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Le comte Lanza vous salue bien
28 décembre 2017

AUTOUR DE LA COMMUNE DE 1871: QUELQUES PERSONNAGES DANS LA LONGUE DUREE

 

 

 

AUTOUR DE LA COMMUNE DE 1871 :

QUELQUES PERSONNAGES DANS LA LONGUE DUREE

PREMIERE PARTIE

 

 

 

 

 

Les récits qui suivent  sont dans le prolongement de l’histoire de la Commune de 1871.

 

Ils montrent  comment  les anciens Communards (ou les sympathisants de la Commune) se sont insérés dans le contexte politique et social de la fin du 19ème siècle et ont évolué avec ce contexte.

Un grand nombre des anciens Communards – et  leurs sympathisants plus jeunes -  ont réagi à de nouvelles situations, parfois donné leur adhésion (plus ou moins durablement) à des idées qu’on n’associe pas forcément à la Commune.

Ils ont appartenu à milieux pluralistes et ont été en relations avec des personnes appartenant à des traditions politiques différentes.

D’autres ont abandonné la politique et se sont tournés vers des activités privées lucratives.

En gros, ils ont évolué avec leur temps.

On les retrouve participant pleinement à la vie de leur époque : c’est un ancien Communard, dirigeant prospère d'une entreprise du bâtiment, qui construit le pavillon de l‘Algérie à l’exposition universelle de 1889; c’est une sympathisante de la Commune qui interviewe le pape Léon XIII et qui essaie de lui faire approuver « la guerre des races » !

Nous aurons aussi l’occasion de rencontrer des opposants à la Commune et de voir comment ceux-ci ont également évolué, entretenant parfois des relations cordiales avec d'anciens Communards.

Enfin, l'insertion des anciens Communards dans la société de leur temps se prolonge par le destin de leurs enfants.

Nous évoquerons peut-être dans un autre message le célèbre architecte Auguste Perret, fils d'un Communard.

 

Et comme nous ne sommes pas à l'école, nous nous permettrons des hors-sujet, on plutôt des évocations appelées par le récit. Par exemple, à propos d'un ancien Communard, nous aurons l'occasion de parler (brièvement) des familles phanariotes (si vous ne savez pas ce que c'est, voyez plus bas), de la principauté de Samos, de mariages dans l'aristocratie allemande et de la poétesse Anna de Noailles.

 

 Nous commencerons par un homme qui, au moment de la proclamation de la république en 1870, fut promu encore  jeune à un poste de responsabilité qui l'amena à combattre la Commune à Lyon.

Il fit ensuite une carrière politique en dents de scie, à cause de son attitude anticonformiste. Son esprit de contradiction fit de lui un ennemi des opportunistes, alors qu'il était lui-même passablement opportuniste et sans illusions sur la politique*.

On se souvient de lui comme du "préfet" Andrieux, alors que sa carrière de préfet de police fut de courte durée. L'histoire a aussi retenu qu'il fut le père naturel du poète Louis Aragon.

                                                                                                                   * Le nom d'opportunistes donné aux républicains de centre-gauche (Gambatta, Jules Ferry, Freycinet, Grévy, etc) vient originellement du fait qu'ils prétendaient mener une politique  progressiste mais prudente et responsable, en agissant selon les opportunités. Leurs adversaires de gauche les accusèrent d'être des opportunistes au sens propre, qui profitaient des circonstances pour récolter des avantages personnels.

 

 

 

 

LE PREFET ANDRIEUX

 

L'ADVERSAIRE DE LA COMMUNE DE LYON

 

 

 

En 1870, Andrieux était, comme beaucoup, un jeune avocat républicain. Etabli à Lyon,  il avait  été emprisonné dans les derniers mois d'existence du Second Empire pour ses idées républicaines, dans des conditions d'ailleurs très supportables selon ce qu'il en rapporte. La chute du Second Empire non seulement le fit sortir de prison mais lui permit de faire une rapide carrière. A seulement 30 ans, le garde des Sceaux du gouvernement de la défense nationale, Adolphe Crémieux, le nomma procureur de la république à Lyon :

Le jour même où j’avais été reçu par le garde des Sceaux, avait été signé le décret qui me nommait procureur de la République à Lyon. Je devenais le chef ou le collègue des magistrats qui, trois mois plus tôt, avaient requis ou prononcé ma condamnation, et qui d’ailleurs ne parurent jamais m’en garder rancune." ( L. Andrieux a raconté cette période dans un récit paru en1906,  La Commune à  Lyon en 1870 et 1871 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200820j/f63.image.texteImage )

A Lyon, Andrieux est confronté au milieu révolutionnaire local, très actif, qui entretient une agitation qui débouche sur un premier mouvement insurectionnel (28 septembre 1870), puis sur un second mouvement au même moment que la Commune de Paris. Cette Commune de Lyon ne dure que du 22 au 25 mars 1871.

Les révolutionnaires restent puissants dans le faubourg de la Guillotière jusqu'au 1er mai 1871.

Andrieux et le préfet du Rhône organisent la reprise du faubourg par les troupes régulières, le 30 avril et le 1er mai 1871. Il ya une quarantaine de morts parmi les insurgés.

On ne parle pas (semble-t-il) d’exécution sommaires, mais évidemment les participants de l’insurrection passeront en justice et Andrieux, comme procureur, est chargé des poursuites.

 

En 1897, répondant brièvement à l'enquête de la Revue Blanche sur la Commune, Andrieux déclarait :

" Procureur de la République à Lyon, au temps qui fait l’objet de votre enquête, sortant de mon rôle qui était de requérir au nom de la loi contre les insurgés, j’ai combattu l’insurrection dans la rue à côté de Valentin, alors préfet du Rhône.

C’est vous dire que j’ai aperçu la Commune dans la fumée du canon, à la lueur des incendies ; que je l’ai jugée avec la passion du combattant et qu’après vingt-six ans, n’étant pas encore sûr d’en parler avec impartialité, je préfère laisser à d’autres le soin d’apprécier les hommes et les événements sur lesquels vous me faites l’honneur de m’interroger."

 

Puis il démissionne de son poste et est élu député de Lyon en 1876.

Comme député, il est, en 1879, rapporteur du projet d'amnistie partielle des Communards et se prononce contre l'amnistie complète qui ne peut s'appliquer aux "assassins d'otages, de généraux et de gendarmes".

En 1879, le gouvernement républicain opportuniste Waddington le nomme préfet de police de Paris (à l’époque, il faut le rappeler, le préfet de la Seine et le préfet de police sont les véritables dirigeants de Paris) ; parallèlement Andrieux continuera de siéger à la Chambre des députés.

 

C’est un bel homme ainsi que le représentent même ses caricatures. Distingué, il porte des gants gris perle qui deviennent célèbres.

Il a épousé une riche héritière de la famille Koechlin. On lui prêtera même une liaison avec la reine d'Espagne.

 

 

 

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Louis Andrieux, préfet de police.

 Gallica

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b85308264

 

 

 MONSIEUR MYSTERE

 

 

En tant que préfet de police, Andrieux est évidemment confronté à de nombreuses situations.

Il est amené à enquêter sur l’affaire de la maison de rendez-vous de la rue Duphot, qui sert pour les rencontres de couples clandestins (et aussi de lieu de prostitution). Ce n’est pas l’existence de cette maison qui est en cause, puisque de tels établissements sont connus et  tolérés par la police, à qui ils rendent des services,  mais le fait qu’une mineure de passage y aurait exercé.

