ennuient. Ils vont voir l'Astronome. Avec lui, il y a toujours une ou deux occasions de rire. Justement, Tante Pim est en train d'essayer de l'hypnotiser et de lui faire croire qu'il est un âne. Plutôt une chèvre, rient les enfants, mais ça leur donne une idée. Léna leur demande quelle farce (shenanigans) ils préparent, mais les enfants l'envoient promener. L'un d'entre eux se déguise en Astronome et tire une charrette. Devant Tante Pim, un des enfants explique que l'Astronome se prend pour un âne et qu'il joue avec lui jusqu'à la fin de son hypnose. Mais le véritable Astronome apparait et celui des frères qui est déguisé (disons Pam) essaye de se dégager. Mais Léna, pour se venger, a enduit de glu les bras de la charrette. Pam demande à Léna de le libérer (avec une bouilloire d'eau chaude), mais elle réclame 50 sucettes en échange. La dernière case montre le véritable Astronome se faisant tirer en charrette par Pam (en faux Astronome) et lui demandant : c'est à cause du foin que tu marches, ou du bâton ? Et Pam de soupirer : 50 sucettes, qui se promène avec 50 sucettes sur lui, de nos jours ?

Les éléments du gag sont bien liés entre eux, comme les réactions humoristiques des personnages. Mais les mérites de M. Senech sont à relativiser : il réutilise un gag de Winner, en le modifiant un peu (et adroitement - voir une édition française du gag de Winner dans Pim, Pam, Poum, éd. Michel Lafon, 2012, page181).

On se rappelle que le mot rare utilisé par Léna pour parler des farces (shenanigans) avait donné son titre à la série pendant la première guerre mondiale (The Shengans kids). Mike Senich y a-t-il pensé?.

 http://www.bullspress.lv/produkter-tjanster/produkter-tjanster/katzenjammer-kids/

 

 

 

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 Planche de Mike Senich de1981.

Dans sa contribution à la série, Mike Senich a introduit une insupportable petite fille modèle, Trixie, qui se fait une spécialité de dénoncer les autres. Même Léna, comparée à elle, est devenue une délinquante. Il faut que les enfants s'unissent pour lui donner une leçon.

Case 1 : Trixie : Miss Ross, une petite fille est en train de dérober de la confiture dans l'armoire et ce n'est pas moi (la version originale insiste sur son ton pleurnichard : it isn't meeee)..

Pam et Poum : Cette Trixie est une rapporteuse.

En case 2, Miss Ross administre une fessée à Léna : Je ne crois pas dans l'efficacité des châtiments corporels, mais quand une petit fille désobéit délibérément ... Pendant ce temps Trixie dénonce Pam et Poum qui mangent en cachette la dinde que Tante Pim faisait cuire, et ils reçoivent une fessée.

Pam et Poum décident de prendre Trixie à son jeu - Léna trouve leur plan compliqué, ce serait plus simple de trouver quelque chose à rapporter sur Trixie, mais ce n'est pas le style de Pam et Poum : est-ce que tu crois que nous nous abaisserions à rapporter ? (case 4).

En case 5, Trixie voit des traces de pas boueuses sur le nouveau tapis de Tante Pim et court rapporter la chose à Mrs Kay (Tante Pim - on retrouve l'appellation de Mrs Kay, abréviation de Mrs Katzenjammer) : Mrs Kaaaay , un trio de jeunes personnes a laissé des empreintes boueuses sur votre tapis et aucune d'entre elles n'était moi...

Sauf que Tante Pim et Miss Ross ne constatent aucune trace boueuse (puisque ces traces étaint des découpures de papier qui ont été enlevées illico par les enfants). Tante Pim lave la bouche à Trixie avec du savon pour lui apprendre à dire la vérité et Miss Ross lui fait porter pour la journée une pancarte prevaricator (affabulateur - se méfier des faux amis en anglais). Pam, Poum et Léna peuvent rire.

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 En 1981, Mike Senich fut remplacé par Angelo DeCesare (né dans le Bronx) .

L'expérience de celui-ci était bien différente de ses prédecesseurs qui avaient  travaillé dans des séries nées souvent dans les premières décennies du 20ème siècle.  Il a travaillé pour les Marvel Comics (éditeur bien connu des séries de super-héros), mais aussi sur des séries comme Barbie (aventures en bande dessinée du  personnage inspiré par la célèbre poupée), Flintstone Kids (une série spin-off  avec les enfants des personnages préhistoriques pour rire créés dans les dessins animés de Hanna et Barbera au début des années 60, connus en France sous le nom des Pierrafeu), des séries mettant en scène des adolescents (Betty and Veronica, Archie and Friends)  et enfin, titre significatif, Sabrina the Teenage Witch (Sabrina, la sorcière teenager). Enfin, à partir de 1991 semble-t-il, Angelo DeCesare s'occupa du scénario des bandes dessinées  de Sonic the Edgehood, inspirées par le personnage de jeux vidéo, Sonic le hérisson.

