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Le comte Lanza vous salue bien
25 mai 2017

LES DEMOCRATIES OCCIDENTALES ET LES REGIMES AUTORITAIRES, PREMIERE PARTIE

 

 

LES DEMOCRATIES OCCIDENTALES ET LES REGIMES AUTORITAIRES

 

PREMIERE PARTIE

 

 

 

 

 

 A propos d'une photo de Donald Trump

                       

 

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 Le président Donald Trump.

Photo parue dans Le Monde (édition internet)

 

 

 

Une photo de Donald Trump publiée dans l’édition internet du Monde, me parait offrir l’occasion de commentaires intéressants.

 

Elle présente Donald Trump, probablement à la Maison-Blanche (peut-être dans le fameux bureau ovale  - ou une autre pièce de la résidence des présidents américains).

Derrière Donald Trump, on voit deux objets.

L’un est un drapeau, l’autre un tableau.

Le drapeau, pour peu qu’on ait un peu en-tête certains symboles, fait immédiatement penser au drapeau rouge et noir (en diagonale) de certains mouvements d’extrême-gauche, notamment dans la mouvance anarchiste et « antifasciste ».

Evidemment il n’y a aucune chance que ce soit  le cas mais ce drapeau ne ressemble ni à la bannière étoilée, ni au drapeau présidentiel américain, bleu avec un aigle tenant des flèches et un rameau d'olivier dans ses serres.

 

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 Drapeau particulier du président des Etats-Unis.

Wikipedia

 

 

 

 

En fait le drapeau donne l’impression d’être noir et rouge mais on voit aussi du blanc, semble-t-il,  et son arrangement (partitions, motifs) n’est pas perceptible. Enfin ce qui semble noir est peut-être bleu.

Nous ne pouvons identifier le drapeau photographié mais on peut toujours s’amuser d’une photo qui semble montrer le drapeau de l’extrême-gauche  (française ou européenne, mais le drapeau rouge et noir des antifascistes est sans doute également connu aux USA*) derrière le président américain le plus à droite depuis longtemps.

                                            * Dans un autre genre, le drapeau jaune au serpent des libertariens, individualistes opposés à l'ingérence de l'Etat, est également bien connu.

 

NB 2021 : lors d'images de manifestations antiracistes et anti-Trump  aux USA, on a pu voir asez souvent le drapeau noir et rouge. La mouvance antifasciste a connu un développement rapide aux USA ces dernières années. Voir l'article Antifas unmasked (avril 2021) de la démographe Michèle Tribalat sur son site, http://www.micheletribalat.fr/449034476.

 

 

L’autre élément de décor est un tableau représentant un cavalier avec un uniforme kaki.

Nous identifions ce personnage d’après nos connaissances historiques : c’est presque certainement Theodore Roosevelt, dans l’uniforme du régiment qu’il avait levé pour la guerre de Cuba, surnommé The Rough Riders (les cavaliers durs à cuire, ou quelque chose comme ça).

Theodore Roosevelt devait ensuite être président des Etats-Unis, d’où la présence du tableau à la Maison-Blanche.

Ajoutons que le personnage de Theodore Roosevelt en uniforme kaki, bien connu aux USA, a été encore récemment popularisé par les films de la série Une nuit au Musée : un gardien de nuit du Smithsonian Institute (Musée axé sur l’histoire et l’anthropologie des Etars-Unis) vit des aventures fantastiques (et aussi comiques) lorsque les personnages de cire du musée s’animent.

Le gardien reçoit les conseils du personnage de Theodore Roosevelt (joué par Robin Williams), une des figures de cire, représenté à cheval, en costume de Rough Rider.

 

 

 

 

 

AU TEMPS DE THEODORE ROOSEVELT

LE ROUGH RIDER

 

 

 

 

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 Theodor Roosevelt chargeant à la tête des Rough Riders à la bataille de San Juan Hill, Cuba, 1er juillet 1898, peinture de W.  G.  Read.

Photo by MPI/Getty Images

 https://www.gettysburgmuseumofhistory.com/portfolio/part-flag-carried-san-juan-hill-teddy-roosevelts-rough-riders/

 

 

Pour aller un peu plus loin, on peut remarquer que Theodore Roosevelt symbolise le moment où la politique américaine devient impérialiste : Roosevelt, en tant qu’homme politique du parti Républicain et homme d’action, participe personnellement à la campagne de Cuba qui permet aux USA de s’emparer de l’île, colonie espagnole en état de rébellion épisodique contre l’Espagne.

 

Theodore Roosevelt, issu de la haute bourgeoisie américaine d’origine néerlandaise, fut un  politicien sportif, grand amateur de chasse, notamment  à l‘ours (les ours en peluche des enfants seront appelés Teddy Bear  - l’ours de Teddy, diminutif de Theodore, en référence à une anecdote dont on donne plusieurs versions : la plus courante est que revenant bredouille d’une chasse, Roosevelt tombe sur un ours que ses amis ont attaché à un arbre pour lui permettre d’abattre au moins un animal. Mais Roosevelt fait libérer l’animal et le laisse partir, n’aimant que la chasse où l’animal a ses chances). Il semble que Roosevelt n’aimait pas du tout être désigné par le diminutif Teddy.

