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Le comte Lanza vous salue bien
29 avril 2017

LES ANCIENS COMMUNARDS ET LE GENERAL BOULANGER, EN MARGE DE LA COMMUNE DE 1871 2ème partie

 

 

 

LES ANCIENS COMMUNARDS ET LE GENERAL BOULANGER,

EN MARGE DE LA COMMUNE DE 1871

2ème partie

 

 

 

 

 

 

 L'ELECTION DE PARIS EN JANVIER 1889

 

 

 

En 1889, les Boulangistes entraient dans la tourmente. 1889 devait être l'année des élections législatives à laquelle le mouvement se préparait par une intense campagne pré-electorale, faisant appel notamment à la diffusion de photographies et d'objets à l'effigie de Boulanger, dont un tableau de Jean-Eugène Buland fournit le témoignage.

 

  

800px-Jean-Eugène_Buland_-_Propagande

 Propagande, par Jean-Eugène Buland, 1889

Musée d'Orsay

Art Renewal Center, Domaine public

Un colporteur du parti boulangiste, sans doute ancien militaire comme le montre son képi, présente des objets de propagande à une famille de paysans. Même si l'idée d'un colporteur vendant des objets et affiches à l'effigie du général Boulanger nous paraît aujourd'hui, renvoyer au monde d'autrefois, c'était pour l'époque une nouvelle façon de faire campagne, inspirée des méthodes qui avaient cours aux Etats-Unis.

La technique presque photographique de l'artiste Jean-Eugène Buland préfigure les dessins de l'américain Norman Rockwell représentant la vie quotidienne de l'Amérique des années 1930 à 1960.

 https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6487707

 

 

 

800px-Départ_des_affamés_du_2_décembre

 

Caricature de Pépin (pseudonyme de Claude Guillaumin) dans Le Grelot (journal satirique républicain, antiboulangiste),

2 décembre 1888. "Départ des affamés du 2 décembre".

Boulanger est comparé à Louis-Napoléon Bonaparte (auteur du coup d'état du 2 décembre 1851, qui va instaurer le Second empire qui s'effondrera avec la défaite de Sedan); son cheval est tenu par la bride par Rochefort qui porte une pancarte "Honneur au fusilleur de la semaine sanglante 1871". A ses côtés, Déroulède avec le drapeau de sa ligue, rebaptisée "déroulédiste". Au premier plan, Naquet qui porte des têtes de rechange du général (pour les candidatures multiples). Derrière le général tous les cadres du mouvement et les partisans bonapartistes, royalistes et j'menfoutistes.

Les gardes du corps paraissent hors d'âge et sont probablement d'anciens bonapartistes - et peut-être aussi d'anciens Communards pour certains, vêtus plus chichement ? Les journaux favorables applaudissent aux fenêtres.

 Wikipedia

 

 

 

 

 

 

Un député de Paris étant décédé, des élections partielles furent organisées le 27 janvier 1889.

Le général Boulanger s'y présenta.

Ses adversaires lui opposèrent le radical Jacques, un brasseur, président du conseil général de la Seine.

Ce choix ne satisfaisait pas les modérés. La Revue des Deux mondes, organe des modérés et des conservateurs non ralliés à Boulanger, écrit, en parlant des républicains de gouvernement :

 

" Et après avoir fait le mal, quel remède ont-ils à offrir ? Ils n’ont trouvé rien de mieux que de convier pathétiquement les républicains de toutes les nuances, les modérés comme les autres, à voter pour un candidat radical, purement radical. Et si vous n’êtes pas convaincus, on vous répondra que Paris, le vrai Paris avec lequel il faut compter, n’en accepterait pas d’autre. D’où il faut conclure que les modérés, qui n’ont pourtant jamais aidé à la fortune de M. le général Boulanger, ne comptent pas et qu’ils doivent s’estimer trop heureux de se résigner à la candidature radicale, de combattre un mal avec un autre mal. C’est une homéopathie d’un nouveau genre dont s’accommodera qui voudra !

On veut bien nous dire, il est vrai, sans doute pour rassurer les gens timides et de bonne volonté, qu’il ne faut rien exagérer, que ce radical n’est point un radical trop farouche, qu’on aurait pu choisir un candidat bien autrement accentué, M. Hovelacque ou peut-être M. Cluseret, que M. Jacques est après tout un homme d’affaires entendu et mesuré ... un citoyen paisible, un distillateur expérimenté, un président pacifique du conseil-général de la Seine...

(...) voter pour M. Jacques, ce n’est pas réellement voter contre le général Boulanger, c’est voter encore pour ce qui conduit au général Boulanger ; c’est voter pour tout ce qui prolonge et aggrave une de ces crises d’anarchie où prospèrent les idées de dictature."

 

De son côté, le journal Le Temps, organe républicain modéré proche des milieux dirigeants et du monde des affaires, défend l'idée d'un vote de défense républicaine, allant des républicains opportunistes aux radicaux :

"Voter pour M. Jaques, c'est aussi bien voter pour M. Ferry que pour M. Clemenceau".

