Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le comte Lanza vous salue bien
6 décembre 2015

LA LAICITE ET L'EUROPE OCCIDENTALE DEUXIEME PARTIE

 

 

 

LA LAICITE ET L'EUROPE OCCIDENTALE

 

DEUXIEME PARTIE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ROYAUME-UNI DE GRANDE-BRETAGNE et D'IRLANDE DU NORD

 

 

 

 

 En Grande-Bretagne, il n'y a pas d'impôt ecclésiastique  et l'Etat ne finance pas les cultes  mais la relation ente un culte particulier et l'Etat est encore plus évidente que dans d'autres pays, puisque le chef de l'Etat , le roi ou reine du Royaume-Uni, est chef de l'Eglise anglicane et prend le titre de Defender of the Faith (Défenseur de la Foi).

 

Cette situation, comme on le sait, remonte à la rupture avec le catholicisme réalisée, pour des raisons tout-à-fait personnelles, par le roi Henry VIII au 16ème siècle.

 L'Eglise anglicane (Church of England) est qualifiée d'église établie (established) et de nombreux textes plus ou moins historiques mais encore en usage parlent de State and Church (L'Eglise et l'Etat) comme d'une réalité indissociable.

 

La conséquence (ou l'une des conséquences) de ce lien entre l'Eglise et l'Etat est que les évêques anglicans siègent de droit à la Chambre des Lords, la seconde chambre du Parlement britannique.

Les Lords Spirituels (Spiritual Lords) comme on les appelle, sont 26, dont depuis octobre 2015, la première femme évêque de l'Eglise anglicane. Des études préconisent la diminution du nombre des évêques représentés  à la Chambre des Lords et l'ouverture à d'autres confessions.

 

ImageGen

26 octobre 2015 : la première femme évêque de l'Eglise anglicane, le (la?) Très Révérend (Right Reverend) Rachel Treweek, évêque de Gloucester, prend son siège à la Chambre des Lords, parrainée par l' archevêque de Canterbury et l'évêque de Londres.

https://www.churchtimes.co.uk/articles/2015/23-october/news/uk/rachel-treweek-becomes-first-woman-bishop-to-enter-house-of-lords

 

 

La religion est d'ailleurs (discrètement) présente sinon dans la constitution britannique (puisqu'on sait qu'il n'existe pas de Constitution britannique écrite, ce qui n'empêche pas le pays de fonctionner depuis des siècles) mais dans divers usages parlementaires.

C'est ainsi que les séances des chambres du Parlement débutent par des prières.

Le Hansard, le journal des débats parlementaires, indique ainsi, pour le 9 décembre 2015 :

 

House of Commons Wednesday 9 December 2015

The House met at half-past Eleven o’clock

PRAYERS

[MR SPEAKER in the Chair]

  (Chambre des Communes, la Chambre s'est réunie à 11h 30. Prières. Présidence assurée par M. le Speaker [le Speaker est le Président de la Chambre des Communes] - suit le compte -rendu des questions et débats du jour).

 

 

Le même Hansard indique pour la Chambre des Lords le 10 décembre :

 

House of Lords Thursday, 10 December 2015. 11 am Prayers—read by the Lord Bishop of Bristol.

(Chambre des Lords, jeudi 10 décembre 2015, 11h. prières lues par le Lord évêque de Bristol).

 

Ensuite le Hansard indique l'introduction de deux nouveaux Lords. Cette mention est intéressante :

Introduction: Baroness Jowell 11.08 am The right honourable Dame Tessa Jane Helen Douglas Jowell, DBE, having been created Baroness Jowell, of Brixton in the London Borough of Lambeth, was introduced and took the oath, supported by Lord Falconer of Thoroton and Baroness Lawrence of Clarendon, and signed an undertaking to abide by the Code of Conduct.

Introduction: Lord Darling of Roulanish 11.13 am The right honourable Alistair Maclean Darling, having been created Baron Darling of Roulanish, of Great Bernera in Ross and Cromarty, was introduced and made the solemn affirmation, supported by Lord Bradley and Baroness Armstrong of Hill Top, and signed an undertaking to abide by the Code of Conduct.  

 

(Introduction de la baronne Jowell...La très honorable Dame Tessa Jane Helen Douglas Jowell, DBE (Dame of the British Empire), ayant été créée baronne Jowell...a été introduite et a prêté serment, parrainée par Lord Falconer de Thoroton et la baronne Lawrence de Clarendon, et a signé l'engagement du code de bonne conduite

Introduction de Lord Darling de Roulanish... Le très honorable Alistair Maclean Darling, ayant été créé baron Darling de Roulanish...a été introduit et a prononcé l'affirmation solennelle, parrainé par Lord Bradey et la baronne Armstrong de Hill Top, et a signé l'engagement du code de bonne conduite)

 

 En effet,les nouveaux membres du Parlement, quelle que soit la Chambre, soit prêtent un serment religieux d'allegeance (oath) soit un serment laïque (appelé alors non pas serment -oath- mais solemn affirmation, affirmation solennelle).