Roosevelt avait appris très jeune la taxidermie ce qui lui permettait d’empailler ses trophées de chasse.

En fait, c’était un homme doté de compétences dans divers domaines, comme les Américains d’autrefois pouvaient l’être : écrivain, naturaliste, explorateur.

Lancé dans la politique du parti Républicain, député au Parlement de l’Etat de New-York puis candidat au poste de maire de New-York, Roosevelt devient chef de la police de New-York où il combat la corruption. Puis il devient en 1897 l’assistant du ministre de la marine (Assistant Secretary of the Navy), en fait c’est lui le véritable décisionnaire.

A ce moment de l’histoire, une partie de Cuba, colonie espagnole,  s’est révoltée (une fois de plus) contre l’Espagne.

Les USA semblent favorables aux Cubains révoltés (d’autant que l’Espagne catholique et traditionaliste n’a rien pour plaire aux Yankees). Le cuirassé américain Maine, de passage à Cuba, est détruit par une explosion dans le port de La Havane. Les Américains rendent l’Espagne responsable de l’explosion (qui n’a jamais vraiment été éclaircie) et lui déclarent la guerre (1898).

La presse américaine, particulièrement les journaux du magnat Randolph Hearst, font campagne pour la guerre – ce dont Orson Welles se souviendra dans Citizen Kane, qui s’inspire du personnage de Hearst.

Theodore Roosevelt, en tant qu’assistant du ministre de la marine, a poussé à la guerre, puis a démissionné de son poste pour s’engager à la tête du régiment de volontaires qu’il a levé, The Rough Riders, pour participer à la campagne de Cuba ; il est surtout désireux de voir la guerre de près.

D’abord lieutenant-colonel puis colonel des Rough Riders, Roosevelt s’illustra en particulier à la bataille de San Juan Hill (c’est ainsi que les Américains l’appellent). Par la suite, il appréciait d’être appelé « colonel ».

Les Américains n’ont pas beaucoup de difficulté à battre l’Espagne, et à s’emparer de Cuba, Porto-Rico et des Philippines qui deviennent des protectorats ou des possessions américaines.

 

 

 

 

LE PRESIDENT

 

 

 

Après son épisode guerrier à Cuba, Roosevelt est élu gouverneur de New-York.

Puis il est désigné comme vice-président du président McKinley, qui se présente pour un deuxième mandat aux élections présidentielles de 1900 et remporte les élections.

Lorsque Mc Kinley est assassiné par un anarchiste en 1901, Roosevelt devient président pour le reste du mandat, puis est vainqueur aux élections présidentielles de 1904.

Pendant les 8 ans passés à la Maison-Blanche, Roosevelt sera très populaire chez les Américains des classes populaires – il prend des mesures en faveur des consommateurs et pour diminuer la puissance des grands groupes industriels et financiers (les trusts), il flatte la fibre patriotique des Américains.

Une de ses formules favorites est « the square deal » - il faut présenter aux gens, dans toutes les circonstances de la vie, un marché carré (honnête ou équitable).

A l’époque, le parti Républicain se situe un peu moins à droite sur l’éventail politique que ce ne sera le cas plus tard.

Le parti Démocrate est en train de le dépasser dans la défense des classes populaires. Mais dans le Sud, le parti Démocrate est en faveur de la ségrégation. Les ségrégationnistes ne cesseront de voter Démocrate qu’au milieu des années 1960, lorsque les Démocrates avec Lyndon Johnson donnent clairement leur appui à la politique des droits civils envers les Noirs. Alors l’électorat blanc conservateur du Sud se tournera vers les Républicains, après avoir voté Démocrate pendant un siècle. 

Roosevelt reçoit le Prix Nobel de la paix  pour sa médiation qui permet de terminer la guerre russo-japonaise.

Il crée des parcs nationaux et protège les forêts et monuments nationaux naturels.

Il interdit ou limite l’immigration des Chinois et Japonais, se prononce en faveur de l’eugénisme (préconisant la stérilisation des criminels et des malades mentaux) et tient des propos qu’on peut trouver racistes (sur les Indiens d’Amérique).

Sur les Noirs, il considère qu’il faut les traiter exactement comme des Blancs, selon leurs mérites, mais il ne prend pas de mesure contre la discrimination légale existante, du ressort des Etats fédérés il est vrai.

Par contre il accorde pour la première fois un poste ministériel à un Juif.

Il déclara que de toutes les guerres, la plus juste est la guerre contre les sauvages et qu’aussi atroces que soient parfois les actes des colonisateurs (Blancs, évidemment), leur victoire crée les bases du développement d’un grand peuple (il vise plus les cas où les Blancs s’installent sur un territoire pour fonder un nouvel établissement destiné à devenir autonome que la colonisation par une grande puissance proprement dite). Il déclara que dans l’histoire, quand les Musulmans avaient vaincu les Chrétiens, cela s’était toujours traduit par un recul de la civilisation.

Vis-à-vis des immigrants européens aux USA, Roosevelt  parlant des Américains d‘origine irlandaise ou allemande, déclara qu’ils ne devaient plus avoir qu’une patrie, les Etats-Unis, que le drapeau de leur pays d’origine ne devait pas être leur « deuxième drapeau », mais qu’ils ne devaient avoir qu’un seul drapeau, celui des USA. Mais voulait-il dire aussi que ces immigrants (et d’autres) devaient abandonner leur culture et pas seulement leur attachement « politique » à leur patrie d’origine ? Nous ne le savons pas.