 

 Une manoeuvre des Blanquistes (du comité central socialiste révolutionnaire) suscite un autre candidat à gauche, Boulé, divisant ainsi l'électorat d'extrême-gauche. Il s'agit probablement d'une manoeuvre en accord avec les Bouangistes. En septembre, Boulé sera candidat boulangiste (non élu).

Cette manoeuvre n'était sans doute pas connue lors de l'article de la Revue des deux mondes, qui émet seulement l'hypothèse qu'à la place de Jacques, les républicains auraient pu faire pire et choisir  un candidat encore plus à gauche (et donc encore plus inacceptable pour les modérés), Hovelacque (on a déjà rencontré cet homme politique et scientifique, président en 1887- 88 du conseil municipal de Paris, par ailleurs un des représentants du racisme scientifique, voir notre message Marseille et Paris en 1887), ou même Cluseret !

 

La campagne fut menée avec des méthodes nouvelles. On parla de "campagne à l'américaine" surtout pour qualifier celle de Boulanger.

"... le gouvernement présenta la candidature de M Jacques (...), et la soutint avec toutes les forces dont il pouvait disposer ; après une lutte ardente et une profusion inusitée d'affiches et de manifestes, le général fut élu à l'immense majorité de 245 236 voix sur 444 564 votants et 569 197 inscrits, contre 162 875 voix données à M. Jacques, radical, et 17 039 à M. Boulé, révolutionnaire socialiste." ( ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, site de 'Assemblée nationale )
 

Boulanger l' a emporté aussi bien dans des arrondisements populaires que des arrondisements plus bourgeois.

 

Il suit les résultat des élections avec son état-major dans un café de la place de la Madeleine, Durand.

Devant l'ampleur de sa victoire, ses partisans, notamment Déroulède et Naquet, le pressent d'agir et  lui demandent de marcher sur l’Elysée pour chasser le président Sadi Carnot.

50 000 personnes fêtaient la victoire devant le café, prêts à se mobiliser, les membres de la Ligue des patriotes de Déroulède sont prêts à agir.

Il semble que Boulanger va consulter sa maîtresse, Madame de Bonnemains, qui est dans un salon voisin et qui probablement, lui conseille de ne pas bouger.

 Boulanger répond à ses partisans : pourquoi prendre des risques maintenant ? Dans 6 mois, j'arriverai légalement au pouvoir.

Il aurait aussi dit (peut-être dans une autre occasion) : Pour faire un coup d'Etat, il faut 9 chances sur 10 de réussir et encore on hésite.

Cette prudence déçoit certains de ses partisans qui pensent que l'occasion est manquée.

Le journaliste bonapartiste Thiébaud,  déclara : «  Il est minuit cinq. Depuis 5 minutes, le Boulangisme est en baisse ».

 

 De son côté, Léon Daudet, témoin visuel, écrira, trente ans après :

" Au plus fort du mascaret […] il eût suffi au vainqueur […] de se diriger à pied, entouré de ses amis, vers l’Elysée, pour emporter tout, renverser le régime et porter le titre qui lui aurait plu. Mais il ne pensait qu’à jouir de son prestige, des clameurs passionnées de la foule géante, et aller le plus tôt possible coucher avec sa maîtresse. "

 

 

Boulanger_sortant_du_restaurant_Durand_(Monde_illustré,_1889-02-02)_jpeg

 

"Les élections du 27 janvier. Les abords du restaurant Durand au moment de la sortie du général Boulanger, à une heure du matin [le 28 janvier 1889]. (Dessin de M. Louis Tinayre).

Le Monde illustré, 2 février 1889

Wikipediacommons

 

 

 

 

LA CONTRE-ATTAQUE DU GOUVERNEMENT

 

 

 

 Le gouvernement ne va pas perdre de temps.

Le ministère Floquet ne résista à l'échec représenté par la victoire de Boulanger que peu de temps, " mais il se prépara au combat, excité par toute la presse opportuniste" (ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires).

Le scrutin uninominal, destiné à enrayer les « tentatives plébiscitaires », fut rétabli d'urgence  à la place du scrutin de liste (11 février 1889).

Puis Floquet fut mis en minorité sur la question de la révision constitutionnelle.

Il avait en effet proposé une modification de la Constitution.

Voter l'ajournement de cette proposition, c'était donc pour  certains refuser d'ouvrir des débats qui pouvaient être favorables au Boulangisme, pour d'autres refuser la révision proposée par Floquet et le faire chuter. Des Boulangistes votèrent donc pour l'ajournement.

 

L'ajournement fut voté par une majorité de députés  pour des raisons diverses et parfois opposées (307 voix contre 228).

 

Le vote provoqua la chute du ministère Floquet, remplacé par Pierre Tirard. Le nouveau ministre de l’intérieur était Ernest Constans.