 

Dans cette affaire, Andrieux s’oppose à un « petit juge d’instruction », qui menace de créer des ennuis aux clients de la maison et aux femmes parfois de bonne famille qui s’y rendent pour des rendez-vous. Compréhensif aux faiblesses humaines, le préfet veut aussi protéger ses sources d’information.

On fait alors courir le bruit qu’Andrieux était aussi client de la rue Duphot ce qui explique son attitude.

 

L’ancien Communard marseillais Clovis Hugues, qui comme on sait, est un versificateur infatigable en langue française et provençale, écrit alors un petit poème assez drôle où il insinue qu’Andrieux est client de la maison de rendez-vous sous le nom de « Monsieur Mystère » :

Le poème se termine ainsi :

 

 Dans les bureaux du ministère

 

On n'a qu'un détail précieux

 

Les gants gris perle d'Andrieux

 

Vont très bien à monsieur Mystère.

 

Andrieux doit affronter des situations délicates notamment lorsqu’il remet en liberté un révolutionnaire russe alors que le gouvernement russe demandait qu’on lui livre ce personnage ; mais Andrieux se sort plutôt bien de ce mauvais pas diplomatique. 

 

 

 

ob_2b9a77_le-monde-parisien-1881-05-16

 Illustration extraite de l'article Quand le père d’Aragon passionnait la caricature, par Daniel Dugne 

3 Novembre 2014.

Caricature parue dans Le Monde Parisien du 16 mai 1881. Louise Michel avait menacé dans un discours les puissants du moment dont le préfet Andrieux : " La basse canaillerie du sbire Andrieux ne doit pas faire oublier que Ryssakoff peut avoir des élèves "(Ryssakoff était un révolutionnaire russe, assassin du tsar Alexandre II).

La caricature montre Louise Michel en charcutière. Dans sa boutique on voit la tête tranchée de Gambetta avec un couteau planté dans le crâne.  Au fond de la baraque, de gauche à droite on distingue les têtes du préfet de la Seine Hérold, d'Andrieux, de Jules Ferry. Le général de Galliffet, gouverneur de Paris et « massacreur de La Commune », est suspendu comme un cochon, la dernière tête est celle du général Farre, ministre de la guerre (d'après le commentaire deu dessin dans l'article de  Daniel Dugne http://www.caricaturesetcaricature.com/2014/11/quand-le-pere-d-aragon-passionnait-la-caricature-par-daniel-dugne.html)

 

 

 

 

Lorsqu’il doit faire procéder en 1881 à l’expulsion des Jésuites de la rue de Sévres, décidée par le gouvernement qui a entrepris une épreuve de force contre certaines congrégations (on est pourtant plus de vingt ans avant la séparation de l’Eglise et de l’Etat), Andrieux, présent sur les lieux, porte ses fameux gants gris perle; il semble qu'il ait désapprouvé les mesures du gouvernement..

 

Ses relations avec le conseil municipal de Paris ne furent pas excellentes : en 1880, le Conseil municipal, à majorité radicale, vota un ordre du jour de blâme contre le préfet Andrieux à la suite de l’attitude violente de la police lors de la  manifestation du 23 mai 1880 au Père-Lachaise, pour le premier hommage aux fédérés de 1871.

Devant faire face au blocage administratif du conseil municipal qui refusait de voter les crédits de la préfecture de police, Andrieux démissionna de ses fonctions de préfet en 1881.

 

Andrieux est aussi connu pour ses démêlés avec la franc-maçonnerie. Franc-maçon important, membre du grand conseil de l'ordre du Grand-Orient de France, il fut exclu du Grand Orient pour s’être moqué du rituel dans son livre Mémoires d’un préfet de police.

Il racontait avec ironie sa propre cérémonie d'initiation dans la loge maçonnique de Besançon, où on lui demanda :

«Promettez-vous de ne rien divulguer des mystères de la franc-maçonnerie, sous peine d'avoir la tête coupée, la langue arrachée, le corps jeté dans l'océan, pour être éternellement roulé par le flux et le reflux de la mer ? ».

 

Andrieux précisait que "Cassard, limonadier à Besançon, jouait le rôle du décapité pour impressionner les profanes : face enfarinée, lumière blafarde, un savant voilage donnait l'impression que la tête était séparée du tronc".

(http://www.caricaturesetcaricature.com/2014/11/quand-le-pere-d-aragon-passionnait-la-caricature-par-daniel-dugne.html www.caricaturesetcaricature.com

 

Après un bref séjour comme ambassadeur en Espagne, il redevient député et s’oppose au gouvernement Gambetta. Il propose de modifier la constitution « dans le sens de la constitution américaine », projet soutenu curieusement par Clemenceau.

Il s’oppose ensuite au gouvernement de Jules Ferry.

Il publie en 1885 dans un journal qu’il dirige ses Mémoires d’un préfet de police qui agacent le gouvernement car Andrieux rapporte des faits très récents et son indiscrétion n’est pas habituelle chez les préfets de police.

 

Dans ses Mémoires, Andrieux  reproduit une partie du poème de Clovis Hugues où il est présenté comme « M. Mystère », en disant : « C'est gai et pas méchant »

  Ne se souvenant plus bien du poème, il demande à Clovis Hugues, son collègue à ce moment  la Chambre des députés (nom de l’Assemblée nationale sous la 3ème république) de le lui envoyer, ce que fait Hugues en l’accompagnant d’un petit mot :

 

 Mon cher collègue,

Ci-joint la machinette promise. Avec un bonjour à  Monsieur Mystère  

 

Andrieux insère aussi ce petit mot dans ses Mémoires et fait le commentaire suivant :

 "J'aime les gens qui ne se prennent pas au sérieux. Ils ne ressemblent ni aux francs-maçons ni aux juges d'instruction."

 

 

 

PATRON DE PRESSE ET ELU DES BASSES-ALPES

 

 

 

Elu député des Basses-Alpes (nom à l’époque des Alpes de Haute-Provence) sur une liste républicaine modérée et anti-opportuniste, " il fit alors partie de la coalition de l’extrême gauche [comprendre les radicaux !] et de la droite qui refusa au ministère Brisson [successeur de Ferry] les crédits pour la continuation de la campagne du Tonkin, et fut l’un de ceux qui demandèrent l’abandon de cette colonie."

(ROBERT et COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, [1889] repris sur le site de l’Assemblée nationale).

Par la suite, il vote pour l’expédition de Madagascar et contre l’impôt sur le revenu. 

En 1887 il fait partie de ceux qui s'agitent au moment de la démission du président Grévy, pour éviter que Jules Ferry soit élu président de la république.

Selon la  biographie d’époque de ROBERT et COUGNY, il est ainsi caractérisé:

« Rebelle par tempérament à toute discipline de groupe, il se bat seul, en enfant perdu du parti républicain, incapable de résister au plaisir de tirer tantôt sur ses amis, tantôt sur ses adversaires, et toujours prompt à en faire naître l'occasion »

 Homme de presse, patron de plusieurs journaux à une époque où le métier d'homme politique se doublait presque automatiquement du métier de journaliste, il est le fondateur en 1876 et le rédacteur en chef jusqu'en 1877 du Petit Parisien, qui deviendra par la suite un journal très lu et aura une longue existence.