Dans tous les cas, ce n’est pas vraiment ainsi que se comportaient les Américains issus de l’immigration. Par sympathie avec l’Allemagne, les Américains d’origine allemande furent partisans de la neutralité lorsqu’il fut question pour les USA d’entrer en guerre après 1914. Les Américains d’origine catholique irlandaise soutenaient activement les luttes des nationalistes irlandais contre la Grande-Bretagne.

 

 

 

 

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“School Begins,” Puck, January 25, 1899.

 L'école a commencé, caricature parue en 1899 dans le magazine satirique Puck (équivalent américain du Punch anglais). L'oncle Sam a de nouveaux éléves (qui n'ont pas l'air ravi) à discipliner : Cuba, Porto Rico, Hawaii, les Philippines.

Les autres élèves paraissent très sérieux. A la porte un petit Chinois se présente, tandis qu'un Indien placé près de la porte n'a pas l'air de faire des progrès : il lit son abécédaire à l'envers. Le Noir de l'école nettoie les carreaux.

 https://history105.libraries.wsu.edu/fall2014/2014/08/30/american-imperialism-and-its-effects-on-the-world/

 

 

 

 

LES DEBUTS DE LA PUISSANCE MONDIALE AMERICAINE

 

 

 

 

Theodor Roosevelt sera l’homme de la Big stick policy, la politique du gros bâton : l’Amérique a le droit d’intervenir partout où ses intérêts sont en jeu (sa formule exacte est : il faut parler doucement, mais avec un gros bâton à la main).

Les Etats-Unis interviennent militairement à Saint-Domingue, à Cuba de nouveau, acquièrent le canal de Panama et favorisent la création de l’Etat de Panama, en pratique sous leur contrôle.

Roosevelt envoie une flotte américaine (The Great white fleet, la grande flotte blanche, nom donné en raison de la peinture blanche des coques) faire le tour du monde pour faire connaître à tous les pays que les Etats-Unis sont devenus une puissance maritime.

 

 

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Le président Theodore Roosevelt s'adresse à l'équipage du USS Connecticut après le retour en Amérique de la Great white fleet, à Hampton Roads, Virginie, le 22 février 1909, peu avant la fin de son second mandat présidentiel.

 Wikipedia

 

 

 

 

Il ne se représente pas aux élections présidentielles de 1908 (il avait fait presque l’équivalent de deux mandats, mais n’avait été élu qu’une fois, ce qui lui donnait le droit de se représenter) ; il jouit de sa popularité et voyage dans le monde.

Il participe à une grande tournée en Afrique où il chasse et ramène de nombreux spécimens pour les musées.

En désaccord avec la politique suivie par son successeur républicain  le président Taft, Roosevelt essaie d’être désigné comme candidat républicain pour les élections de 1912 .

Mais le parti soutient la seconde candidature de Taft.

Theodore Roosevelt fonde alors le parti progressiste et se lance dans la campagne électorale de 1912 contre Taft et le candidat du parti Démocrate, Wilson.

Il donne à sa campagne une orientation populaire :

“This country belongs to the people. Its resources, its business, its laws, its institutions, should be utilized, maintained, or altered in whatever manner will best promote the general interest”.

(ce pays appartient au peuple. Ses ressources, son activité, ses lois, ses institutions, devraient être utilisées, maintenues ou modifiées de façon à avantager le mieux possible l‘intérêt général).

Mais sa candidature a divisé l’électorat républicain et c’est le Démocrate Wilson qui remporte l’élection.

En 1913 il participe à une expédition dans la jungle du Brésil à la recherche des sources d’un fleuve. Il contracte une blessure qui s’infecte et qui sera cause de problèmes de santé dans ses dernières années, d’autant qu’il a aussi été victime d’une blessure par balle en 1912 lors de la campagne électorale.

Il fait ensuite campagne pour l’entrée en guerre des Etats-Unis contre l’Allemagne pendant la guerre 14-18 (il est dommage qu’il n’ait pas plutôt été favorable à une médiation comme lors de la guerre russo-japonaise).

Il entreprend de lever des régiments de volontaires dans le genre des Rough Riders – mais la décision du président Wilson d’entrer en guerre en 1917 rend inutile ces volontaires aventuriers à l’ancienne, dont Wilson ne veut pas –ce qui mortifiera Roosevelt.

Après avoir envisagé d’être de nouveau candidat républicain à la présidence aux prochaines élections, il meurt en 1919, des complications causées notamment par l’infection contractée durant l’expédition au Brésil, à 60 ans.

 

Il est considéré comme un des plus grands présidents américains, qui ont permis d’accroître la puissance et l’influence des USA.

En 1925 le président (Républicain) Calvin Coolidge approuve l'idée de sculpter dans la roche du Mont Rushmore (Dakota du Sud) un monument avec les figures de quatre présidents, Washington, Jefferson, Lincoln et Roosevelt. Les travaux durent de1927 à 1941.