 Selon Wikipedia (anglais) , la formule du serment est :

 

I... swear by Almighty God that I will be faithful and bear true allegiance to Her Majesty Queen Elizabeth, her heirs and successors, according to law. So help me God.

 (Je...jure devant Dieu Tout Puissant que je serai loyal et que j'aurai une vraie allegeance à Sa Majesté la reine Elizabeth et à ses héritiers et successeurs, selon la loi. Que Dieu m'assiste.

 La formule de l'affirmation solennelle est (depuis le Oaths Act  de1978 ):

 

I... do solemnly, sincerely and truly declare and affirm that I will be faithful and bear true allegiance to Her Majesty Queen Elizabeth, her heirs and successors, according to law.

 

 (Je...déclare et affirme solennellement et sincèrement que je serai loyal et que j'aurai une vraie allegeance à Sa Majesté la reine Elizabeth et à ses héritiers et successeurs, selon la loi.).

Le serment ou l'affirmation sont prêtés en anglais mais peuvent être suivis de la même formule en Gallois, en Cornouaillais, en Gaélique écossais, selon le site du Parlement britannique (Wikipedia joute : en Irlandais, en Scot - dialecte anglais d'Ecosse - et en Scot d'Ulster).

En prêtant le serment à forme religieuse, les nouveaux membres du Parlement qui sont Chrétiens tiennent un exemplaire de la Bible (soit l'Ancien et le Nouveau Testament, soit le Nouveau Testament seul); ils peuvent aussi prêter serment sur la Bible galloise ou gaélique. Les Juifs prêtent serment sur la Tanakh (Bible juive). Les Musulmans prêtent serment sur un exemplaire du Coran et les Sikhs sur un exemplaire du Guru Grant Sahib (en. wikipedia et http://www.parliament.uk/about/how/elections-and-voting/swearingin/).

 

Karren-Brady-takes-her-seat-in-the-House-of-Lords

 6 novembre 2014 : la businesswoman Karren Brady, créée baronne  Brady de Knightsbridge, prend son siège à la Chambre des Lords et prête le serment :   "I swear by Almighty God that I will be faithful and bear true allegiance to Her Majesty Queen Elizabeth, her heirs and successors, according to law. So help me God."

http://www.mirror.co.uk/3am/celebrity-news/lord-alan-sugar-walks-apprentice-4578551

 

 

 Le pragmatisme britannique est perceptible dans ces pratiques : les religions autres que l'Anglicanisme  se voient attribuer une forme de reconnaissance (dans les serments) mais sans que cette reconnaissance les mette sur pied d'égalité avec l"Eglise anglicane, ou soit plus étendue. Il s'agit seulement de prendre acte qu la société brtannique est diverse.

En outre on voit aussi comment les religions, y compris les dernières arrivées sur le sol britannique, son intégrées à la tradition par le biais des rituels parlementaires.

 

 

Du fait que la reine est le chef théorique de l'Eglise anglicane, de son nom officiel Church of England, Eglise d'Angleterre, elle participe évidemment aux événements de cette église comme le Synode général (réunion des évêques et représentants du clergé et des laïcs, nommée pour 5 ans depuis la loi sur le Synode de 1969). La reine à cette occasion fit un discours où elle disait notamment: 

St. Paul reminds us that all Christians, as ambassadors for Christ, are entrusted with the ministry of reconciliation. Spreading God's word and the onerous but rewarding task of peace-making and conflict resolution are important parts of that ministry. So too is the Church of England's particular vocation to work in partnership with those of other faiths and none, to serve the common good in this land.

(Saint paul nous rappelle que nous tous Chrétiens, comme ambassadeurs du Christ,  avons reçu la charge d'oeuvrer pour la réconcilition. Répandre la parole de Dieu ainsi que la tâche onéreuse mais gratifiante de faire la paix et de résoudre les conflits sont des parties importantes de ce ministère. Ainsi c'est la vocation particulière de  l'Eglise d'Angleterre de travailler en partenariat avec ceux qui ont d'autres religions et ceux qui n'en ont aucune, pour le bien commun de ce pays.)

 La reine souligna la tradition déjà longue de travail oecuménique de l'Eglise d'Angleterre, marquée pour l'ouverture du Synode [nous en dirons un mot] par la présence du prédicateur de la Maison pontificale. 