Parmi les journalistes que recruta à l'époque Andrieux figurait l'ancien Communard Pierre Denis qui avait été à l'époque de la Commune proche de Jules Vallès  et auteur de plusieurs manifestes importants contenant le programme de la Commne. Par la suite, Pierre Denis devint le secrétaire et l'éminence grise du général Boulanger.

A la fin de années 1880, Andrieux, dont on soulignait à l’époque l’absence de principe politique (on dit de lui : il est ce que vous voulez) se rapprocha de Boulanger.

Il retrouvait ainsi d’anciens Communards ou sympathisants de la Commune, comme on l’a vu dans nos précédents messages. ..

Mais en 1889, après la fuite à l’étranger de leur chef, menacé d’arrestation, les candidats Boulangistes furent pour la plupart battus aux élections de décembre.

 

Malgré le soin pris par lui à se démarquer de l’étiquette boulangiste, se présentant à Paris comme candidat « républicain révisionniste » (en faveur de la révision de la constitution), Andrieux, qui avait peut-être pensé à devenir le nouveau patron du  Boulangisme sans Boulanger, fut battu. Il fut de nouveau battu lors de diverses élections suivantes.

 

«  Il revint au barreau de Paris où il reprit ses plaidoiries marquées d'une éloquence incisive et spirituelle qui faisait de lui à la fois un parleur séduisant et un adversaire redoutable. » (Dictionnaire des Parlementaires français, Jean Jolly, site du Sénat)

 

Malgré son flirt avec le Boulangisme, il semble qu'Andrieux resta toujours en bons termes avec Clemenceau, l'un des principaux adversaires du Boulangisme.

Son élection comme sénateur des Basses-Alpes en 1903 est invalidée par le Sénat pour des raisons obscures d’affiche électorale irrégulière  (le Dictionnaire des Parlementaires français, Jean Jolly, sur le site du Sénat, évoque de façon entortillée la polémique entre Andrieux et la franc-maçonnerie à ce propos - il est probable que la franc-maçonnerie ne faisait pas de cadeau à l'ancien initié devenu "apostat"). Sur cette polémique, voir aussi l'avant-propos du livre d'Andrieux déjà cité sur le site Gallica https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200820j/f63.image.texteImage , où Andrieux impute clairement aux francs-maçons son invalidation, avec une ironie mordante.

 

De 1910 à 1924, il est de nouveau député de Forcalquier (Basses-Alpes) comme "républicain de gauche" (en fait, de centre-droit).

Pendant la guerre de 14, il s’intéresse à des sujets assez marginaux : « il participa à la discussion du projet de loi sur l'interdiction de l'absinthe et à celui relatif au fonctionnement des justices de paix ». Puis il prend position contre la censure.

Après la guerre, il  prononce  en tant que doyen de la Chambre des députés, les discours d’ouverture des sessions 1923 et 1924, très appréciés, où il évoque les fondateurs de la 3ème république qu'il a côtoyés. Il souhaite la reconnaissance de droits égaux pour les femmes, notamment du droit de vote,  et prend la défense des contribuables (on se souvient qu’il avait voté contre l’impôt sur le revenu).

Non réélu en 1924, il entreprend alors une soutenance de thèse à la Sorbonne, à 87 ans. L’un des sujets de sa double thèse est une gloire des Basse-Alpes, le prêtre et surtout philosophe Gassendi  (Pierre Gassendi, prévôt de l'Eglise de Digne).

«  Cette soutenance avait attiré une foule considérable au premier rang de laquelle on remarquait son vieil ami Georges Clemenceau. Il obtint la mention honorable » (Dictionnaire des Parlementaires français, Jean Jolly, site du Sénat).

 

Andrieux, dans son intérêt pour les Basses-Alpes, rejoignait ainsi son ancien adversaire Communard et néanmoins collègue Clovis Hugues, qui appréciait beaucoup le pays et s’était retiré à Embrun.

Comme on l'a dit, Andrieux avait aussi publié en 1906 une Histoire de la Commune à Lyon en 1870 et 1871, sans compter d’autres livres.

 

Andrieux mourut en 1931 à 91 ans.

 

 

 

LE PERE DE LOUIS ARAGON

 

 

Dans les années 1890, Andrieux qui est marié et qui a des enfants, rencontre une jeune fille qui a 33 ans de moins que lui, Marguerite Toucas.

Andrieux forme avec Marguerite un ménage  clandestin. Un enfant naît de cette union en 1897, qui est pour beaucoup dans le fait qu’on se souvienne encore aujourd’hui d’Andrieux, puisque cet enfant sera le poète Louis Aragon..

On peut signaler que le père de Marguerite a peut-être participé à la Commune de Marseille, avant de devenir sous-préfet en Algérie et semble-t-il à Forcalquier [future circonscription électorale de Louis Andrieux !], mais qu'il fut rejeté par la bonne société en raison de son addiction au jeu - cf article Wikipedia  Louis Aragon,  qui donne comme source : Jean Montenot, « Louis Aragon [archive] », 1 juin 2011, L'Express.

Le site des Amies et amis de la Commune consacre un article à Andrieux : Destins croisés : Louis Andrieux, Louise Michel, Louis Aragon.

L’article rapporte quelques éléments sur la surveillance exercée la police d’Andrieux sur les anciens Communards et notamment sur Louise Michel, mais ces renseignements n’ont rien de particulièrement odieux ou même remarquables.

Il est donc très étonnant de lire en conclusion de l’article :

« Un texte fort instructif qui donne à voir la ruse permanente (et résistante à l’usure) de la police politique de tous les temps à la recherche de la faille afin d’affaiblir le mouvement populaire. Mais autre chose aussi : combien Louis Aragon a eu raison de haïr son géniteur ! » 

http://www.commune1871.org/?Destins-croises-Louis-Andrieux

 

Aragon avait certainement ses raisons pour ne pas aimer son père « naturel »: celui-ci est  à l'origine d'un mensonge qui a pesé sur l'existence de Louis Aragon (prénommé comme son père)  et de sa mère, consistant notamment à faire passer le jeune Aragon pour le frère de Marguerite. On conçoit le traumatisme, même si Andrieux ne s'est pas désintéressé de l'enfant et a subvenu semble-t-il à son éducation. Aragon n'apprend vraiment la vérité qu'au moment de la guerre de 14 quand il est mobilisé.

Mais la détestation affichée par le site des Amies et amis de la Commune  est un peu étonnante et dénote une forme de sectarisme chez ceux qui se déclarent les héritiers actuels de la Commune.

Les anciens Communards ne pratiquaient  pas ce sectarisme (au moins certains d’entre eux) puisque l’échange qu’on a cité plus haut entre Clovis Hugues et Andrieux semble plutôt amical.

 

Ajoutons que l’ancien Communard Pierre Denis était, dans les années 1880, secrétaire de rédaction du journal d’Andrieux, La Ligue, et qu’il indique (dans son livre de souvenirs sur la période du Boulangisme Le Mémorial de Saint Brelade) qu’Andrieux était un ami de jeunesse, perdu de vue pendant un moment, mais pour lequel il avait conservé l’amitié de la jeunesse  : Pierre Denis se trouvant sans emploi, Andrieux le fit entrer dans son journal.

L'un et l'autre ne pouvaient ignorer qu'au moment de la Commune, ils avaient été dans des camps différents. On sait qu'ensuite Pierre Denis fut l'un des proches du général Boulanger et l'un de ses derniers fidèles.