 

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 Le memorial national du Mont Rushmore, avec de gauche à droite les visages de Washington, Jefferson, Theodore Roosevelt et Lincoln.

Le monument fait polémique pour certains, car il est installé sur une montagne sacrée des Indiens. De plus, chacun des présidents représentés peut être accusé de violence envers les Indiens ou les Noirs, y compris Lincoln (qui fit fusiller des Indiens qui s'étaient rebellés durant la guerre de Sécession). 

 https://www.travelsouthdakota.com/explore-with-us/great-8/mount-rushmore#/gallery/recent

 

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Le visage de Roosevelt, avec son célèbre pince-nez (lorgnons sans branches) sculpté dans la roche du Mont Rushmore (Dakota du Sud)

 https://abagond.files.wordpress.com/2013/10/mount-rushmore-rooseveltreview-of-the-imperial-cruise-a-secret-history-of-empire-and-war-t0vlbfmf.jpg

 

 

 

 

 

 

UN JUGEMENT SUR THEODORE ROOSEVELT ?

 

 

 

 

 

Il est difficile de « juger » Theodore Roosevelt à l’aune de ce que nous estimons aujourd’hui politiquement correct.

Il fut un démocrate et un humaniste pour certains aspects de sa politique. Il fut aussi, selon les tendances de l’époque, un impérialiste convaincu que les civilisés devaient dominer les « sauvages » et un adepte d’une politique de puissance, bien que de façon mesurée.

On peut trouver que ce qui a été le plus contestable fut sa position lors de la première guerre mondiale, où il s’efforça d’impliquer les Etats-Unis (il n’était plus président à ce moment) au lieu d’inviter les belligérants à rechercher une paix de compromis.

Le président Wilson refusa d’impliquer les USA et oeuvra pour la paix jusqu’au moment où –en partie en raison de la pression des bellicistes comme Roosevelt – il fut contraint à entrer en guerre en 1917 (l’opinion publique avait fini par devenir hostile aux Allemands pour leurs actes de guerre contre les neutres, comme le torpillage du paquebot Lusitania). Wilson justifia l’entrée en guerre par des considérations idéalistes (son plan pour l’après-guerre et la constitution de la Société des Nations).

Quant aux Américains d’origine allemande (on a vu que Theodore Roosevelt voulait que les immigrés rompent leurs liens avec leur ancienne patrie), comme on trouvait leur fidélité douteuse, on enferma un grand nombre de familles entières dans des camps jusqu’à la fin de la guerre (ce fut aussi le cas pour les Américains d’origine japonaise pendant la 2ème guerre).

Il est dur de trouver un dirigeant ayant agi sainement au moment de la guerre – sauf si évidemment on entre dans l’idée que la victoire d’un camp ou d’un autre était un objectif souhaitable, et non le rétablissement de la paix …

 

 

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A gauche, portait (posthume) de Theodore Roosevelt en franc-maçon par l'artiste Travis Simpkins (2015), à droite photographie du président Roosevelt.

 Theodore Roosevelt fut initié en 1901 à la Loge Matinecock No. 806 de Oyster Bay, New-York, et resta toute sa vie un maçon assidu.

" One of the things that attracted me so greatly to Masonry that I hailed the chance of becoming a Mason, was that it really did act up to what we, as a government and as a people, are pledged to—namely, to treat each man on his merits as a man"

" Une des choses qui m'a grandement attiré vers la maçonnerie et m'a fait saisir l'occasion d'y entrer, c'est qu'elle a vraiment réalisé ce que nous, comme gouvernement et comme peuple, nous engageons à faire : traiter chaque homme selon ses mérites en tant qu'être humain" (Théodore Roosevelt).

 http://www.artcrimeillustrated.com/2015/10/theodore-roosevelt-freemason-26th.html 

 

 

 

 

UN AUTRE ROOSEVELT

 

 

 

La crise de 1929 frappe les USA (et le reste du monde) et décrédibilise les Républicains au pouvoir. Le président Coolidge s’en remet à la méthode Coué et répète que « la prospérité est au coin de la rue ».

Cela ne suffit pas et en 1934, un autre Roosevelt est élu, Franklin Delano Roosevelt, cousin éloigné de Théodore (et marié à une autre cousine, Eleanor Roosevelt), pour le parti Démocrate.

Il est le premier Démocrate à revenir au pouvoir depuis la fin du mandat de Wilson.

On peut  considérer Franklin Roosevelt comme l’héritier de Theodore par son progressisme, son attention envers les classes populaires et moyennes et le renforcement de la puissance américaine qui résulte de sa présidence, bien qu’ils aient appartenu l’un au parti Démocrate, l’autre au parti Républicain.

Franklin Roosevelt  engage la politique de relance économique du New Deal (« la nouvelle donne » ou le « nouveau marché », au sens de contrat) et affronte les régimes totalitaires pendant la deuxième guerre mondiale, donnant aux USA un rôle encore plus grand de défenseur de la démocratie.

Les USA deviennent alors pour plusieurs décennies le pays leader du monde occidental, face à l’URSS, leader du bloc communiste.

 

 

 

L’ORIGINE DU DRAPEAU ROUGE ET NOIR

 

 

 

 

Dans un tout autre univers que l’Amérique de Theodore Roosevelt ou de Franklin Roosevelt, il y a le drapeau coupé en diagonale rouge et noir, qui est parfois utilisé par les mouvements antifascistes actuels.