Le discours de la reine  se terminait par ces mots :

At the beginning of this new Synod, as you put your hand into the hand of God, my prayer is that, as we sang in that joyous hymn this morning, "His glorious light may shine ever on our sight, and clothe us round, the while our path illuming".

(Au début de ce nouveau Synode, au moment où vous mettez votre main dans celle de Dieu, ma prière est que, comme nous l'avons chanté dans cette hymne joyeuse ce matin, "Sa lumière glorieuse puisse toujours briller sur nous, nous revêtir et illuminer notre route".)

En réponse à la reine, l'archevêque d'York  fit un discours se terminant ainsi :

Your Majesty, your presence with us and your words today are a great encouragement to us as we seek to be faithful to the mission committed to our charge. To Almighty God we shall continue to pray and sing: ‘Thy choicest gifts in store, on her be pleased to pour, long may she reign!’ Long live the Queen.

(Votre Majesté, votre présence avec nous et vos mots ce jour sont un grand encouragement pour nous à être fidèles à la mission qui nous a été confiée. A Dieu Tout Puissant, nous continuerons de demander dans nos prières et de chanter : "Tes dons les plus précieux, qu'Il te plaise de les répandre sur elle, qu'elle puisse régner longtemps !" Longue vie à reine !)

 

 

WA20151124-020

 La reine arrive à l'abbaye de Westminster pour le service (messe) d'inauguration du 10ème Synode général de l'Eglise d'Angleterre le 24 novembre 2015. Elle salue l'archevêque de Canterbury. Le mari de la reine, le Prince Philip, est également présent.

http://www.anglicannews.org/news/2015/11/queen-elizabeth-speaks-on-christian-unity-and-primates-meeting.aspx

Il est intéressant de lire le commentaire du site anglicannews.org  pour ce dernier événement :

The Archbishop of Canterbury, the Most Reverend and Right Honourable Justin Welby, presided at the service which was also attended by the Archbishop of York, the Most Reverend and Right Honourable Dr John Sentamu, the two Archbishops being the Presidents of the Synod. The appointed and elected members of the General Synod, in the House of Bishops, the House of Clergy and the House of Laity, attended the service, together with Officers of the Synod.

(...)

The preacher was Father Raniero Cantalamessa OFM CAP, Preacher to the Papal Household.

 ( L'archevêque de Canterbury, le Plus Révérend et Très Honorable Justin Welby, présida le service auquel participait aussi l'archevêque de York, le Plus Révérend et Très Honorable Dr John Sentamu, les deux archevêques étant présidents du Synode. Les membres nommés et élus du Synode dans la Chambre des Evêques, la Chambre du Clergé et la chambre des Laïcs, assistaient au service avec les Officiers du Synode.  (...)

Le sermon fut prononcé par le frère Raniero Cantalamessa OFM CAP [abrégé pour le latin Ordo Fratrum Minorum Capuccinorum, Ordre des Frères mineurs des Capucins], prédicateur de la Maison du Pape)

 

On apprend ainsi que lors du Synode de l'Eglise d'Angleterre, un moine catholique, membre de l'Ordre des Capucins, prédicateur du Pape, nommé de manière idéale le frère Raniero Cantalamessa, prononça le sermon : preuve de l'esprit oecuménique de l'Eglise anglicane, bien loin des querelles et ostracismes du passé.

 

Comme  l'a vu, l'Eglise anglicane est established, mais elle n'est pas la seule église du Royaume-Uni à avoir un statut officiel.

C'est ainsi que selon Wikipedia :

 " L'Eglise d'Ecosse [il s'agit d'une église presbytérienne, qui ne reconnait pas l'autorité des évêques], connue aussi sous le nom de Kirk, est reconnue comme l'Église officielle, par la loi de 1921 sur l'Église d'Écosse (Church of Scotland Act 1921). [Cette loi procédait justement au disestablishment de l'Eglise d'Ecosse] Cela ne lui confère pas un statut d'Église d'État ; elle reste indépendante du pouvoir politique en tout ce qui touche au spirituel.

 Bien que la reine soit un membre ordinaire de l'Église d'Écosse [et non le Chef], elle est représentée par son haut-commissaire (Lord High Commissioner to the General Assembly of the Church of Scotland) à l'assemblée générale (le synode) de l'Église d'Écosse."

 On peut trouver surprenant que la reine soit à la fois Chef de l'Eglise d'Angleterre et membre d'une autre confession, l'Eglise d'Ecosse, qui est certes chrétienne et réformée, mais presbytérienne.

Voyons-y un nouvel  exemple du pragmatisme britannique.

La religion officielle en Angleterre ou en Ecosse est présente dans de multiples circonstances : dans les grands ordres de chevalerie qui servent de récompense honorifique, comme l'Ordre de la Jarretière, l'Ordre du Bain, l'Ordre du Chardon (spécial à l'Ecosse), il existe un chapelain  de l'ordre qui célèbre un service religieux lors des réunions des membres..