Les anciens Communards pouvaient fréquenter voire apprécier des personnes qui n’avaient pas été – ou n’étaient pas dans le même camp qu’eux  (et vice versa d’ailleurs), et parfois se retrouver ensuite dans la même mouvance politique.

 

 Pour finir, on peut citer le jugement d'un historien de la police, qualifiant Louis Andrieux de " personnage singulier, irritant et fascinant " ( Jean-Marc BERLIERE, La police des moeurs, 2016 - https://books.google.fr/books?isbn=2262069212

 

 

 

 

 

 

LES "SURVIVANTS DE LA COMMUNE" DE CHINCHOLLE :

QUELQUES ANCIENS COMMUNARDS DANS LEUR EPOQUE

 

 

 

 En 1885, le journaliste du Figaro Charles Chincholle, très connu à l'époque , publiair Les survivants de la Commune.

Il recherchait, presque 15 ans après, ce qu'étaient devenus les survivants. Il se faisait un malin plaisir de signaler que  beaucoup d'entre eux s'étaient assagis et menaient maintenant une existence calme et bourgeoise :

" on verra que beaucoup d’entre les loups de 1871 ont de bonnes raisons pour être les agneaux de 1885 et des années suivantes", disait-il.

Il mentionne que certains (il est vrai, bien moins impliqués dans les événements de la Commune ou impliqués contre leur gré) sont maintenant (en 1885) ministres ou secrétaires d'état, comme Tirard ou Méline : ce sont "les conservateurs de demain".

 Les portraits de Chincholle ne sont pas méchants, au contraire ils sont le plus souvent sympathiques, que les anciens Communards décrits soient restés des révolutionnaires ou bien qu'ils aient évolué vers des positions compatibles avec la république bourgeoise, ce que note avec satisfaction Chincholle.

Ainsi que l'écrit René Merle dans son blog : "Pour mettre en valeur l’inanité de la Commune, au regard de ce qu’est devenue la France républicaine, Chincholle pratique une ironie bonhomme devant le quotidien de ces lutteurs désormais revenus à une légalité « bourgeoise » dans laquelle ils se reconnaissent plus ou moins. Même s’ils continuent à parler haut et fort, et souvent à brandir encore le drapeau rouge, ces anciens combattants font plus sourire que trembler." (Charles Chincholle et les Communards, http://merlerene.canalblog.com/archives/2017/01/16/35177406.html )

 

 Retenons quelques portraits que nous compléterons par ce que nous savons de l'évolution des personnages dans les années suivant la parution du livre de Chincholle. .

 

 

 

 

 

ALPHONSE HUMBERT, PERE DE FAMILLE MODELE ET ANTIDREYFUSARD

 

 

 

Alphonse Humbert (1844-1922) participa à la presse d'opposition à la fin du Second Empire.

Révolutionnaire de tendance blanquiste, il fut, pendant la Commune, le créateur avec Vermersch et Vuillaume, du journal Le Père Duchesne qui reprenait le titre du journal de Marat.

.Le 20 novembre 1871, le troisième conseil de guerre le condamnait aux travaux forcés à perpétuité. Il subit une partie de cette peine en Nouvelle-Calédonie (la condamnation aux travaux forcés impliquait la détention au bagne, donc dans les conditions les plus dures).

Il revint à Paris en 1879 après une mesure d'amnistie. Il participa à diverses élections dès 1879 à Paris, puis dans le Vaucluse et à Lyon avant d'être élu conseiller municipal du XVème arrondissement en 1886.  

Chincholle le décrit ainsi en 1885 :

" ..aujourd'hui un des principaux rédacteurs du Petit Parisien. Il est trop connu pour que l'on fasse sa biographie. Il a quarante ans. Taille moyenne. Teint brun. Moustache et cheveux noirs. Petits yeux brillants qui ne savent qu'être ou joyeux ou colères. Pas de milieu. Au moral, très bon enfant.

Humbert est le Henri lV de l'intransigeance [à l'époque, le terme d'intransigeance désignait une tendance du parti radical qui refusait les compromissions des opportunistes ; le chef de file des intransigeants était Clemenceau].

Comme le Béarnais, il est surtout père de famille. Il travaille, ayant sur l'épaule mademoiselle Lucile, âgée de cinq ans ...

Sa plus grande joie est de la voir courir, joufflue et rose, dans l'immense parc qui attient à  sa maison, sur le versant nord de Montmartre, où l'air est si vif et si sain.

(...)

C'est un fidèle, dans la vie privée comme dans la vie publique. Son parti peut compter sur lui, mais pas plus que ses amis."

 

 En 1879, dès son retour de captivité, il épousait Laure Le Pelletier de Bouhélier, soeur d'Edmond Adolphe Le Pelletier de Bouhélier, plus connu comme Adolphe Lepelletier, littérateur (ami de Verlaine),  journaliste et homme politique, lui-même ancien participant à la Commune (après une longue détention préventive, il ne fut condamné qu'à un mois de prison) et franc-maçon de grade important.

 Chincholle insiste sur "l'immense parc" attenant à la maison de Humbert,  symbole de réussite sociale.

Chincholle rappelle l'activité de Humbert comme journaliste au Petit Parisien (fondé comme on a vu, par Andrieux, mais repris par d'autres dirigeants).

En fait Humbert avait été recruté par le rédacteur en chef Piégu.

Le chroniqueur Paul Ginisty dans ses Souvenirs de journalisme et de théâtre, dit que Piégu était  un petit homme qui poussait la correction jusqu’à sembler vernis des pieds à la tête. Piégu  avait ouvert  le journal à d’anciens Communards, "fort apaisés par les épreuves qui avaient suivi leurs fougueux emballements de jeunesse" (!) : Casimir Bouis secrétaire de rédaction, Ernest Vaughan, Tabaraud et Alphonse Humbert.

Ginisty dit que ce dernier était éloquent, lettré, sympathique même à ses adversaires. Il profitait de la vie car il avait 10 ans à rattraper (sa détention en Nouvelle-Calédonie). "Il n’en recevait pas moins dignement des souverains à l’hôtel de ville".

Ginisty déplore que Humbert ait gâché sa carrière poltique en soutenant le général Boulanger (?).

Mais, si Ginisty ne se trompe pas dans ses souvenirs, le Boulangisme de Humbert dut être assez provisoire.

Il est vrai qu'il travaillait aussi à L'Intransigeant de Rochefort, qui comme on sait, devint un organe du Boulangisme.

En fait, c'est après l'épisode boulangiste que la carrière politique de Humbert prend un nouveau départ, puisqu'il est élu député.

Avant cela, il a été élu président du conseil municipal de Paris, et à ce titre, il présida les fêtes remarquables données en octobre 1893 par la ville en l'honneur des officiers de l'escadre russe.

 

 

 

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Banquet des officiers de la Marine russe, dans la salle des fêtes à l'Hôtel de Ville de Paris. Fêtes Franco-Russes, le 19 octobre 1893. Dessin de Neuss.

Musée Carnavalet.

Le banquet de l'Hôtel de Ville fut l'apothéose des fêtes données pour l'escadre russe, concrétisation de l'alliance franco-russe. Une foule énorme essaya de parvenir à l'Hôtel de Ville pour voir les participants. Bien que l'alliance entre l'empire autocratique de Russie et la république démocratique française ait pu paraître contre nature, le public fut enthousiasmé. L'engrenage des alliances allait aboutir à la guerre de 14-18, mais qui pensait à la guerre et qui pouvait deviner à quoi elle ressemblerait ? 