Tirard et Constans, avec l’approbation du président de la république Sadi Carnot, poursuivirent l’offensive.

 Ils commencèrent par s'en prendre à la Ligue des patriotes, devenue l'auxiliaire du mouvement boulangiste.

Le prétexte de la dissolution de la Ligue des patriotes est l’intervention de celle-ci  à propos de l’affaire de Sagallo ou affaire Atchinoff.

 

 

 

L'AFFAIRE DE SAGALLO

 

 

 

Une troupe de cosaques, avec femmes et enfants, dirigée par un nommé Atchinoff, un  orthodoxe exalté, s’est installée sur la côte de nord-est de l’Afrique, à Sagallo, près des possessions  françaises d’Obock et Djibouti.

Le gouverneur français d’Obock, après leur avoir ordonné de partir sans résultat, fait ouvrir le feu sur leur village par une flotille de guerre. Il y a quelques  victimes dont des femmes et enfants. Les cosaques sont expulsés.

La Ligue des patriotes proteste contre le gouvernement qui a fait tirer sur les ressortissants d’un pays ami.

 

" Le 28 février 1889, plusieurs journaux du matin publiaient le document suivant :

Le comité directeur de la Ligue des patriotes, parlant et agissant au nom des 240 000 ligueurs de France, proteste avec la plus vive indignation contre les inqualifiables procédés du gouvernement parlementaire désavoué par tous les patriotes, qui n'a pas craint de faire verser le sang russe par des mains françaises, et envoie à la grande nation amie l'expression de son deuil cordial, de ses regrets sincères et de son fraternel dévouement.

Le comité directeur ouvre immédiatement une souscription en faveur des familles des morts et des blessés de la mission Atchinoff à Sagallo, et inscrit la Ligue des patriotes pour une somme de 1000 francs.

Vive la Russie ! Vive la France !

Pour le comité directeur, pour les 20 comités de Paris et les 89 comités divisionnaires de la France et de l'Algérie :

Le président de la Ligue des patriotes,

PAUL DÉROULÈDE.

Le délégué général,

GEORGES LAGUERRE.

Le secrétaire général,

PIERRE RICHARD.

Ce même jour, 28 février 1889, la déclaration de la Ligue fut connue au Conseil des ministres. Elle parut aux membres du Gouvernement constituer un acte tombant sous l'application des lois pénales. Le Conseil des ministres décida que des poursuites immédiates seraient exercées contre le comité directeur de la Ligue des Patriotes, sur la base des articles 84 du Code pénal (délit contre la sûreté extérieure de l'Etat) et 291 (association non autorisée de plus de vingt personnes)."

(extrait de la brochure de l'un des avocats de la Ligue, Tribunal correctionnel de la Seine, 8e chambre, 2 avril 1889. Affaire de la Ligue des patriotes. Mémoire à consulter, par Me Edouard Clunet, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5497286t/texteBrut

 

Le gouvernement déclare que la Ligue a changé d’orientation depuis sa fondation, que ce n’est plus une Ligue patriotique mais un mouvement politique (effectivement les dirigeants de la Ligue font partie des dirigeants du Boulangisme).

Des poursuites sont intentées contre ses dirigeants dont Déroulède, président,  et les membres du Parlement Laisant, Laguerre, Turquet (Chambre des députés) et Naquet (Sénat), membres du comité directeur de la Ligue.

.Les assemblées votent la levée de l'immunité parlementaire de ces derniers (à la Chambre des députés, par 354 voix  contre 227).

Les prévenus seront condamnés à 100F d’amende chacun, mais le gouvernement dissout la Ligue.

La condamnation était plutôt minime et montrait bien la disproportion de l'action du gouvernement. La presse ironisa, mais le résultat était là, la Ligue était dissoute.

 

 

 

 

DERNIERES ESCARMOUCHES

 

 

En parallèle, le gouvernement décide de frapper tous les fonctionnaires qui manifestent des sympathies boulangistes :  c'est une pluie de révocations de février à septembre ( Marc Angenot, 1889. Un état du discours social, Chapitre 33. La propagande boulangiste», Médias 19 [En ligne], http://www.medias19.org/index.php?id=12316).

 

Il reste à abattre Boulanger lui-meme.

 

Constans était d'autant plus décidé à abattre les Boulangistes qu'il n'avait pas été ménagé par Laguerre, agissant en tant qu'avocat lors d'un procès où le ministre  devait répondre à une accusation.

Il avait annoncé à Laguerre : je marcherai contre vous et vos amis.

Constans avait bien étudié la personnalité de Boulanger. Il savait qu'amoureux fou de Madame de Bonnemains, il ne supporterait pas d'être séparé d'elle par une incarcération.

Il fit donc courir le bruit que les chefs du parti boulangiste allaient être arrêtés, ce que l'affaire de la Ligue des patriotes rendait plausible. Boulanger quitta la France pour la Belgique à la mi-mars, puis ne voyant rien venir, revint en France peu après. Ses partisans s'inquiètent devant le manque de sang-froid du général.