 

Mike Senich et DeCesare redonnèrent vie au style rond à la Knerr et s’efforcèrent de faire revivre la période classique de la série.

Cela fut encore plus net pour DeCesare. Malgré une expérience différente de ses prédecesseurs, DeCesare " managed to recapture the comic's look of the Harold Knerr years" (fit en sorte de retrouver le style de la série dans les années Knerr).

 

 

 

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 Planche de Angelo DeCesare, 22 mai 1983 (extrait)

 

Les reproductions de planches de DeCesare sont encore plus rares que celles de Mike Senich. Sur cet extrait, qui ne permet pas d'apprécier le gag, on peut voir à quel point DeCesare est proche du style graphique de Knerr.

La planche implique Pam, Poum, Adolphe, Léna, le Capitaine et Tante Pim. Il s'agit de la dégustation de flapjacks (que le Capitaine appelle flap-chacks), gateaux de tradition anglaise, assez bourratifs, dont l'ingrédient principal est le "golden syrup" (sirop de glucose caramélisé). Le Capitaine arrive en se  régalant à l'avance mais il interrompt Adolphe et Léna dans ce qu'ils étaient en train de faire,  et apparemment il reçoit la préparation des flapjacks sur la tête (comment et pourquoi, il faudrait la planche complète pour le comprendre).

Tante Pim arrive avec son rouleau à patisserie en traînant Pam et Poum (qui se sont déjà fait prendre) et s'adresse au Capitaine, qui ne comprend rien à ce qui lui arrive : Ainsi toi aussi, tu ne peux pas attendre le déjeuner - mais je sais comment traiter les gloutons.

Site Yodaslair http://www.yodaslair.com/dumboozle/katzies/artists.html

 

 

 

Retrouver le style des grandes années de la série était peut-être une illusion dans les années 80. La série était déjà une sorte de mythe, la plus ancienne bande dessinée encore active, dont les nouveaux gags sortaient toutes les semaines. Pouvait-on lui demander en plus d’avoir le succès d’autrefois ?

A ce moment, la série concurrente de John Dirks, le fils de Rudolph, avait disparu, arrêtée par son syndicate en 1979.

En 1986, le retrait de DeCesare amena le King Features syndicate à proposer la série à un de ces nombreux artistes de second plan du monde des comics, bons artisans toujours prêts à reprendre une série connue ou à  jouer les doublures de dessinateurs vedettes, Hy Eisman (né en 1927).

 

 

 

HY EISMAN

 

 

 

 

HyEisman

 Hy Eisman, article pour son 90 ème anniversaire en 2017.

It’s Hy Eisman’s 90th Birthday! (Born March 27, 1927)

Blog Jim Keefe, 22 mars 2017.

 http://www.jimkeefe.com/archives/8875

 

 

De famille modeste (pendant la grande dépression,  il fut avec son frère confié par sa famille à un orphelinat parce que celle-ci ne pouvait plus les nourrir), Hy Eisman était intéressé par le dessin depuis son enfance. Il avait fait ses débuts de dessinateur pour un magazine de l’armée durant la seconde guerre mondiale. La petite histoire a retenu que son collègue moins doué était Hugh Hefner, le futur fondateur de Play-Boy. Suivant des cours dans une école d'art, il apprit aussi largement son métier sur le tas et fut recruté par le King Features syndicate.

Il travailla sur une quantité de séries (notamment pour Kerry Drake de Alfred Andriola, ou Bringing up Father qui continuait sa longue existence avec comme dessinateur en titre Vernon Greene, ainsi que sur Blondie et sur Nancy, la série créée par Ernie Bushmiller), soit en jouant les doublures anonymes, soit en signant. Il est probable que dans les années 50, Hy Eisman réalisa des couvertures pour les  comic books des Katzenjammer kids (on trouve des dessins de cette époque "attribués", sans certitude, à Hy Eisman, sur des sites américains de vente aux enchères de dessins originaux comme Heritage auctions).

Finalement, couronnement d'une carrière menée jusque là dans l'ombre, on lui proposa de reprendre Popeye, puis les Katzenjammer kids, travaillant simultanément sur les deux séries. Il est aussi professeur à la Joe Kubert School of Cartoon and Graphic Art.