Alphonse Humbert, en tant que président du conseil municipal, fut le principal artisan de la réception donnée à l'Hôtel de Ville.

http://parismuseescollections.paris.fr/fr/musee-carnavalet/oeuvres/banquet-des-officiers-de-la-marine-russe-dans-la-salle-des-fetes-a-l-hotel#infos-principales

 

 

 

 

Il fut élu aux élections législatives de 1893, dans le 15ème arrondissement, contre un boulangiste, un socialiste et un candidat "anti-maçon", puis réélu en 1898.

À la Chambre, il s'inscrivit au groupe républicain radical-socialiste et fut membre de plusieurs commissions, dont notamment celle chargée de l'examen de projets relatifs aux colonies et celle de la marine; il s'occupa aussi du statut municipal de Paris.

Mais son évolution politique parait avoir été parallèle à celle de son beau-frère Edmond Lepelletier  (Le Pelletier de Bouhélier) qui s'éloigna progressivement du républicanisme radical.

Edmond Lepelletier avait fondé en 1882 une loge maçonnique,  « les Droits de l'homme », " qui, sous son impulsion, devint rapidement l'une des plus brillantes et des plus actives du Grand Orient de France et qui, au cours d'une réunion au Cirque d'Hiver en 1889, jeta les bases du formidable mouvement d'union républicaine qui terrassa le boulangisme" (Jean Jolly, Dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940).

Mais aux élections de 1889 Edmond Lepelletier se présente déjà comme candidat anti-révolutionnaire, et à partir de 1898, il se déclare antisémite et nationaliste. Il est élu au conseil municipal de Paris qui devient à ce moment majoritairement nationaliste,  puis à la Chambre des députés, sous ces étiquettes. Il est journaliste à L'Echo de Paris, qui est au premier rang de la presse anti-dreyfusarde,

Son beau-frère Alphonse Humbert semble suivre la même évolution dans le contexte de l'affaire Dreyfus.

Les deux beaux-frères sont exclus de la franc-maçonnerie ou choisissent de démissionner, au moment où l'institution maçonnique décide que l'appartenance à la franc-maçonnerie n'est pas compatible avec des opinions droitières ou antisémites :

" Désormais, la chasse aux nationalistes et aux antisémites est ouverte [dans les loges]. Sont radiés ou démissionnaires le publiciste et ancien conseiller de l’Ordre Edmond Lepelletier, son beau-frère le blanquiste [NB: ancien Blanquiste serait plus exact] Alphonse Humbert, Le Myre de Villers, l’ancien communard Ballière, membre de La Ligue des patriotes, le député Paul Bernard qui avait accueilli Drumont [le chef de file de l'antisémitisme] à Paris à la descente du train et avait été mis en accusation par sa loge Union et Bienfaisance" ( André Combes, Les loges de France et d’Algérie, l’antisémitisme et l’affaire Dreyfus, Revue archives juives)

https://www.cairn.info/revue-archives-juives-2010-2-page-70.htm

 

 

 s-l1600

 Alphonse Humbert. Président du conseil municipal de Paris, député.

L'ancien Communard et ex-bagnard en Nouvelle-Calédonie, au sommet de sa carrière.

 

Vente e-bay.

 

 

 

 

 

Au moment de l'affaire Dreyfus, Humbert est parmi les anti-dreyfusards les plus acharnés, aussi bien dans la presse qu'à la Chambre des députés.

Cela lui vaut les attaques un peu paradoxales de Francis de Pressensé, l'un des dreyfusards les plus actifs, un bourgeois protestant devenu progressiste et socialiste, l'un des fondateurs de la Ligue des Droits de l'Homme (il y a dans beaucoup de villes une rue Francis de Pressensé). F. de Pressensé se souvient alors du passé communard de Humbert pour le lui jeter au visage, en l'accusant non pas d'avoir trahi ses idéaux, comme on le penserait aujourd'hui, mais au contraire d'être resté le même et de préparer de nouveaux massacres :

" On est aussi frappé de constater que dans certaines attaques du Pressensé dreyfusard et révolutionnaire, on retrouve en filigrane le Pressensé libéral et bourgeois de sa « vie antérieure ». Ainsi s'en prend-il tout particulièrement à Alphonse Humbert et à son passé communard de directeur d'un journal « de sang », le Père Duchêne : « L'ex-père Duchêne, écrit-il par exemple, frémissait de joie à la pensée qu'il allait de nouveau tenir des otages en son pouvoir et organiser le massacre patriotique des intellectuels après avoir préparé sous la Commune le massacre démagogique des prêtres, des gendarmes et des magistrats ».

Rémi Fabre, Francis de Pressensé et la défense des Droits de l'homme, Presses universitaires de Rennes

http://books.openedition.org/pur/17553

 

 

 

 L'Assiette_au_beurre 2

Le journal satirique L'assiette au beurre publia en 1910 un numéro intitulé "Les Vieux Communards".  Un dessin représente Alphonse Humbert, habillé en bourgeois cossu en pelisse et haut-de-forme, discutant dans la rue (le typique boulevard parisien) avec un ecclésiastique. Ce qui nous manque, dit Humbert [on suppose qu'en disant "nous" il veut parler de la droite conservatrice et nationaliste], c'est un grand journal avec un titre ronflant. L'ecclésiastique suggère : le Révérend Père Duchesne (lors de la Commune, Humbert était l'un de principaux dirigeants du journal communard Le Père Duchesne ou Duchêne). La caricature résume l'évolution politique de l'ancien Communard, maintenant proche de la droite militariste et cléricale.

Gallica.

 

 

 

 

Battu au deuxième tour des élections de 1902, Alphonse Humbert se retira de la vie politique.

Il mourut à Paris le 27 décembre 1922, à l'âge de 78 ans.

 

Sa notice Wikipedia lui attribue la phrase : le meilleur gouvernement est celui qui gouverne le moins.

Mais la phrase est généralement attribuée à Thomas Jefferson, un des pères de l'indépendance américaine et troisième président des USA, et surtout à Henry David Thoreau, théoricien américain de la désobéissance civile au 19ème siècle. Sans doute Humbert a-t-il eu connaissance de la formule et l'a-t-il  reprise dans  un de ses écrits.

Cette formule est souvent considérée comme l'expression du libéralisme politique anti-étatique et semble donc appartenir à un courant d'idées assez éloigné de la Commune. 

Mais Humbert se considérait-il comme fidèle aux idées de la Commune ?

En 1897, interrogé par la Revue Blanche dans son numéro spécial sur la Commune, Humbert exaltait l'héroïsme des Communards mais minimisait l'importance de la Commune comme fait historique, en se plaçant du point de vue socialiste :

" — Je considère la Commune comme un acte héroïque, — cela et pas autre chose, car je ne crois pas qu’elle soit vraiment une date dans l’histoire du socialisme."

 

 

 

 

 

 

EMILE FERRY, HOMME TRANQUILLE

 

 

 

" Comment cet homme si doux, si charmant, aujourd’hui maire du IXème arrondissement, qui a, quoique républicain, l’estime générale de son quartier, a-t-il pu être membre de la Commune ?

Il faut sans doute considérer ses actes ambitieux de 71 comme des péchés de jeunesse maintenant réparés."

  (Chincholle, Les survivants de la Commune)

 

On notera l'ironie de Chincholle qui fait semblant d'être surpris qu'un homme puisse avoir "l'estime générale de son quartier" (il est vrai plutôt bourgeois et conservateur), "quoique républicain".