Le 17  mars 1889, Boulanger prononce un célèbre discours à Tours où, devant les représentants de l'alliance monarchique, il préconise une république " ouverte et nationale " et affirme qu'aucune restauration monarchique n'est envisageable. Il veut  faire travailler ensemble monarchistes et républicains, il répudie le jacobinisme et l'anticléricalisme. Le discours semble avoir été écrit par Naquet et revu par Mgr Freppel. éveque d'Angers. Mais quand Naquet, prenant la parole à son tour, plaide pour la tolérance envers toutes les religions et les options philosophiques et  condamne notamment l'antisémitisme, des cris s'élèvent dans la salle : A bas les Juifs !

.(Pierre Birnbaum, Les juifs d'état dans les guerres franco-françaises. Du boulangisme au front populaire. In: Vingtième Siècle, revue d'histoire, n°33, janvier-mars 1992. http://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_1992_num_33_1_2486)

              

 

 

LA FUITE  DE BOULANGER

 

 

 

Le gouvernement annonce que le Sénat va être constitué en Haute cour de justice.

Alarmé par des bruits insistants d'arrestation,  Boulanger quitte Paris pour Bruxelles, en compagnie de Mme de Bonnemains. Le 2 avril, par téléphone (déjà en service!) Boulanger apprend à ses partisans qu'il est à Bruxelles.  Rochefort, le comte Dillon, Naquet  et d’autres le suivent. C’était ce qu’escomptait le gouvernement.

 

Puis les candidatures multiples, qui avaient permis à Boulanger de se présenter simultanément dans plusieurs départements, sont interdites le 13 juillet 1889, juste avant la fin de la session parlementaire.

 

L'ouverture de l'Exposition universelle pour le centenaire de la révolution française arrive à point pour détourner l'attention des événements politiques.

L'exposition s'ouvre le 5 mai. La tour Eiffel constitue la principale attraction de la manifestation.

Dès le 31 mars 1889, après deux ans de travaux, la tour Eiffel est inaugurée en présence du président du conseil Tirard, puis ouverte au public à partir du 15 mai. Jusqu'à la clôture de l'Exposition universelle, le 6 novembre, la tour Eiffel accueille deux millions de visiteurs (Wikipedia).

Un journal monarchiste écrira : c'est l'exposition universelle qui a tué Boulanger.

 

 

 L'HOMMAGE D'UN COMBATTANT DE LA COMMUNE

 

 

A Bruxelles, Boulanger est accueilli par la curiosité générale et par des fidèles, parmi lesquels une délégation de "dames françaises" qui lui offre des fleurs. Un bouquet lui est offert par la fille (plutôt que petite-fille - il doit s'agir d'une fillette ?) de l'ancien Communard Emile Aubry, qui s'est fixé en Belgique après la Commune.

Thémis Aubry (son prénom est inspiré par la déesse de la Justice dans la mythologie) prononce le compliment suivant, sans douté rédigé par Aubry lui-même:

« Général, c'est la petite fille d'Emile Aubry, un des fondateurs de l'Internationale, un des combattants de 71, qui consacra toute sa vie à l'émancipation du prolétariat et au triomphe de la Révolution, c'est cette petite fille qui vous offre ce bouquet : il symbolise toutes nos espérances patriotiques et sociales.

« Vous voulez, Général, le relèvement et la grandeur de la France, vous voulez, la réconciliation complète de la grande famille française sous le drapeau républicain, vous voulez voir le triomphe de la probité politique et de la justice sociale. La petite Thémis d'aujourd'hui souhaite que la France tout entière se rallie à votre généreux programme et en assure le succès aux élections prochaines. Vive la France ! Vive le Parti national ! Vive la République ! »

(La Presse du 8 avril 1889).

 

 

 

PROCES EN HAUTE COUR

 

 

 

La fuite du général porte atteinte à sa réputation de bravoure  sur laquelle il avait fondé en partie sa renommée, ce qui est aussi un des buts du gouvernement.

Le 4 avril, la Chambre des députés lève l'immunité parlemntaire du général. Les trois principaux chefs du Boulangisme, le général,  Rochefort et Dillon, sont inculpés pour complot contre la sûreté de l’Etat. Pour faire bonne mesure, Boulanger est accusé de malversations.

Il semble que l’ensemble de l’accusation était infondée. Si Boulanger et ses soutiens voulaient modifier les institutions, c’était par la voie légale.

«  ...le Sénat se constitua en Haute Cour de justice, à la réquisition d'un nouveau procureur général, Quesnay de Beaurepaire, nommé à la place de M. Bouchez, procureur général, qui avait refusé de mettre son nom au bas du réquisitoire présenté à sa signature par le garde des sceaux, M. Thévenet.