Hy Eisman, qui a atteint 90 ans en 2017, cessa de dessiner les Katzenjammer kids probablemement  en 2006, sans publicité comme on va le voir (dans notre cinquième partie).

 

 Contrairement aux autres dessinateurs qui avaient repris la série après Musial, Hy Eisman adopta un style très personnel pour représenter les personnages principaux et notamment Pam et Poum, s'éloignant beaucoup du style classique de Knerr. 

Enfin il "dépaysa" la série en la situant dans une île évoquant la Polynésie, le roi Bongo cédant la place au roi Fanooki (dont le teint clair indique une origine polynésienne plus que mélanésienne, l'Océanie étant divisée traditionnellement en trois zones, Polynésie, Mélanésie et Micronésie).

Les raisons de ce changement géographique (même si c'est dans une géographie imaginaire) ont été mises sur le compte du politiquement correct, bien qu'on voit mal en quoi présenter une monarchie d'opérette en Polynésie plus qu'en Afrique est politiquement correct, et ce qui pouvait être considéré comme désobligeant pour les Africains ne le serait pas pour les Polynésiens (mais ceux-ci sont sans doute moins nombreux et moins virulents).

Une monarchie polynésienne insulaire a au moins une certaine vraisemblance : il y a notamment un roi constitutionnel à Tonga et on trouve des chefs coutumiers dans la plupart des îles. Celles-ci (Fidji, Samoa etc) présentent souvent un mélange savoureux de traditions locales et de style occidental, avec un mélange de populations autochtone et d'origine européenne. Mais à notre goût, Hy Eisman aurait pu se dispenser de donner à son roi un costume fantaisiste de dompteur de cirque d'autrefois, très éloigné du style vestimentaire des rois ou présidents des îles océaniennes (pour les curieux de ces sociétés, voyez par exemple la photo du président et du premier ministre des Iles Fidji, sur le site https://bestfijiguide.com/fijian-government/ )..

 

 

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Planche de Hy Eisman.

Le Roi Fanooki convoque le Capitaine pour ce soir sur le yacht royal pour traiter d'un sujet de la plus haute importance. Tout le monde se demande le pourquoi de cette convocation, tandis que le Capitaine prend des airs supérieurs. Miss Ross suppose que le Capitaine pourrait être nommé membre du cabinet royal (ministre), ce qui laisse sceptique l'Astronome (ça ne semble pas possible qu'ils voudraient de lui) -  case 6. Le Capitaine embarque sur une pirogue d'apparat et Tante Pim dit aux enfants : Voyez quel homme important est le Capitaine.

Bien entendu, cette importante convocation n'était qu'une partie de cartes...

 http://comicskingdom.com/katzenjammer-kids/2017-08-27

 

 

sans-titre

 Planche de Hy Eisman.

Léna admire la fleur à la boutonnière d'Adolphe, mais c'est une fleur qui crache de l'eau. Léna, vexée,  pleure et Adolphe : Ne fais pas le bébé, ce n'est que de l'eau. Pam et Poum consolent Léna (case 4 : l'un des frères : Ne pleure pas, Léna, dans chaque nuage il y a la doublure d'argent de la vengeance; l'autre frère : jamais on n'a dit de mots plus véridiques). Léna annonce à Adolphe qu'elle veut oublier et pardonner sa conduite aberrante (your aberrant behaviour, Rollo) et lui présenter un ami. En fait c'est un éléphant monté par Pam et Poum qui arrose Adolphe : Voyons, Adolphe, ne fais pas le bébé, ce n 'est que de l'eau.

La phrase sur le nuage qui a une doublure d'argent est une sorte de proverbe dans le monde anglo-saxon, tiré d'une oeuvre de Milton au 17ème siècle, qui signifie que dans chaque chose désagréable, il y a une consolation cachée. Mais le jargon allemand des enfants ne permet pas une traduction facile. Noter le style sentencieux de la répartie :  jamais on n'a dit de mots plus véridiques (truer vords vuz neffer spoke - en anglais correct : truer words were never spoken).

http://comicskingdom.com/katzenjammer-kids/2017-08-27

 

 

 

 Comme on l'a vu, Hy Eisman , comme ses prédecesseurs, maintient le jargon anglo-allemand de la famille.

Son travail peut être jugé modérément comique. En fait,les farces traditionnelles cédent le pas à un humour basé sur les caractères et les situations, comme dans bien d'autres séries.

Les garnements, désormais bien sages, discutent paisiblement avec le Capitaine ou l'Astronome, et même avec Adolphe, et l'accent est mis sur les relations cordiales entre tous les personnages.