L'Eglise est également présente dans l'Université : les vieilles universités prestigieuses ont des liens historiques avec l'Eglise, ainsi Christ Church, un des plus célèbres "collèges" d'Oxford (où enseigna Lewis Carroll et qui servitt de décor pour certains films de la série Harry Potter), a pour directeur, ès qualités, le doyen de la cathédrale d'Oxford qui est logée dans l'enceinte du collège et qui lui sert de chapelle.

 

 Enfin,  l'hymne britannique fait réfrence à Dieu et unit la monarchie et Dieu dans le même vers qui donne son titre à l'hymne :

God save the Queen (the King)

Dieu protège la reine (le roi)

 

La référence à la religion chrétienne n'est pas explicite (mais implicite compte tenu de la date et du contexte de l'hymne); ainsi l'hymne peut ajourd'hui être accepté par tous les Britanniques qui croient en Dieu quelle que soit leur religion   (et même ceux qui n'y croient pas mais ont le sens des traditions !).

L'hymne britannique a influencé les hymnes des pays du Commonwealth. Il n'en existe probablement pas un seul qui ne fasse pas référence à Dieu.

Citons l'hymne néo-zélandais qui affiche la couleur dans son titre même : God defend New Zealand (Que Dieu défende [ou protège] la Nouvele-Zélande). Sur ces hymnes des pays du Commonwealth, on peut renvoyer à notre étude sur La Marseillaise, quatrième partie.

 

 

Il est bien connu que la Grande-Bretagne pratique à l'égard de l'immigration une politique définie comme « communuatariste » qui laisse les communautés s'organiser largement en fonction de leurs règles propres plutôt que d'imposer des règles uniques.

On oppose cette attitude à l'attitude dite d'intégration qui est recommandée et pratiquée en France par les pouvoirs publics.

Querelle de mots principalement car là où s'imposeraient, soi-disant, des règles uniques, comme en France, les réactions comunautaires existent tout autant.

L'attitude britannique à l'égard de l'esprit communautaire s'efforce plutôt d'intégrer les comportements étrangers à la tradition locale de façon à les rendre compatibles avec celle-ci, comme on l'a vu pour les serments devant le Parlement.

 

Remarquons au passage que la tolérance britannique aux communautés particulières s’exlique dans un pays où les communautés autochtones (appellées souvent Home Nations, Nations intérieures en quelque sorte)  l’Ecosse, le Pays de Galles, l’Ulster ne sont pas régies par des règles uniques (des études sont en cours pour que l’Angleterre proprement dite accède aux mêmes règles d'auto-organisation). Il existe des mouvements revendicatifs pour que la Cornouailles accède au même statut.

Aussi des pratiques comme le port du voile intégral ne sont pas interdites en Grande-Bretagne, ni le port du voile islamique à l’école.

 

Ces pratiques ne paraissent pas empêcher les autres membres de la communauté nationale britannique (si le mot communauté nationale britannique est exact dans un pays où il est parfaitement légitime qu'il existe des communautés comme l'écossaise, la galloise etc) de vivre à leur manière sans ressentir comme une menace les usages différents, s'ils restent limités à la population qui les pratique et s'ils s'accomodent aux usages du reste de la population.

C'est du moins ce qui semble être en apparence – mais  il faudrait y voir de plus près.

 

 

On sait par exemple que les uniformes des collégiennes britanniques -  obligatoires dans les écoles publiques aussi bien que privées – sont souvent rendus affriolants par la coquetterie adolescente, avec des jupes assez courtes, des chaussettes montantes  parfois à mi-cuisse– au point que certains enseignants masculins, gênés, voudraient que le port du pantalon soit rendu obligatoire (une considération exempte du moralisme des « pédagogues » français qui prétendraient en pareil cas agir forcément dans l’intérêt des jeunes filles,  et non pour éviter des tentations aux enseignants !)

Ces tenues très féminines voire sexy (délibérément ou pas)  font-elles  « bon ménage » avec le voile d’autres collégiennes dans les mêmes établissements ?

Il est toutefois probable que les voiles sont en majorité portés dans des quartiers où la presque totalité des collégiennes sont issues de la même communauté.

 Notons au passage la différence avec la France: tandis que dans les écoles britanniques la jupe souvent courte ou très courte domine, celle-ci est devenue très rare dans les collèges et lycées français. Les raisons de cette mise à l'écart de la jupe en France sont multiples : influence de certains milieux issus de l'immigration, féminisme outré dominant dans les milieux intellectuels et  portant un regard défavorable sur les signes de féminité, accusés d'être imposés par le point de vue masculin, crainte chez les jeunes filles de susciter le désir des garçons  - désir souvent camouflé en jugement de valeur sur les filles aguichantes et faciles.