Une commission de 9 sénateurs fit une instruction secrète, dont les résultats furent consignés dans l'acte d'accusation signifié à MM. Boulanger, Dillon et Rochefort, le 16 juillet 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889, 1889, site de l’Assemblée nationale).

 

On rechercha toutes les preuves que Boulanger avait constiué un réseau d'activistes à sa solde :

 " L'une des autres preuves du complot et de l'attentat qui aurait suivi, ce serait ce que M. de Beaurepaire appelle l'embauchage de fonctionnaires et de camelots, embauchage organisé sous les ordres du Général.

M. de Beaurepaire donne comme.embauchés tous ceux qui, spontanément, ont envoyé au Général l'assurance de leur sympathie et de leur dévouement. Cette partie du réquisitoire n'est qu'une simple reproduction de la déposition du mouchard Alibert.

M. Q. de Beaurepaire nomme même, comme embauchés, des officiers qui n'existent pas ! Il accuse M. le baron de Watteville d'avoir tenté de corrompre deux militaires, et il prétend que M. de Ménorval, conseiller municipal de Paris, raccolait les soldats aux portes des casernes. Tout cela sur la foi de rapports de police. MM. de Watteville et de Ménorval protestent, bien entendu, mais M. de Beaurepaire n'en a cure."

 (Victor Granville, La condamnation du général Boulanger, 1889  http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k54875217.texte  )

 

Le Ménorval dont il est question est Eugène Lagoublaye de Ménorval, aristocrate républicain radical et laïque;  membre du conseil municipal de Paris, il avait proposé en 1887 au conseil municpal de rendre hommage à la Commune de 1871 (voir notre message:Marseille et Paris en 1887);  depuis il était devenu membre du comité directeur du parti boulangiste.

 

" Une épreuve imprimée de l'instruction ayant été livrée aux partisans du général, et une partie des dépositions ayant été publiée dans les journaux, le général y répondit par un manifeste daté de Londres et publié dans les journaux du 6 août, sous ce titre : « Au PEUPLE, mon seul juge. »

 

 

 

 

 LES DEUX FRANCE

 

 

 

 

La Revue des Deux Mondes, sous la plume un peu guindée de Charles de Mazade, décrira ainsi la France en juillet 1889 :

 

" Tandis que l’Exposition déploie sans trouble le spectacle continu et éblouissant des œuvres de la paix bienfaisante, tandis que M. le président de la république se prodigue au Champ de Mars et à l’Élysée, recevant en maître de maison d’une nation hospitalière le roi de Grèce, le comte de Flandre [prince héritier de Belgique] ou le shah de Perse, la politique semble prendre à tâche de nous faire vivre dans un autre monde.

 

(...)

 

Est-il possible d’imaginer un plus saisissant contraste que celui de ces deux France qui passent tour à tour sous nos yeux, — l’une généreuse, accueillante, facile, fière de se sentir toujours industrieuse et féconde, — l’autre défigurée, dénaturée par les partis, livrée aux plus vulgaires, aux plus stériles passions ? "

 

Il renvoie dos à dos Boulanger et le gouvernement qui se signale par des irrégularités dans le procès fait au général (sans les nommer, il vise probablement Constans et le garde des sceaux Thévenet).

 

" Il y a malheureusement aussi des ministres qui ne craignent pas de recourir au témoignage des repris de justice pour servir leur cause ou pour ruiner leurs adversaires, qui ne semblent nullement gênés par les scrupules et qui sont prêts à toutes les besognes douteuses, au risque de compromettre le pouvoir qu’ils représentent. C’est entendu, tout est permis. On n’est plus difficile sur les procédés, on peut s’accuser mutuellement de vol, de rapine, de concussion : c’est le langage du jour, ce sont les mœurs nouvelles ! "

 

Enfin il évoque la pression du gouvernement envers les fonctionnaires suspects de tiédeur  :

  " Il n’y a pas à l’heure qu’il est une petite ville, un canton, où les délateurs ne soient à l’œuvre, où les plus modestes employés ne soient épiés, déplacés, révoqués ou menacés".

 

 

 

 

 

CONDAMNATION

 

 

 

 

 

 Le 14 août 1889, la Haute Cour rendit son arrêt ; malgré la question de compétence soulevée par la droite sénatoriale qui se retira tout entière devant le refus de discussion préalable de la part de la majorité ; malgré les nombreux démentis qui ont accueilli les dépositions invoquées par l'accusation, enfin malgré la suspicion légitime encourue par les condamnations antérieures ou la situation policière des témoins les plus importants [ l’auteur veut dire que les témoins à charge contre Boulanger étaient des repris de justice ou des personnes liées à la police ], la Haute Cour a condamné, par contumace, le général Boulanger, le comte Dillon et Henri Rochefort, pour complot, attentat et détournements, à la déportation dans une enceinte fortifiée. " (Robert et Cougny, Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889,déjà cité).