Au passage, Hy Eisman décrit aussi la petite société insulaire dans laquelle vivent les personnages, peuplée de Blancs et d'autochtones.

Donnons quelque exemples.

Quand le Capitaine va chez le médecin, ce dernier, qualifié de "médecin royal" est un autochtone. Le Capitaine souffre de la goutte mais le médecin lui déclare qu'il souffre, lui, de mal de tête persistant et qu'il n'a personne à qui se plaindre : Mais il va quand même regarder les doigts de pied du Capitaine. Ce dernier  préfère ne pas déranger le docteur plus longtemps et s'en va. A la fin, il se console  : ce qu'il y a de bien,  c'est qu'il m'a seulement fait payer la moitié du prix habituel.

Dans une planche, Tante Pim décide d'aller au "salon de beauté royal" (comprenons qu'il a dans ses clients la reine) et c'est une coiffeuse blanche qui la reçoit et s'occupe d'elle. Lorsqu'elle revient, Tante Pim fait admirer le résultat au Capitaine. Comme elle est exactement coiffée avec son chignon habituel, le Capitaine demande pourquoi il a fallu tant de temps juste pour regarder ce qu'il y avait à faire, ce qui forcément déclenche la colère de Tante Pim.

La dernière case montre Tante Pim poursuivant le Capitaine dans le jardin avec son rouleau à patisserie. Miss Ross observe que "sans Mrs K. , le Capitaine mènerait une vie sédentaire" et l'Astronome répond : Je crois que pour tous les deux, c'est une façon de faire de l'exercice.

 

 

 

 

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Planche de Hy Eisman.

Tante Pim est vexée que le Capitaine ne s'aperçoive pas qu'elle a été chez la coiffeuse. Miss Ross et l'Astronome observent la scène finale : Sans Mrs K., le Capitaine mènerait une vie très sédentaire, dit Miss Ross. Ils profitent tous les deux de l'exercice, commente l'Astronome.

Noter l'appellation "Mrs K.", diminutif évident de Mrs Katzenjammer (case 7), déjà utilisée par les prédécesseurs de Eisman, y compris Knerr (on trouve aussi la forme "Mrs Kay").

 King Feature syndicate. Référence du site internet non retrouvée.

 

 

 

 Ailleurs, c'est Léna  qui tient à Pam et Poum un ennuyeux discours écologiste (!). L'un des enfants sourit béatement, alors que l'autre est passablemnt agacé. Enfin Léna s'en va et celui des jumeaux qui était agacé dit à l'autre : Mais comment fais-tu pour supporter ses discours ? Et l'autre, pour entendre ce que dit son frère, retire ses boules Quiès !

Dans une autre planche, une jeune femme (blanche) du  service royal de protection de la nature a des difficultés avec son 4X4 et demande l'aide du Capitaine. Celui-ci répare le véhicule et rentre chez lui épuisé. Tante Pim, qui prépare le repas,  a tout vu depuis la fenêtre. Elle demande au Capitaine de lui passer un ingrédient mais il déclare qu'il est trop fatigué pour faire un geste. Tante Pim lui verse alors sur la tête le plat qu'elle préparait : Tiens, voilà un remontant .

Evidemment l'obligeance du Capitaine envers la jeune fille l'a rendue jalouse.

 

Avec Hy Eisman, la série s'éloigne des farces traditionnelles des garnements, bien qu'elles soient parfois présentes. De même le format en deux strips ne lui permet pas de développer un scénario complexe et on voit rarement tous les personnages réunis dans une planche. Ses planches sont donc fondées plutôt sur un trait d'humour final résultant de la psychologie des personnages que sur des gags basés sur des enchainements d'actions.

Ainsi le roi vient annoncer à Tante Pim et au Capitaine qu'un voleur s'est introduit au palais royal et a dérobé le portrait de la reine.

Le Capitaine répond que ce n'est pas grave, il suffira de faire faire un autre portrait.

Vous ne comprenez pas, répond le roi, c'est très grave au contraire, cela veut dire qu'il y a un fou en liberté dans l'île.

(évidemment seul un fou peut voler le portrait de la reine - probablement assez moche). On peut penser qu'une telle plaisanterie serait jugée sexiste aujourd'hui. Elle pouvait encore passer il y a quelques années...

 

 

 

 [ J'avais espéré terminer mon sujet avec cette quatrième partie, mais j'ai encore d'autres points à traiter. J'espère que le lecteur me suivra dans une cinquième partie ]

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
B
souvenirs
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Le comte Lanza vous salue bien
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