Ce drapeau, qui reprend dans un seul symbole le drapeau rouge des révolutionnaires socialistes puis communistes et le drapeau noir des anarchistes, paraît être au départ, le drapeau de la CNT espagnole et plus particulièrement catalane, la  Confédération nationale du travail (Confederación Nacional del Trabajo, en espagnol, Confederació Nacional del Treball, en catalan), dont le rôle durant la guerre d’Espagne (ou guerre civile espagnole de 1936-39) est bien connu.

La CNT, à la fois syndicat et organisation politique dans la tradition de l’anarcho- syndicalisme, fut créée à Barcelone en 1910. Ce fut un mouvement très puissant, réunissant deux millions d'adhérents au début de la guerre civile, implanté notamment en Catalogne, mais aussi en Asturies, Pays valencien, Aragon.

Lors de la guerre civile, la CNT fusionna avec la FAI, Federació Anarquista Ibèrica,  Fédération anarchiste ibérique

La CNT appartenait à la coalition républicaine (en fait réduite aux partis de gauche et d’extrême-gauche) en lutte contre les nationalistes (anticommunistes et partisans des hiérarchies traditionnelles avec quelques mouvements plus clairement fascistes) qui avaient pris le contrôle d’une partie du pays grâce à un  soulèvement militaire (juillet 1936) dirigé par plusieurs généraux, dont Franco : ce dernier allait rapidement devenir le commandant en chef des forces nationalistes.

Bien que se réclamant de l’anarchisme, la CNT, en raison des nécessités de la guerre, se comportait comme un parti structuré et exigeant la discipline de ses membres.

L’influence de la CNT inquiéta les autres partis de la coalition républicaine, notamment le parti communiste, qui imposait ses vues aux autres partis de gauche.

Les positions doctrinales du parti communiste et de la CNT, qui se disait « anarchiste » (en fait un anarchisme très discipliné), en faisaient des rivaux et à terme des ennemis. Le parti communiste prétendait que la CNT faisait le jeu des fascistes (les franquistes et leurs alliés de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste, qui apportaient leur aide militaire au camp franquiste) soit involontairement, soit de façon délibérée.

L’hostilité entre les deux tendances déboucha sur les combats de rue à Barcelone en  mai 1937, suivis par une reprise en main brutale par la coalition dominée par les communistes. Les militants de la CNT furent arrêtés, parfois exécutés et la CNT dut se soumettre.

C’est ainsi que le leader de la CNT, Andreu Nin, fut enlevé et disparut sans laisser de traces. Sur les murs, les partisans de la CNT écrivaient : Où est Nin ?  Et leurs adversaires (pourtant du même camp républicain) répondaient ironiquement : à Berlin  (chez les nazis, puisque la thèse officielle communiste était que les anarchistes de la CNT étaient des complices des nazis) ou à Salamanque (siège pendant un moment du gouvernement de Franco).

Evidemment Nin n’était dans aucun de ces endroits. Il fut exécuté sur ordre du général Orlov, responsable du NKVD (service d’espionnage soviétique) en Espagne, envoyé par Staline auprès du gouvernement républicain espagnol.

Peu après Orlov reçut l’ordre de regagner l’URSS. Or il savait que des purges avaient lieu en URSS. Ayant des soupçons qu’il était sur la liste des prochaines victimes, il passa à l’Ouest et demanda l’asile aux USA qui eurent la gentillesse de l’accueillir (malgré le sang qu’il avait certainement sur les mains et pas que celui de Nin, dont les Américains se fichaient probablement).

Les services américains installèrent Orlov avec sa famille aux USA et lui trouvèrent un poste de professeur d’université. Il put ainsi mener le reste de sa vie tranquillement, considéré comme un expert par les Américains en matière de renseignement et de lutte contre l’influence soviétique.

 

La profonde division à l’intérieur du camp républicain, marquée par l’épisode de quasi  guerre civile de mai 1937, qui se termina par la remise au pas de la CNT, fut sans doute un des facteurs de la victoire du camp franquiste (ou nationaliste) en 1939.

 

 

 

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 Drapeau du syndicat/parti FAI.CNT, pendant la guere civile espagnole.

La CNT (Confederación Nacional del Trabajo,en espagnol, Confederació Nacional del Treball, en catalan), fusionna en juin 1937 avec la Federació Anarquista Ibèrica,  Fédération anarchiste ibérique, qui avait été créée par des membres de la CNT une dizaine d'années auparavant et formait un mouvement parallèle à la CNT, plus doctrinal et d'orientation plus clairement anarchiste.

Wikipedia

 

 

 

 

 

LES ANTIFAS

 

 

 

Dans les mouvements antifascistes actuels, le drapeau rouge et noir de la CNT (ou imité de la CNT) est parfois utilisé, selon les cultures propres à chaque pays.

Il existe encore divers syndicats se réclamant de l’anarchisme sous le sigle CNT, dont un syndicat français d’ailleurs scindé en mouvements concurrents.