" Rien dans le dossier ne démontre juridiquement l'« attentat » (mais les républicains parlaient de « flagrant délit perpétuel »). Toute la procédure est basée sur des faux et des affirmations péremptoires (voir J.P. Machelon, La République contre les libertés. Presses de la F.N.S.P., 1976, qui conclut à la pure et simple forfaiture)" (note de Marc Angenot, 1889. Un état du discours social, déjà cité, site Médias19).

  Jean Garrigues et Philippe Lacombrade, dans  La France au XIXe siècle, 1814-1914, parlent de « procès truqué ».

 

 La partialité de Quesnay de Beaurepaire lui valut d'être copieusement insulté par une presse qui n'était pas muselée. Il porta plainte contre ses insulteurs :

" Le jury de la Seine acquitte la presse boulangiste qui avait gratifié Quesnay des gracieusetés suivantes : « Homme de lettres décachetées », « calomniateur à gages », « voyou », « domestique », « horizontale de haute marque », « crapule », « magistrat sans conscience »...

(Marc Angenot, 1889. Un état du discours social, Chapitre 30. Les hommes du jour, Médias 19 [En ligne]http://www.medias19.org/index.php?id=12312.)

 

 

 

ATTITUDE DES ANCIENS COMMUNARDS DEPUTES

 

 

 

Il est intéressant de regarder les réactions à l'offensive du gouvernement de certains anciens Communards non ralliés au Boulangisme, comme Félix Pyat (nous avons déjà abordé ce point en première partie) :

Félix Pyat avait été élu député des Bouches-du-Rhône en mars 1887. Ses concurrents étaient un monarchiste, un opportuniste, et le général Boulanger lui-même (une des  nombreuses candidatures multiples du général). Ce dernier n'avait fait que 1071 voix (contre plus de 40 000 à Pyat).

A la Chambre, Pyat siégea avec l'extrême gauche, " avec laquelle il vota constamment, et prit plusieurs fois la parole : pour poser diverses questions aux ministres de la Guerre et de la Marine, pour réclamer du cabinet Floquet des mesures énergiques contre les princes d'Orléans, et pour affirmer, à propos de la révision demandée par le général Boulanger, des doctrines à la fois révisionnistes et anticésariennes. Il vota, à la fin de la session,

- contre le rétablissement du scrutin d'arrondissement (11 février 1889),
- contre l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution,
- contre les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes,
- contre le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse ;

il s'abstint sur les poursuites contre le général Boulanger, parce qu'il trouvait « la juridiction de la Haute Cour antirépublicaine, impopulaire et dangereuse, la seule juridiction possible étant la juridiction militaire. "  (Robert et Cougny, Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889,déjà cité ).

 

Ainsi, Félix Pyat avait voté contre la plupart des mesures du cabinet destinées à lutter contre le Boulangisme et se déclarait pour la révision de la constitution (revendication boulangiste), tout en condamnant le "césarisme"; il proposait enfin un jugement par la juridiction militaire (ce qui était quand même admettre qu'il y avait lieu à jugement).

Au passage on peut trouver curieux qu'un ancien Communard estime le tribunal militaire plus démocratique que le Sénat...

 

Quant au « général » Cluseret, celui-ci avait été élu député socialiste du Var en 1888 avec l’aide active de Félix Pyat, récemment élu député des Bouches-du-Rhône. Son principal adversaire était un radical soutenu par Clemenceau, qui arrivé second, se retire devant Cluseret. Rochefort et Boulanger se présentaient aussi, dans le cadre des candidatures multiples, probablement sans être présents sur le terrain – leur candidature simultanée avait sans doute pour but d’accroître leurs chances : ils ne feront qu’un score négligeable.

Si on observe les votes de Cluseret en 1889, il vota :

« - contre le rétablissement du scrutin d'arrondissement (11 février 1889), - contre l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution, - contre les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes, - contre le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse. Il s'est abstenu au scrutin sur les poursuites contre le général Boulanger. » (Robert et Cougny, Dictionnaire cité).

 

Donc chaque fois, Cluseret a voté contre les mesures gouvernementales anti-boulangistes (ou s’est abstenu).

Plus tard, les derniers députés boulangistes se fondront dans son groupe.

 

 

L'ancien Communard Zéphirin  Camélinat, membre du groupe  ouvrier socialiste, non rallié au Boulangisme, vota :

- contre le rétablissement du scrutin uninominal (11 février 1889),

- contre l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution,

- contre les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes,

- contre le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse.

 Il s'est abstenu dans le scrutin relatif aux poursuites contre le général Boulanger.

(Robert et Cougny, Dictionnaire cité).

 

L'ancien Communard de Marseille Clovis Hugues vota exactement de la même façon.

Or selon le journaliste Chincholle, qui devait être bien informé, Clovis Hugues figurait parmi les membres fondateurs du comité national  républicain du général Boulanger et était présent lors de la première réunion du comité au Café Riche, le 27 avril 1888.