A vrai dire, on ne voit pas bien quelle part a pris dans la Commune Emile Ferry, industriel parisien (1821-1897), qui n'était d'ailleurs pas si jeune à l'époque pour parler de "pêché de jeunesse".

Il fut élu membre de la Commune, mais il fit partie de ces modérés (une vingtaine, comme Méline ou Tirard ou encore Desmarest,  prédécesseur d'Emile Ferry à la mairie du IXème) qui démissionnèrent ou s'abstinrent de siéger (La Commune de Paris, du 28 mars au 21 mai 1871, http://www.cosmovisions.com/ChronoCommuneParis02.htm ).

Il n'eut à subir aucun inconvénient du fait de cette participation fantôme.

Elu maire du IX ème arrondissement en 1871, il était  (selon sa biographie extraite du Dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly), également  "président depuis 1872 de la Société municipale de secours mutuel du IXe arrondissement, ce qui lui valut la Médaille d'or du ministère de l'Intérieur, il appartint depuis 1873 au conseil de surveillance de l'Assistance publique, dont il fut le vice-président pendant quatre années".

C'est ce même IXème arrondissemennt qui élut député Emile Ferry en 1889, contre le monarchiste Georges Berry.

Emile Ferry " siégea à la Chambre parmi les républicains libéraux et progressistes. Président de nombreux bureaux, ses fonctions passées, à la mairie du IXe arrondissement et au conseil de l'assistance publique, trouvèrent leur écho tant dans les propositions de loi ou les rapports qu'il déposa ...
Son échec aux élections de 1893 [il est battu par son ancien adversaire de 1889, Berry] le rend à la vie privée et il meurt le 7 janvier 1897 à Paris, dans ce IXe arrondissement qui fut si longtemps l'objet de ses soins, à l'âge de 76 ans.
Il était officier de la Légion d'honneur et officier de l'Instruction publique."

(Jean Jolly, Dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 )

 

 

 

 

 

 LEFEVRE-RONCIER,  DE L'AFFAIRE MUSURUS BEY AU METRO DE PARIS

 

 

 

" Cet ancien chef d’état-major de Delescluze était à Londres quand on le condamna.

Avocat, il y créa un cabinet d’affaires qui ne tarda pas à acquérir une certaine importance.

 C’est à ce cabinet qu’alla frapper Musurus bey lors de son procès avec les parents de sa jeune femme, mademoiselle d’Imécourt.

M. Lefèvre -Roncier est aujourd’hui établi à Paris. Il est très lié avec les opportunistes, notamment avec M. Rouvier."

  (Chincholle, Les survivants de la Commune)

 

 

Avocat de formation, Paul Lefèvre-Roncier (c'est ainsi que Chincholle  orthographie le nom, il semble que l'orthographe exacte est Lefèbvre-Roncier, que nous utiliserons), né en 1846, mort en 1905, avait été sous-chef d'état-major du délégué à la guerre de la  Commune (on sait qu'l y a eu trois  délégués à la guerre :  Cluseret, Rossel, puis Delescluze).

Il semble avoir été un homme sérieux mais sans prise sur les événements militaires de la Commune.

 

Sur la suite de sa vie après la Commune, nous avons les quelques indications sommaires de Chincholle, ainsi que celles figurant au Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et social.

Selon le Maitron, durant son exil à Londres, Lefèbvre-Roncier fut " successivement professeur de droit à l’Université [sans doute de droit français] puis avocat français près la Haute Cour de Justice ", ce qui n'était pas trop mal pour un proscrit.

Revenu en France après l’amnistie, il ne s’adonna, pendant plusieurs années, qu’à des travaux industriels."

 .

 Il faut dire quelques mots de l'affaire Musurus bey, dans laquelle selon Chincholle, Lefèvre-Roncier joua un petit rôle. Elle nous entraîne loin des souvenirs  de la Commune, à la fois dans le grand monde et dans une société exotique pour les Français de la fin du 19 ème siècle.

Paul (Pavlos) Musurus bey était l'un des fils de Constantin Musurus pacha, ambassadeur de l'Empire ottoman en Grande-Bretagne.

(l'orthographe Mousouros parait adoptée maintenant dans les diverses notices historiques, mais nous conservons ici celle donnée par Chincholle et la presse française à l'époque; dans la notice Wikipedia anglais, le nom du père est orthographié Konstantinos Mousouros, en grec Κωνσταντίνος Μουσούρος)

Les Musurus ou Mousouros appartenaient à ces familles dites phanariotes, des grandes familles grecques orthodoxes qui, traditionnellement,  depuis la conquête de Constantinople par les Turcs, servaient fidèlement le Sultan dans des postes de confiance.

Le nom de phanariotes vient du quartier où les familles grecques, riches ou pauvres, résidaient à Istambul (l'ancienne Constantinople), le Phanar (ainsi appelé en raison de l'existence d'un sémaphore ou fanar). L'émigration et l'épuration ethnique (émeutes de 1955) ont aujourd'hui transformé l'ancien quartier du Phanar en quartier entièrement turc. 

Comme d'autres dignitaires de l'Empire ottoman,les Mousouros portaient, après leur nom, les titres honrifiques de pacha ou de bey, conférés par le Sultan.

Dans un article malicieux, Le Figaro du 16 juin 1881 expose ainsi l'affaire qui défraya la chronique mondaine (puis la chronique judiciaire) du mariage de Paul Musurus bey avec Mademoiselle Marie de Vassynhac d’Imécourt (on trouve plus souvent l'orthographe Vassinhac) :

 " Mlle d'Imécourt, fille de la comtesse d'Imécourt, est par sa mère, la nièce du général de Gallifïet; elle est alliée aux plus grandes familles de France. Musurus-Bey est un jeune diplomate turc de grande valeur, naguère fort répandu dans la haute société parisienne; son père, Musurus-Pacha, occupe les hautes fonctions d'ambassadeur de la Sublime Porte près S. M. la reine Victoria. Il y a bien quatre ans que Mlle d'Imécourt et Musurus-Bey se sont connus. Le jeune diplomate habitait alors Paris; Mlle d'Imécourt n'avait pas plus de seize ans.

 Il est certain que Musurus-Bey et Mlle d'Imécourt se plurent dès la première minute (...). Il convient de dire cependant, qu'immédiatement après les premiers aveux,. Musurus Bey fit demander officiellement à Mme d'Imécourt la main de sa fille.

(...)

 Les bonnes raisons ne manquèrent point à Mme d'Imécourt pour décliner l'alliance de Musurus Bey; elle répéta tout d'abord l'antienne [vieux mot pour le refrain] connue : sa fille était bien jeune, elle avait pensé pour elle à un autre établissement. Arrivant ensuite à quelque chose de plus précis, elle laissa entendre que sa famille, profondément catholique, ne saurait souffrir une union contractée par la jeune fille avec un jeune homme appartenant, comme Musurus, à la religion grecque.

 Musurus ne se découragea point. Il se croyait aimé de la jeune fille, et il prétendait se marier selon son cœur, ce qui n'est pas sans exemple, même dans. la diplomatie. En conséquence, il ne perdit point de vue Mlle d'Imécourt. Je crois même qu'une correspondance active s'échangea. En tous cas, il est hors de doute que pendant deux ans, la jeune fille resta fidèle à cet amour malheureux, et que trois institutrices auxquelles elle fut successivement confiée, favorisèrent sinon un échange de lettres, du moins un échange de nouvelles et de témoignages lointains d'affection.