Cet exemple montre que contrairement à ce que croient certains, les différences culturelles demeurent entre pays européens et ceux-ci, confrontés aux mêmes situations, n'ont pas des réactions identiques- ce qui ne manque pas de surprendre les Français, à qui on persuade que leur "modèle" de société est le meilleur, voire qu'il est unique.

 

 

 

1087

 

 Carnet de timbres de la poste britannique (1984), consacré à "notre hérirage chrétien" (The story of our Chistian Heritage).

Une telle initiative ne serait pas possible en France, où on peut tout-à-fait consacrer des timbres à des sujets religieux (églises par exemple, considérées sous l'aspect culturel), mais où il ne serait pas possible ni même pensable de dire, pour une institution publique, que le  pays a une tradition religieuse reconnue.

http://www.british-stamps.com/browse/booklets/basic.asp?subid=67

 

 

 

 

 

IRLANDE

 

 

 On connait le poids de l'Eglise catholique en Irlande, poids qui tend à diminuer. Pourtant la Constitution irlandaise, à part un hommage de de principe envers la Sainte Trinité et Notre Seigneur Jésus Christ dans son préambule,  ne comporte pas (ou plus) de disposition en faveur d'une confession particulière.

Si la religion catholique a longtemps eu une prééminence en Irlande, elle était plus  fondée sur les moeurs et les habitudes que sur les règles institutionnelles.La Constitution reconnait le rôle éminent des religions (article 44 : "l'hommage de l'adoration publique est dû au Dieu Tout Puissant") et proclame la liberté de conscience. L'Etat ne dote aucune religion - mais apporte son soutien aux écoles de toute religion (chrétienne, on suppose) sans contraindre qui que ce soit à recevoir un enseignement religieux (qui est néanmoins la règle).

 

Constitution du 1er juillet 1937 modifiée

 

Au nom de la Très Sainte Trinité, de laquelle découle toute autorité et à laquelle toutes les actions des hommes et des États doivent se conformer, comme notre but suprême,    

 

Nous, peuple de l'Irlande,

 

Reconnaissant humblement toutes nos obligations envers notre seigneur, Jésus Christ, qui a soutenu nos pères pendant des siècles d'épreuves,

Se souvenant avec gratitude de leur lutte héroïque et implacable pour rétablir l'indépendance à laquelle notre Nation avait droit,

Désireux d'assurer le le bien commun, tout en respectant la prudence, la justice et la charité, afin de garantir la dignité et la liberté de chacun, de maintenir un ordre véritablement social, de restaurer l'unité de notre pays et d'établir la paix avec toutes les autres nations,

Nous adoptons, nous promulguons et nous nous donnons la présente Constitution.

 (...)

Religion

 

Article 44

 

1. L'État reconnaît que l'hommage de l'adoration publique est dû au Dieu Tout Puissant. Son nom est révéré et on doit respecter et honorer la religion [Deux alinéas abrogés sur le rôle de l'Église catholique et sur la reconnaissance des autres cultes, 5e amendement (1973)]  

 

2.

1° La liberté de conscience et la liberté de professer et de pratiquer sa religion, sous réserve de l'ordre public et de la morale publique, sont garanties à chaque citoyen.

 

2° L'État s'engage à ne doter aucune religion.

3° L'État n'impose aucune incapacité et ne fait aucune discrimination pour des raisons de statut religieux, de croyance ou de profession de foi.

4° La législation sur les subventions de l'État aux écoles ne fait aucune discrimination entre les écoles placées sous la direction de différentes confessions religieuses, ni ne peut porter préjudice au droit de tout enfant d'aller dans un école recevant de l'argent public sans assister à l'enseignement religieux de cette école.

5° Chaque confession religieuse a le droit de diriger ses propres affaires, de posséder, d'acquérir et d'administrer ses biens meubles et immeubles, et d'entretenir des institutions à des fins religieuses ou charitables.

6° Les biens de toute confession religieuse  ou de toute institution d'éducation ne peuvent être expropriés, sauf pour des travaux d'utilité publique et contre paiement d'une indemnité.

 

 

 

 

LES PETITS PAYS

 

 

Les petits pays d'Europe sont unanimes à afficher leur fidélité à leurs traditions religieuses.

La Constitution maltaise donne même clairement à l'Eglise catholique le rôle de gardien de la morale; celle du Liechtenstein affiche une tolérance un peu méfiante envers les autres cultes que le culte catholique.