Le fait qu'il ait voté non pas contre les poursuites du général mais se soit seulement abstenu signifiait qu'il avait évolué - ou qu'il faisait peut-être preuve de prudence ...

 

 Comme on l'a indiqué plus haut, le vote contre "l'ajournement indéfini de la révision constitutionnelle" n'est pas  forcément signe de convergence avec les Boulangistes. Une modification de la Constitution avait été proposée  par le président du conseil Floquet en février 1889.

Voter l'ajournement de cette proposition, c'était donc pour  certains voter pour le statu quo, pour d'autres voter contre Floquet. Des Boulangistes votèrent donc pour l'ajournement, alors qu'ils demandaient la révision !.

 

 

 

 

TIRARD ET CONSTANS

 

 

Disons quelques mots de la carrière de Tirard et Constans, les hommes qui mirent fin aux ambitions boulangistes.

Pierre Tirard était député de gauche républicaine à l'Assemblée nationale en 1871. Soucieux d'éviter la rupture avec Paris, tout en restant député, il accepta d'être élu la Commune, mais en démissionna très vite. « Il protesta, dès la première réunion, contre les actes et motions du comité central {de la Commune], et se démit, le 29 [mars 1871], d'un mandat qui « devait être exclusivement municipal, mais qui paraissait devoir s'étendre fort au delà dans le domaine politique.» (Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889).

Bien qu'attaqué à l'Assemblée pour sa très modeste participation aux débuts de la Commune, il n'en subit aucune conséquence fâcheuse, fut sans interruption député et sénateur jusqu’à sa mort en 1893, ministre du commerce, de l'agriculture, des colonies, ministre des finances.

Le journaliste Chincholle dit de lui, en 1885 :" Vienne une nouvelle Commune, il la fera mitrailler pour réparer l’erreur qu’il a commise en 1871, qui lui a été pourtant fort profitable" [ expression un peu énigmatique].

Dans ses différentes fonctions, il semble avoir favorisé notamment la politique coloniale et les intérêts des groupes financiers.

En décembre 1887, il est nommé président du conseil par Sadi Carnot, nouvellement élu président de la réublique. Il est ensuite remplacé par Floquet, puis redevient président du conseil en février 1889. Il le reste jusqu’à sa démission en 1890, après avoir mis fin au danger boulangiste.

Malade, Tirard accepta encore d’être ministre des finances dans le premier et le second  gouvernement Ribot (1892-93) et mourut en 1893.

 

Clemenceau dit de lui, au moment où Tirard est président du conseil : Tirard est un idiot, même Sadi Carnot commence à s’en apercevoir (formule à double effet puisqu’elle ridiculise aussi le président Sadi Carnot).

 

Quant à Ernest Constans, professeur de droit, homme d'affaires et franc-maçon, député du centre-gauche de la Haute-Garonne, ministre de l’intérieur dans le gouvernement Freycinet en 1880-81, puis gouverneur de la Cochinchine en 1887-1888, il redevient ministre de l’intérieur dans le gouvernement Tirard (février 1889) où il est appelé pour contrecarrer le Boulangisme.

Il reste ministre dans le gouvernement Freycinet qui succède à Tirard en 1890. Il est attaqué par les députés Boulangistes et par L’Intransigeant, dirigé depuis Londres par Rochefort, qui fait des révélations déplaisantes sur le passé de Constans.

 

« Les républicains voient en lui un « grand honnête homme ». Constans fut en réalité un personnage picaresque, d'abord homme d'affaires cynique et pressé de faire fortune, puis politique habile, trop habile, corrompu (selon des documents qui résistent à la critique) comme gouverneur de l'Indochine, accusé par ses ennemis d'avoir sur les mains le sang de son ex‑associé … et de son successeur à Saïgon (..). Constans fut l’un des hommes les plus injuriés de France :  « pourriture d'hôpital », « Constans l'Éventreur », « sacripant, concussionnaire », « bandit, gredin », « voleur, menteur, Prado [un escroc célèbre], escroc », Enrichi dans la construction de pompes locomobiles, il est « le vidangeur Constans ».

( Marc Angenot, 1889. Un état du discours social, Chapitre 30. Les hommes du jour, Médias 19 [En ligne],  http://www.medias19.org/index.php?id=12312)

 

En 1898, il est nommé ambassadeur à Constantinople, jusqu'en juin 1909. Il semble avoir mené une diplomatie probablement inspirée par son intérêt personnel, ce qui expliquerait notamment son rôle très actif dans le développement du projet de chemin de fer reliant Constantinople à Bagdad (Wikipedia).

 

 

 

 

 LA RIPOSTE BOULANGISTE

 

 

 

 

boulanger a londres

 

Le général Boulanger arrivant à la gare de Charing Cross, Londres.

Illustrated London News, 4 mai 1889.