 Nous arrivons ainsi à la fin de 1879. La mère ne s'était point départie de sa rigueur, la fille n'avait point étouffé dans son cœur le souvenir de l'homme adoré. Un jour, Mlle d'Imécourt s'enfuit de la maison, elle court à la gare du Nord, elle part pour l'Angleterre et débarque à Folkestone où Musurus-Bey l'attend.

 (...)

Ils s'unirent le lendemain comme on se marie dans les romans, c'est-à-dire qu'ils déclarèrent à l'autorité civile anglaise leur volonté de contracter mariage, et l'union fut bénie par un prêtre.

(...)

[le jeune Musurus bey avertit alors sa belle-mère du mariage]

Six jours après, deux Français débarquaient à Folkestone: c'étaient M. Jacob, l'ancien chef de la Sûreté, et un parent de la jeune fille, M. le comte de la Ferronnays.

 [les deux hommes embarquent la jeune fille pour la France, tandis que Musurus bey se résigne à cette action en espérant parvenir à un arrangement]

Depuis cette époque, elle vit. retirée dans un couvent de l'est de la France, attendant l'issue du procès en nullité de mariage que sa mère a engagé devant les tribunaux français.

Mme d'Imécourt appuie sa demande sur différents griefs. En première ligne, elle allègue que le mariage est entaché de clandestinité et radicalement nul, puisque, d'ailleurs, son consentement a fait défaut.

En même temps la comtesse.a adressé au Saint-Père une demande analogue d'annulation du mariage, au point de vue religieux, et Léon XIII avait confié à trois prélats, parmi lesquels Mgr Manning, le soin d'une enquête qui n'a point encore abouti. "

 De son côté, un journal monégasque (Journal de Monaco, 17 avril 1880) donnait d'autres indications :

" En attendant la décision des tribunaux, Mlle d'Imécourt, tout comme la femme du Petit Duc [une opérette célèbre à l'époque], est au couvent des Dames de la Retraite. Mlle d'lmécourt est héritière d'une fortune qui n'est pas évaluée à moins de dix millions. Musurus-Bey n'est guère plus fortuné que le budget de la Turquie, son pays natal. Catholique grec, il offre de passer au catholicisme romain pour apaiser les scrupules de Mme d'Imécourt."

 

Ainsi à toutes les raisons de souhaiter l'annulation du mariage, la comtesse (veuve) d'Imécourt joignait la disproportion de fortune. Si les Musurus étaient une famille notable du point de vue de la Turquie, ce n'était pas un parti convenable pour des aristocrates français avec une fortune de 10 millions.

 Enfin, petite ironie de l'histoire, Marie d'Imécourt était la nièce du général marquis de Galliffet,  le massacreur de la Commune...

 

 

MusurusC

 Le père du jeune Paul Musurus bey, Constantin (Kostaki)  Musurus pacha, ambassadeur de l'Empire ottoman en Grande-Bretagne.

 The Library of Nineteenth-Century Photography

http://www.19thcenturyphotos.com/Kostaki-Musurus-Bey-125818.htm

 

 

 

mw193745

Paul Musurus, en 1862.

by Camille Silvy
albumen print, 4 August 1862
3 3/8 in. x 2 1/8 in. (85 mm x 55 mm) image size
Purchased, 1904
NPG Ax60813

 Natinal Portrait Gallery

Paul Musurus n'est encore en 1862 qu'un adolescent gracile, habillé à la mode stambouline.  Presque 20 ans après, ses capacités de séduction avaient eu raison de la jeune Marie d'Imécourt.

https://www.npg.org.uk/collections/search/portraitLarge/mw193745/Paul-Musurus?LinkID=mp121160&role=sit&rNo=0

 

 

 

A vrai dire on voit mal le rôle de Lefèbvre-Roncier dans l'affaire.

Certes il était avocat, mais en tant que Français et certainement non diplômé en droit anglais (common law), il ne pouvait officiellement  exercer les fonctions de solicitor ou d'attorney.

Le Maitron dit qu'il exerça les fonctions "d'avocat français auprès de la Haute Cour de justice", mais en quoi consistaient exactement ces fonctions ?

Dans tous les cas, il exerçait aussi les fonctions moins juridiques d'agent d'affaires, selon Chincholle.

 

Peut-être conseilla-t-il au jeune Musurus bey le mariage selon la loi anglaise, ou s'entremit-il entre  son client et les personnes envoyées par la comtesse d'Imécourt pour récupérer la jeune mariée, dont l'ancien chef de la sûreté Jacob,  qui avait fondé une agence de détectives privés après son départ en retraite de la police (il poursuivit ses activités comme chef de la police interne du Crédit Lyonnais). 

 

L'action en annulation de mariage intentée en France par la comtesse d'Imécourt devait réussir. La situation était pourtant compliquée puisque le mariage avait eu lieu en Angleterre. L'essentiel était que le mariage soit déclaré irrégulier en France, ce qui fut fait par le tribunal civil de la Seine.

 En 1885, Mlle Marie d'Imécourt épousa à Paris le prince K. de Hohenlohe-Oehringen (ou Hohenlohe-Öhringen selon l'orthographe allemande).

Le Figaro, sans faire la faute de goût de rappeler l'épisode Musurus bey, écrivait :

" Une brillante soirée avait été donnée la veille [du mariage civil], à l'occasion de la signature du contrat, dans le magnifique hôtel de la rue de Varenne, chez la comtesse de Vassynhac d'Imécourt, mère de la jeune fiancée.

Remarqués parmi les invités, le prince F. de Hohenlohe, la princesse, retenue hors de Paris par une maladie, s'était fait excuser; la marquise de Galliffet, la baronne Seillère, la marquise de Talleyrand, la baronne Salomon de Rothschild, le marquis de Galliffet, oncle de Mlle d'Imécourt; la baronne de Kissingen, la comtesse de Clermont-Tonnerre... La comtesse Bentzel-Sternau et la princesse Olga de Hohenlohe, les deux sœurs du fiancé, sont arrivées hier soir à Paris pour assister à la bénédiction nuptiale qui sera donnée samedi, à midi, dans l'église Saint-François-Xavier."

 Marie d'Imécourt ne resta pas mariée avec le prince de Hohenlohe-Oehringen.

Divorcée en 1901, elle se remaria avec Julius Otto de Wangenheim, chambellan et grand-maréchal de Brunswick, restant ainsi allemande d'adoption, après avoir failli être turque.

 

 

 Mais ceci nous a éloignés de Lefèbvre-Roncier.

Chincholle note que de retour en France, il fut proche de Rouvier.

On sait que ce dernier, originaire de Marseille, politicien lancé par Gambetta, fut à plusieurs reprises ministre (notamment du commerce et des finances) de la IIIème république et président du conseil. Il passait pour l'un des hommes politiques les plus affairistes de l'époque.

Lefèbvre-Roncier était donc à bonne école.

 

Il se présenta sans succès aux élections législatives en 1885 comme candidat radical-socialiste dans les Vosges et en Meurthe-et-Moselle (Maitron).

 

On retrouve Lefèbvre-Roncier au conseil municipal de Paris. Il est à ce moment présenté comme industriel. Il est conseiller municipal du XIème arrondissement de Paris (Folie-Méricourt) de 1886 à 1890.