 

 

 

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 Manifestation antifasciste à Lyon, en 2011, drapeaux rouge et noir en diagonale.

https://rebellyon.info/Retour-en-photo-sur-la#&gid=1&pid=8

 

 

 

La mouvance antifasciste utilise aussi un logo qui représente les deux drapeaux (rouge et noir) accolés (parfois le drapeau rouge est le plus visible, parfois c'est le noir), logo lui-même  souvent reporté sur un drapeau. Ce logo/drapeau tend à supplanter le drapeau rouge et noir en diagonale.

Selon Wikipedia (article Antifascisme), la mouvance actuelle des groupes autonomes Action antifasciste s'inspire directement de l’Antifaschistische Aktion allemande, dont elle a notamment emprunté le logo qui représente, en son centre, deux drapeaux parallèles : le rouge pour le communisme et le noir pour l’anarchisme.

 

 

L'utilisation de ces drapeaux/logos est aussi fonction des appartenances à une tendance ou l'autre de l'antifascisme et plus largement de l'extrême-gauche révolutionnaire et libertaire.

L'utilisation du logo avec les deux drapeaux accolés  existe dans la plupart des pays où le mouvement antifasciste est représenté et parait avoir aussi gagné les Etats-Unis.

 

 

 

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Manifestation antifasciste à Marseille, 1er mai 2014.

Les drapeaux rouges ou noirs portant le logo avec les deux drapeaux accolés de l'action antfasciste voisinent avec les drapeaux coupés en diagonale avec le sigle AL (Alternative libertaire)

http://forum.anarchiste-revolutionnaire.org/viewtopic.php?f=72&t=1793&start=120

 

 

 

En France, la mouvance antifasciste  prend le diminutif d’antifa.

Les antifascistes actuels se situent dans la continuité de la CNT espagnole, mais également de l’antifascisme italien.

Cela peut paraître logique que l’Italie, pays où est apparu historiquement le fascisme, ait aussi donné naissance aux antifascistes.

Un des slogans des antifascistes français (et ailleurs en Europe, là où cette mouvance existe ?) est en italien :

Siamo tutti antifascisti

Nous sommes tous des antifascistes

Dans ce slogan, il est difficile de savoir si « tous » désigne seulement les membres du groupe antifasciste ou bien l’ensemble de la population (hormis les dits fascistes évidemment), invités en quelque sorte à se rallier aux militants les plus combattifs.

De la même façon, le chant favori des antifa en France, et bien sûr en Italie, est Bella ciao, le chant des partisans communistes italiens durant la guerre (sans se soucier si ces communistes étaient plutôt staliniens).

 

C’est ici qu’on peut s’interroger sur l'appellation antifasciste.

Au sens strict elle renvoie au fascisme mussolinien.

Par extension, on admettra qu’elle renvoie aussi au nazisme et aux totalitarismes de même orientation idéologique.

Mais les actuels mouvements antifascistes ne doivent pas grand-chose à la lutte historique contre le fascisme ou le nazisme.

En Italie notamment, les antifascistes historiques représentaient un éventail allant des démocrates-chrétiens du prêtre Don Sturzo aux communistes de Togliatti, en passant par des républicains libéraux, des fédéralistes, des socialistes et même certains monarchistes. L’antifascisme historique italien ne se situait donc pas à l’extrême-gauche, mais isolait le fascisme contre lequel les autres formations et sensibilités politiques (ou idéologiques), très diverses, se regroupaient.

 

Les mouvements antifascistes actuels paraissent plutôt les successeurs des mouvements révolutionnaires apparus dans les années 70 dans l’ultra-gauche (en France, en Italie et en Allemagne) comme mouvements combattant non seulement les éventuelles résurgences du fascisme historique (ou ce que les antifascistes estiment tel) mais tout autant la société capitaliste et « bourgeoise » (cette dernière formulation tend à disparaître, peut-être parce que trop datée), ainsi que l’impérialisme occidental, notamment américain.

Le slogan Siamo tutti antifascisti a été inventé par ces nouveaux mouvements italiens d’extrême-gauche.

Depuis, les antifascistes ont aussi ajouté à la liste de leurs combats la défense des minorités sexuelles, voire l'anti-spécisme.

En fait, antifasciste est ici l’équivalent d’extrême-gauche.

Le mot antifasciste devrait donc être mis entre guillemets car les ennemis dénoncés par ces groupes vont bien au-delà des équivalents actuels (ou estimés tels) du fascisme historique*.

                                                                    * Ajout 2021 : on cite un extrait de l'article de la démographe Michèle Tribalat (mentionné plus haut) qui se réfère aux éudes du journaliste Andy Ngo sur le développement du  mouvement antifasciste aux USA : " Les  Antifas sont présentés par la gauche comme des héros luttant contre le fascisme et le suprématisme blanc. Si tous ne sont pas des militants violents, leur conception du fascisme est très étendue et regroupe à peu près tout ce qui s’oppose à leur utopie visant à faire table rase des institutions, de l’histoire et de la culture américaines." M. Tribalat note "L’influence grandissante  des Antifas sur la gauche conventionnelle".