Vente e-bay

 

 

 

Boulanger ne reste pas longtemps à Bruxelles. Le gouvernement belge, craignant des complications avec la France, lui fait comprendre qu'il est préférable de trouver un autre refuge.

Boulanger et ses partisans (ceux visés par l'acte d'accusation et ceux qui ont suivi par précaution) arrivent donc à Londres.

Nous avons déjà parlé de l’exil des chefs Communards à Londres. Il fut un temps où tous les soirs, au Café Royal, sur le Strand, ou débordant sur le trottoir devant le café, on pouvait voir Rochefort, Laguerre, Naquet et d’autres (cf notamment nos articles En marge de la Commune, le caricaturiste Pilotelle).

Depuis son lieu d’exil, le général conserve espoir que le peuple lui donne raison.

Déjà en Belgique il a eu le temps de se préoccuper de nouveaux  moyens de diffuser son image.

" Boulanger était conscient des possibilités et de l’efficacité de la photographie dans le cadre de son entreprise politique. Ainsi, un rapport de police mentionne que, dès leur arrivée à Bruxelles, Boulanger et Dillon sont entrés en contact avec un photographe nommé Émile Aubry, qui devait sa notoriété et son aisance à la mise au point d’une nouvelle technique permettant de tirer un grand nombre de clichés à partir du même négatif."

Notons que cet Emile Aubry était l'ancien Communard et membre de l’Internationale dont on parlé plus haut, réfugié en Belgique après la Commune, où il avait créé son entreprise.

Bertrand Tillier, La Républicature , L'affaire Boulanger et la personnalisation du pouvoir.

http://books.openedition.org/editionscnrs/8308?lang=fr

 

 

Le gouvernement est sur ses gardes et fait saisir les matériels de propagande, pas forcément de façon légale (Bertrand Tillier, La Républicature, ouvrage cité).

 

Boulanger pense  mettre d’abord à profit les élections aux conseils généraux, en juillet 1889, pour établir sa popularité. Il rêve d’en faire un « plébiscite en détail ».

Le Boulangisme n'est pas décapité et les responsables restés en France font la navette avec Londres pour mettre au point la campagne électorale.

A nouveau certains conservateurs monarchistes sont dubitatifs alors que d'autres continuent à soutenir le général.

Le Journal des Débats du 27 juillet 1889 écrit :

" N'oublions pas que, tout récemment, le comité qui s'est réuni à Londres, sous la présidence du général Boulanger, a.afiirmé solennellement qu'il donnerait son appui aux seuls candidats qui feraient adhésion à la république. Le général Boulanger lui-même a fait plusieurs fois des déclarations dans le même sens. Le Soleil [journal monarchiste] et ses amis croient qu'il ment. C'est ce qui leur inspire une douce confiance. Si pourtant, ce jour-là par hasard, il avait dit la vérité !

... prétendre que la. clientèle du général Boulanger est une clientèle exclusivement conservatrice, c'est se moquer. C'est oublier volontairement, et les conditions dans lesquelles s'est faite l'élection de M. Boulanger à Paris et la place, pourtant bien considérable, que M. Laguerre, M. Rochefort, M. Vergoin, M. Naquet et M. Laisant tiennent dans les conseils du parti boulangiste, et les auxiliaires que leur patron: va chercher jusque dans le clan des anarchistes, et l'appui que les comités socialistes lui prêtent. 

 (...) Le Soleil  n'en persiste pas moins à mettre la clientèle conservatrice aux pieds du général Boulanger et Le Soleil a publié hier un appel aux monarchistes, signé d'un duc et d'un prince, où il n'est nullement question de la monarchie mais d'une invitation pressante aux monarchistes conservateurs de payer de leurs personnes et de leurs bourses pour aider à l'établissement d'un gouvernement réparateur et innommé. M. Arthur Meyer, récemment revenu de Londres, se joint à M. le duc de La Trémoille et à M. le prince de Léon pour cet appel de fonds. On voit que les monarchistes ne se découragent pas de travailler pour le général Boulanger, bien que de plus en plus ils voient s'affaiblir l'espoir d'être payés de retour."

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4647499

 

 Au renouvellement des conseils généraux, le 28 juillet 1889, le général se présente lui-même  dans 80 cantons (la loi interdisant les candidatures multiples ne s'applique pas aux cantons).

Dans le journal boulangiste La Presse, Mermeix écrit : 

" Les 80 cantons ont à dire ...:" Le peuple n'est pas solidaire de ceux qui le ruinent. La France a un gouvernement de coquins et elle ne le mérite pas "

 

Mais Boulanger n'est élu que dans 18 cantons.

Le général et ses amis mettent tous leurs espoirs dans les élections législatives de septembre-octobre 1889.

 

Malgré la fuite des chefs  et la difficulté d'organiser les opérations entre l'état-major réfugié à Londres et les autres responsables restés en France, le parti refuse de s'avouer battu.

 

 

 

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Commentaires
Le comte Lanza vous salue bien
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