Celle d'Andorre, tout en proclamant la liberté de conscience et l'obligation pour les manifestations religieuses de respecter l'ordre public et la liberté des autres,  insiste sur les relations traditionnelles de l'Etat andorran avec l'Eglise catholique. :

 Enfin la Constitution du Luxembourg, tout en affichant une grande neutralité, prévoit que la loi règle les rapports de l''Eglise avec l'Etat.

 

 

MALTE

 

 

CONSTITUTION DE MALTE 

2.

 

(1) La religion de Malte est la religion catholique romaine apostolique.

 

(2) TLes autorités de l'Eglise catholique romaine apostolique ont le devoir et le droit d'enseigner quels principres sont bons et quels principes sont mauvais.

 

(3) L'enseignement religieux de l'Eglise catholique romaine apostolique sera prescrit dans toutes les écoles de l'Etat comme une partie de l'éducation obligatoire.

 

 

 La Constitution se termine par la formule des serments prêtés par le Président de la république, le Premier ministre ou les ministres, qui comporte une forme religieuse ou se présente comme une promesse sans caractère religieux:

 

(version en anglais)

 

(a) Oath for the due execution of the office of President.

 

I .......................... solemnly swear/affirm that I will faithfully execute the office of President (perform the functions

 

of the President) of Malta, and will, to the best of my ability preserve, protect and defend the Constitution of Malta.

 

(So help me God).

 

(b) Oath for the due execution of the office of Prime Minister or other Minister or Parliamentary Secretary.

 

I ......................... solemnly swear/affirm that I will faithfully and conscientiously perform my duties as (Prime Minister/ Minister/Parliamentary Secretary) in accordance with the Constitution and the laws of Malta, without fear or favour.

 

(So help me God).

 

 

 

 

LIECHTENSTEIN

 

 Constitution de la Principauté du Liechtenstein du 5 octobre 1921

 

Art. 37

 

     1) La liberté de croyance et de conscience est garantie à tous. 

     2) L'Eglise catholique romaine est l'Eglise de l'Etat et comme telle jouit de la pleine protection de l'Etat; les autres confessions ont le droit de pratiquer leur foi et leurs cultes sous réserve de respecter la moralité et l'ordre public.

 

 

ANDORRE

 

Constitució del Principat d'Andorra, 28 d'abril de 1993 (en catalan)

 art. 11

1. La Constitució garanteix la llibertat ideològica, religiosa i de culte, i ningú no pot ésser obligat a declarar o a manifestar-se sobre la seva ideologia, religió o creences.

2. La llibertat de manifestar la pròpia religió o les pròpies creences és sotmesa
únicament a les limitacions establertes per lallei que siguin necessàries per protegir la
seguretat, l'ordre, la salut o la moral públiques o els drets i les llibertats fonamentals
de les altres persones.

3. La Constitució garanteix a l'Església Catòlica l'exercici lliure i públic de les seves activitats i el manteniment de les relacions de collaboració especial amb l'Estat d'acord amb la tradició andorrana. La Constitució reconeix a les entitats de l'Església Catòlica que tenen personalitat jurídica d'acord amb les seves pròpies normes la plena capacitat jurídica dins de l'àmbit de l'ordenament general andorrà.

 

 (1. La Constitution garantit la liberté de pensée, de religion et de culte, et le droit de toute personne de ne pas déclarer ou manifester sa pensée, sa religion ou ses croyances.

2. La liberté de manifester sa propre  religion ou ses croyances est soumise aux  seules limites établies par la loi  et nécessaires à la protection de la sécurité, de l'ordre, de la santé et de la morale publiques ou des droits et des libertés fondamentales d'autrui.

3. La Constitution garantit à l'Eglise catholique l'exercice libre de ses activités et le maintien de ses relations de collaboration spéciale avec l'Etat dans la tradition andorrane. La Constitution reconnait aux entités de l'Eglise catholique qui ont la personnalité juridique en accord avec ses propres normes la pleine capacité juridique au sein de l'ordre général andorran)

 

 

 

MONACO

 

CONSTITUTION DE LA PRINCIPAUTÉ DU 17 DÉCEMBRE 1962 (modifiée par la loi n° 1.249 du 2 avril 2002)

 

 Art. 9. - La religion catholique, apostolique et romaine est religion d'État.

 

 

 

LUXEMBOURG

 

CONSTITUTION DU GRAND-DUCHE DE LUXEMBOURG, état en 2013

 

 Art. 19.
La liberté des cultes, celle de leur exercice public, ainsi que la liberté de manifester ses opinions religieuses, sont garanties, sauf la répression des délits commis à l’occasion de l’usage de ces libertés.

 Art. 20.
Nul ne peut être contraint de concourir d’une manière quelconque aux actes et aux cérémonies d’un culte ni d’en observer les jours de repos.