 

 

Nous avons une idée des combats des antifascistes par l’article suivant, paru sur le site https://paris-luttes.info/compte-rendu-de-la-marche-7312

 

Compte-rendu de la marche antifasciste contre tous les racismes

 Publié le 30 décembre 2016

 

Les expulsions régulières des camps de migrants ou de Roms, la traque que l’État met en place pour pouvoir les expulser, les groupes fascistes qui tentent d’occuper les universités, la répression touchant les quartiers populaires au quotidien, les crimes policiers racistes, la région d’Île-de-France qui décide de ne plus financer les études contre les discriminations, sont tant d’exemples qui ont poussé de nombreux individus et collectifs à s’organiser à deux reprises au sein d’une assemblée générale antifasciste.

 L’envie principale était de pouvoir se retrouver dans la rue tous ensemble pour affirmer que Paris est antifasciste et que nous serons toujours là pour répondre aux racistes, d’où qu’ils viennent.

 Le cortège s’élance, environ 500 personnes, des slogans fusent : « Siamo Tutti Antifascisti », « Première, deuxième, troisième génération, nous sommes tous des enfants d’immigrés », « Tout le monde déteste la police », « Face au racisme, riposte populaire », « Libérez Anto », « Tout le monde déteste les racistes » et pleins d’autres.

 

Les antifascistes combattent donc l’Etat démocratique dont ils refusent les politiques de sécurité ou de lutte contre l’immigration clandestine, qui pourtant sont assez faiblement efficaces.

Comme ces politiques existent dans à peu près tous les pays démocratiques, on conclura que tous les pays démocratiques, qu’ils aient des gouvernements de droite, du centre ou de gauche modérée, sont « fascistes » ou presque pour les antifascistes.

Ils considèrent aussi, bien entendu, comme racistes toutes les positions désapprouvant l'immigration.

Les antifascistes apparaissent essentiellement dans des manifestations qui tournent souvent à l’affrontement avec la police -  qu’il s’agisse de manifestations contre les politiques gouvernementales ou contre des groupes d’extrême-droite. D’autres militants de mouvances radicales distinctes participent aussi à ces affrontements qui sont souvent accompagnés de destructions de vitrines, mobilier urbain, véhicules.

Il n’est pas rare qu’une partie de l’opinion intellectuelle de gauche exprime à leur égard une forme de compréhension ou de soutien.

 

 

 

LES DEMOCRATES ET LES REGIMES AUTORITAIRES

 

 

 

Dans l’histoire, des hommes comme le général de Gaulle, Franklin Roosevelt ou Churchill furent sans doute des véritables antifascistes, puisqu’ils combattaient justement le fascisme et le nazisme. Il est peu probable pourtant que le terme « antifasciste » soit adéquat pour les désigner, dans le sens particulier qu’il a fini par prendre.

De plus, combattre le fascisme dans certaines circonstances ne signifie pas combattre tous les régimes autoritaires de droite partout où ils existent.

Churchill, avant la deuxième guerre, avait exprimé des opinions favorables au régime de Mussolini, ce qui ne voulait évidemment pas dire qu’il le trouvait bon pour le Royaume-Uni. L’idée était que malgré ses défauts, le régime était bon (ou un moindre mal) pour l’Italie (Antoine Capet, Churchill, le fascisme et les fascistes, in A droite de la droite, Droites radicales en France et en Grande-Bretagne au  xxe siècle https://books.openedition.org/septentrion/16141).

D’une certaine façon, si la Grande-Bretagne et la France n’avaient pas condamné en 1936 l’agression italienne en Ethiopie (Abyssinie de l’époque),  Mussolini, qui estimait que les puissances démocratiques lui interdisaient hypocritement de se constituer un empire colonial alors qu’elles-mêmes avaient eu recours à la force pour se constituer leur propre empire, ne se serait pas rapproché de Hitler et aurait peut-être été dans le camp des Alliés durant la guerre (avec des si…).

 Les démocraties occidentales ont combattu l’hitlérisme, (et son allié fasciste italien) et l’impérialisme japonais, qui avaient entrepris une lutte pour la domination mondiale et voulaient imposer au reste du monde leur idéologie et leur violence d’Etat.

Lorsque cet ennemi fut vaincu, ce fut le communisme qui devint l’antagoniste des pays occidentaux – sans aller jusqu’à la guerre ouverte (bien que celle-ci ait été frôlée dans certains cas et que des confrontations indirectes aient eu lieu comme en Corée). La chance des Occidentaux fut que le bloc communiste se divisa en deux, le bloc soviétique et ses alliés et le bloc chinois et ses alliés, et que ces deux blocs prirent des attitudes antagonistes.

La doctrine officielle des pays occidentaux, rangés derrière les USA malgré l’opposition d’une partie de l’opinion, là où les partis communistes étaient forts, (comme en France et en Italie) fut le « containment » - contenir l’expansion du communisme plutôt que l’affronter directement (militairement). Ce fut la période de la guerre froide.

Le containment (ou endiguement) passait par le soutien aux régimes anticommunistes, même peu ou pas du tout démocratiques.

Lors de son fameux discours devant le Congrès des Etats-Unis le 12 mars 1947, le président Harry Truman (Démocrate) exposa la doctrine du containment et déclara que les USA apporteraient leur aide au gouvernement grec en lutte contre les communistes (prenant ainsi la suite de la Grande-Bretagne qui n'était plus en état financièrment de continuer cette aide). Dans le même temps, les USA aideraient la Turquie.