En 1886, un journal indique : " M. Lefèvre-Roncier [sic] , conseiller municipal républicain, a été condamné hier à quinze jours de prison et un franc de dommages intérêts, pour voies de fait sur M. Benoit Lévy, son concurrent également républicain, mais moins heureux de toutes les façons, puisqu' il a échoué aux élections".

Lefèbvre-Roncier se présentait sous l'étiquette radical-socialiste..

 

En 1887, Lefèbvre-Roncier est accusé d'avoir touché 10 000 francs d'une société intitulée "le Cinquantenaire du chemin de fer". Le juge d'instruction conclut à un non-lieu, le délit de corruption n'étant pas constitué, bien que le versement de la somme soit établi. Lefèvbre-Roncier, qui avait démissionné du conseil municipal, se représenta et fut réélu, notamment contre l'ancien Communard Allemane, qui se se présentait comme socialiste "possibiliste" (réformiste ou non-révolutionnaire).

Sur quelques circonstances de cette affaire, on peut consulter le Journal des débats du 30 décembre 1887.

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Lefèbvre-Roncier provoqua en duel un de ses principaux adversaires au conseil municipal, Marsoulan (pourtant radical-socialiste  comme Lefèbvre-Roncier), qui refusa de se battre, du moins pas avant qu'une vraie procédure judiciaire ait fait la lumiière sur l'affaire.

Marsoulan,, qui semble avoir adopté par la suite l'étiquette socialiste, était fabricant de papier peint et s'est  consacré à des questions d'éducation et de philanthropie (notamment au profit des enfants handicapés); il est à l'origine de plusieurs établissements d'enseignement.

Par une lettre rendue publique, Lefèbvre-Roncier remerciait ses témoins qui s'étaient rendus chez Marsoulan, et terminait ainsi :

" A sa mauvaise action [il s'agit de Marsoulan]  il joint la couardise. On saura qu'il y a un lâche au Conseil municipal de Pans."

De son côté, Marsoulan continuait sa campagne d'accusation :

"En terminant sa harangue, M. Marsoulan s'en prend à  M. Rouvier, à l l'intervention duquel il attribue l'ordonnance de non-lieu rendue en faveur de M. Lefèbvre-Roncier."

Journal des Débats du 18 septembre 1887

 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4640583/texteBrut

 

 

 Lefebvre-Roncier démisionna de nouveau, puis retira  sa démission et resta au conseil municipal.

 

Le polémiste antisémite Edouard Drumont, qui recueillait tout ce qui pouvait démontrer l'influence juive sur la France, cite dans son livre La France juive l'épisode de corruption concernant Lefèbvre-Roncier, car le représentant de la société qui lui avait offert 10 000 francs était juif. Il est d'ailleurs difficile de comprendre les tenants et aboutissants de cette affaire.

 

Au conseil municipal, Lefèbvre-Roncier était particulièrement chargé des marchés relatifs à la construction du métro de Paris :

 

" Au conseil municipal de Paris, la corruption à cette époque est beaucoup plus rare : on en a une preuve a contrario très convaincante dans la faiblesse des dossiers à charge rassemblés par la préfecture de Police, malgré un acharnement à collectionner les ragots contre les élus autonomistes, adversaires du principe même de l’institution de la préfecture de Police. Néanmoins l’un des rares corrompus avérés de l’époque, Lefèbvre-Roncier, est précisément le rapporteur du projet des compagnies le plus favorable à un compromis, en correspondance privée directe avec Sartiaux [l'ingénieur en chef de la compagnie du Nord, une des entreprises intéressées]."

 

Alain Cottereau, Les batailles pour la création du Métro : un choix de mode de vie, un succès pour la démocratie locale

Revue d'histoire du XIXe siècle

http://journals.openedition.org/rh19/702?lang=en[

 

 Les élus "autonomistes" dont parle l'auteur cité ci-dessus, qui étaient particulièrement surveillés par la préfecture de police, étaient ceux qui réclamaient la fin de la tutelle de l'Etat sur Paris, représentée par le préfet de police et le préfet de la Seine, qui avaient presque tous pouvoirs à Paris.

" Malgré son caractère apparemment non politique, l’autonomie communale était revendiquée surtout par les élus radicaux. Quant aux républicains hostiles ou réticents à l’égard des projets autonomistes, ils étaient principalement des républicains modérés ou opportunistes." (Les conseillers municipaux de Paris sous la Troisième République (1871-1914, Nobuhito Nagaï, Editions de la Sorbonne http://books.openedition.org/psorbonne/1317 )

 

Lefèbvre-Roncier, malgré ses liens avec les opportunistes, appartenait probablement aux autonomistes, car son antagoniste Marsoulan (qui appartenait peut-être au même groupe ?) se demandait comment les élus du groupe de l'autonomie communale allaient l'accueillir après son non-lieu discutable.

   

 Probablement en raison de cette affaire de corruption, Lefèbvre-Roncier fut battu aux élections municipales d'avril 1890 et de nouveau en avril 1893..

Il  semble avoir appartenu à la loge La Clémente amitié, une des plus célèbes loges du Grand Orient de France, à laquelle appartenaient de nombreux hommes politiques en vue.

Il mourut en 1905, âgé de 59 ans.

 



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 Paul Frédéric Lefèbvre-Roncier (1846-1905), industriel et conseiller municipal du XIème arrondissement de Paris (Folie-Méricourt) de 1886 à 1890.

Ville de Paris / BHdV / Roger-Viollet

Paris-Bibliothèques

https://bibliotheques-specialisees.paris.fr/ark:/73873/pf0000268611/0016?highlight=Createur:%20%22Binh,%20N.%20T.%20(1958-...)%22

 

 

Pour finir avec Paul Musurus bey, il semble que ce dernier abandonna la carrière diplomatique et resta en France (où il mourut en 1927 après s'être marié avec sans doute une grecque). Il écrivit un peu de poésie de tendance symboliste et donna peut-être à sa nièce une première initiation poétique.

En effet l'une des soeurs  de Paul Musurus avait épousé le prince de Brancovan (membre de l'illustre famille roumaine Bibesco-Brancovan,  installé à Paris), et de cette union était née Anna de Brancovan, future comtesse de Noailles, bien connue pour son oeuvre poétique sous le nom d'Anna de Noailles.

 

Ajoutons que l'un des frères de Paul Musurus, Stéphane, également diplomate, poursuivit la tradition familale au service de l'Empire ottoman, en devenant prince de Samos (1896-99) avant d'être nommé ambassadeur de Turquie en Grande-Bretagne, poste que son père avait occupé durant une longue période. .

L'île de Samos, de culture grecque mais faisant à l'époque toujours partie de l'Empire ottoman, avait été érigée en principauté autonome avec à sa tête des princes nommés par le Sultan à titre révocable, choisis parmi les membres des familles phanariotes, dont les Musurus/Mousouros, les Caratheodoris, les Photiadès etc.           .

Pendant la première guerre balkanique, des partisans grecs chassèrent  la famille phanariote qui exerçait alors la principauté en tant que vassale du Sultan  et proclamèrent le rattachement de Samos à la Grèce (1912).

 

 

 025-anna-de-noailles-theredlist

 Anna de Noailles dans une pose alanguie.

Blog the Red List

https://theredlist.com/wiki-2-24-525-770-943-view-1910s-3-profile-anna-de-noailles.html

 

 

 

 

 

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