Art. 21.
Le mariage civil devra toujours précéder la bénédiction nuptiale.


Art. 22.
L’intervention de l’Etat dans la nomination et l’installation des chefs des cultes, le mode de nomination et de révocation des
autres ministres des cultes, la faculté pour les uns et les autres de correspondre avec leurs supérieurs et de publier leurs actes, ainsi que les rapports de l’Eglise avec l’Etat, font l’objet de conventions à soumettre à la Chambre des Députés pour les dispositions qui nécessitent son intervention.
(Révision du 2 juin 1999)

 

 

 Toutefois la place reconnue aux églises et notamment à l'église catholique par la législation a été récemment modifiée par des accords de 2015-2016, parfois qualifiés de séparation de l'Eglise et de l'Etat, mais qui sont loin de rejoindre le modèle français :

 

" La Constitution garantit la liberté de religion. Conformément à une convention signée avec l’État, des fonds publics sont versés à des groupes chrétiens – catholiques, grecs orthodoxes, russes orthodoxes, roumains orthodoxes et serbes orthodoxes, anglicans, Église protestante réformée du Luxembourg, Église protestante du Luxembourg – ainsi qu’à des groupes juifs.

Après plusieurs années de négociations pendant lesquelles le gouvernement a fait avancer la cause de la séparation de l’Église et de l’État, le 26 janvier 2015, les groupes confessionnels luxembourgeois et le gouvernement ont signé un accord pour réorganiser leur rapport. Ainsi, l’État réduira drastiquement ses subventions à l’Église catholique (6 750 000 € au lieu de 23 720 000 €), mais, pour la première fois, il en accordera à la communauté musulmane."

http://www.liberte-religieuse.org/luxembourg/

 

 

 

 PAYS NORDIQUES

 

 

 En Suède et en Norvège, où l’Église luthérienne était religion d’État, ces pays ont récemment évolué vers un régime de séparation souple, respectivement en 2000 et en 2012 (Bérengère MASSIGNON Les laïcités en Europe IESR - Institut européen en sciences des religions, http://www.iesr.ephe.sorbonne.fr/index7042.html).

Il est toutefois probable que la laïcité tatillonne à la française y est inconnue comme l'indique l'expression "séparation souple".

 

NORVÈGE

 

 

" Depuis le 1er janvier 2017, L’église luthérienne norvégienne est séparée de l'Etat, en application d’une loi votée en 2012 : les 1 250 prêtres et évêques norvégiens ne seront plus payés par le gouvernement ni nommés par le roi Harald V. Pour la presse locale, il s’agit du « plus grand changement depuis la Réforme », il y a cinq cents ans."

( La Croix https://www.la-croix.com/Urbi-et-Orbi/Actualite/Monde/LEglise-lutherienne-Norvege-lEtat-officiellement-separes-2017-01-04-1200814727

 

La Constitution a été modifiée mais on pourra constater qu'elle est toujours très loin de correspondre à l'idée française de laïcité (on peut même être étonné qu'on parle de séparation de l'église avec l'Etat, à la lecture de l'article 16 - il est probable qu'on a voulu conserver certaines formulations symboliques et ne pas aller trop loin ou trop vite - alors que le nombre de pratiquants a décru de façon très importante) :

 

Constitution du 17 mai 1814

Promulguée le 17 mai 1814 par l'Assemblée constituante réunie à Eidsvoll. (version de 2013)

 

Article 2 (modifié en 2012)

 

La base de nos valeurs reste notre héritage chrétien et humaniste. La présente Constitution garantit la démocratie, la primauté du droit et les droits de l'homme

 

 (ancien texte : Tous les habitants du royaume jouissent du droit d'exercer librement leur religion.  
La religion évangélique luthérienne demeure la religion officielle de l'État. Les habitants qui la professent sont tenus d'y élever leurs enfants.)

 

Article 4 (modifié en 2012)

 

Le Roi devra toujours professer la religion évangélique luthérienne

 

 (ancien texte : Le Roi devra toujours professer la religion évangélique luthérienne, la maintenir et la protéger.)

 

 

Article 16  (modifié en 2012)

 


Tous les habitants du royaume jouissent du droit d'exercer librement leur religion. L'Église norvégienne [norske Kirke], une église évangélique luthérienne, demeure l'Église d'Etat norvégienne et elle est soutenue comme telle par l'État. Des dispositions particulières relatives à son organisations relèvent de la loi. Toutes les religions et tous les groupes religieux sont soutenus de la même manière.

 

  (ancien texte : Le Roi règle tout ce qui concerne les services ecclésiastiques et le culte publics, les réunions et assemblées ayant la religion pour objet, et il veille à ce que les personnes qui enseignent officiellement la religion observent les normes qui leur sont prescrites.)