 

 

 

truman_doctrine

Le  président Truman devant le Congrès le 12 mars 1947 expose la doctrine du containment.

http://www.emersonkent.com/speeches/the_truman_doctrine.htm

 

 

 

Si en 1947 la Grèce et la Turquie pouvaient apparaître comme des démocraties, peut-être imparfaites, menacées par le communisme, plus tard les USA ou la Grande-Bretagne (dans une moindre mesure), apporteraient leur aide à des régimes clairement dictatoriaux : l'Espagne de Franco, la Grèce de la junte des colonels, le Chili du général Pinochet.

Quant au Portugal de Salazar, la Grande-Bretagne l'avait toujours considéré, avant même la période de la guerre froide, comme un allié sûr et les Américains feraient de même. 

Les démocraties occidentales n’avaient aucune raison  de vouloir abattre les régimes autoritaires de droite (ou d’extrême-droite ?) qui ne menaçaient pas la paix mondiale et qui avaient l’avantage d’être anticommunistes (et parfois, plus prosaïquement, d’agir conformément aux intérêts économiques des puissances occidentales, par exemple en Amérique latine).

On qualifie volontiers, dans les milieux de gauche et d’extrême-gauche,  les régimes autoritaires de droite de fascistes, même si leurs fondements sont très différents du fascisme historique et à plus forte raison de l’hitlérisme.

 

 

 

 

REGIME DE DROITE OU EXTREME-DROITE ?

 

 

 

La question de savoir si les régimes franquiste, salazariste, des colonels grecs ou la dictature militaire au Chili (pour se limiter aux cas de pays européens ou européanisés) étaient des régimes autoritaires de droite ou bien d’extrême-droite est peut-être une question oiseuse.

La notion d’extrême-droite est utilisée pour décrire des mouvements, rejetant la démocratie et le parlementarisme, qui veulent s’imposer au pouvoir par la force (même s’ils prétendent avoir le soutien de la majorité) et défendre certaines valeurs patriotiques, morales, raciales, religieuses (mais pas forcément tout cela à la fois). Il n’y a pas une seule extrême-droite mais plusieurs.

De ce point de vue certains des régimes décrits présentent des aspects d’extrême-droite. Ils s’étaient établis par la force dans presque tous les cas et subsistaient en refusant de recourir à des élections libres (quand il y avait des élections, en gros, seuls les candidats du parti au pouvoir pouvaient se présenter).

Mais ces régimes étaient essentiellement conservateurs autoritaires plus qu’extrémistes ou à plus forte raison fascistes.

Parfois, situer politiquement un régime est compliqué. Ainsi, le régime de Juan Peron en Argentine (1946-1955) peut être considéré comme un régime autoritaire - mais était-il conservateur ou d'extrême-droite ? Il se présentait comme progressiste et favorable aux classes populaires - mais il était aussi anticommuniste et accueillant pour de nombreux nazis fuyant l'Europe après la défaite nazie de 1945. Lorsque l'Argentine devint une dictature militaire après la fin de la deuxième période de pouvoir de Péron (mort en 1973), les Péronistes furent dans l'opposition, et revinrent au pouvoir quelque temps après le rétablissement de la démocratie. Mais le parti justicialiste (péroniste) avait évolué et était désormais un parti de centre-gauche.

Dans les exemples que nous allons examiner,  le régime autoritaire ne rejette pas le capitalisme ou le libéralisme économique, alors que les régimes fascistes prétendaient le faire (ou au moins subordonnaient les entreprises privées et même toute activité à l’Etat).

En outre, aucun des régimes conservateurs autoritaires n’avait d’idéologie raciale affirmée.

Par contre ils affichaient un  patriotisme de combat, fondé sur la fierté nationale, renforcé du fait que le pouvoir était souvent exercé par des militaires (mais le patriotisme est présent dans beaucoup de régimes démocratiques). Le nationalisme des dictatures conservatrices était présenté comme antagoniste de l’idéal communiste internationaliste et était généralement sans visée expansionniste.

D’autres raisonnements sont possibles à partir de la notion de totalitarisme : les dictatures conservatrices présentent des aspects totalitaires (parti unique,  régime policier, culte du chef parfois, mais pas toujours) sans toutefois réunir l’ensemble des caractéristiques du régime totalitaire (dont la définition est aussi discutée !).

Selon Wiklipedia (article Totalitarisme) : « L'expression vient du fait qu'il ne s'agit pas seulement de contrôler l'activité des personnes, comme le ferait une dictature classique. Le régime totalitaire va au-delà en tentant de s'immiscer jusque dans la sphère intime de la pensée, en imposant à tous les citoyens l'adhésion à une idéologie obligatoire, hors de laquelle ils sont considérés comme ennemis de la communauté. »

Enfin, le régime conservateur peut garder une façade parlementaire et politiquement libérale. C’est le cas  du gouvernement grec pendant la guerre civile (1946-1949) : le gouvernement royaliste grec se présentait comme partisan de la monarchie constitutionnelle et de la démocratie parlementaire pluraliste, en lutte contre le communisme qui voulait supprimer la démocratie.

 

 

 

 

 

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Commentaires
Le comte Lanza vous salue bien
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