 

 

 

 

L'Islande, le Danemark  et la Finlande reconnaissent toujours la rôle  prééminent de l'Eglise luthérienne.

 

 FINLANDE

La Constitution de la Finlande (731/1999)

 

 Article 76 - Loi sur l'Église L'organisation et l'administration de l'Église évangélique-luthérienne sont réglées par la loi sur l'Église. La procédure d'adoption de la loi sur l'Église et le droit de proposer une motion relative à cette loi sont réglés par les dispositions spécifiques en vigueur de la loi précitée.

 

 

 ISLANDE

 

Constitution de la république d'Islande du 17 juin 1944, modifiée en 1984, 1991, 1995 et 1999 (version  en anglais)

 

VI.
Article 62


The Evangelical Lutheran Church shall be the State Church in Iceland and, as such, it shall be supported and protected by the State.This may be amended by law.

(L'église luthérienne évangélique sera l'église de l'Etat en Islande, et comme telle sera soutenue et protégée par l'Etat. Cet article peut être modifié par la loi)

 

Article 64


No one may lose any of his civil or national rights on account of his religion, nor may anyone refuse to perform any generally applicable civil duty on religious grounds.

Everyone shall be free to remain outside religious associations. No one shall be obliged to pay any personal dues to any religious association of which he is not a member.

A person who is not a member of any religious association shall pay to the University of Iceland the dues that he would have had to pay to such an association, if he had been a member. This may be amended by law.

 

 (Personne ne peut perdre l'un de ses droits civiques ou nationaux en raison de sa religion ni ne peut refuser, pour des motifs religieux,  d'accomplir un devoir civil applicable généralement.

Chacun sera libre de rester en dehors d'associations religeuses. Personne ne sera obligé de payer des redevances à une association religieuse dont il ne fait pas partie.

Une personne qui ne fait pas partie d'une association religieuse paiera à l'Université d'Islande les redevances qu'elle aurait dû payer à une telle association si elle en avait été membre. Cet article peut être modifié par la loi)

 

 

 DANEMARK

 

Constitution du 5 juin 1953

 

Article 4.

L'Église évangélique luthérienne est l'Église nationale danoise et jouit, comme telle, du soutien de l'État.

 

Article 6.

Le Roi doit appartenir à l'Église évangélique luthérienne.


Article 66.

Le statut de l'Église nationale sera réglé par la loi.

 

Article 67.

Les citoyens ont le droit de se réunir en communautés pour le culte de Dieu conformément à leurs convictions, pourvu qu'ils n'enseignent ni ne pratiquent rien qui soit contraire aux bonnes moeurs ou à l'ordre public.

 

Article 68.

Nul n'est tenu de contribuer personnellement à un autre culte que le sien.

 

Article 69.

Les conditions des Églises dissidentes sont fixées par la loi.

 

 

 

 

 BELGIQUE

 

 

La Belgique apporte une conception particulière de la laïcité dans ses institutions. Conçue comme une sorte de neutralité bienveillante, la laïcité  dans sa forme belge conduit à accorder la reconnaissance de l'Etat à toutes les religions, y compris à l'absence de religion, qui est considérée comme une option parmi les autres.

Les ministres des cultes sont salariés par l'Etat.

 

 Constitution coordonnée le 17 février 1994

 

Article 11

La jouissance des droits et libertés reconnus aux Belges doit être assurée sans discrimination. A cette fin, la loi et le décret garantissent notamment les droits et libertés des minorités idéologiques et philosophiques.

 

Article 19

La liberté des cultes, celle de leur exercice public, ainsi que la liberté de manifester ses opinions en toute matière, sont garanties, sauf la répression des délits commis à l'occasion  de l'usage de ces libertés.

 

Article 20

Nul ne peut être contraint de concourir d'une manière quelconque aux actes et aux cérémonies d'un culte, ni d'en observer les jours de repos.

 

Article 21

L'État n'a le droit d'intervenir ni dans la nomination ni dans l'installation des ministres d'un culte quelconque, ni de défendre à ceux-ci de correspondre avec leurs supérieurs, et de publier leurs actes, sauf, en ce dernier cas, la responsabilité ordinaire en matière de presse et de publication. Le mariage civil devra toujours précéder la bénédiction nuptiale, sauf les exceptions à établir par la loi, s'il y a lieu.

 

 Article 24

 § 1er.  L'enseignement est libre; toute mesure préventive est interdite; la répression des délits n'est réglée que par la loi ou le décret. La communauté assure le libre choix des parents. La communauté organise un enseignement qui est neutre. La neutralité implique notamment le respect des conceptions philosophiques, idéologiques ou religieuses des parents et des élèves. Les écoles organisées par les pouvoirs publics offrent, jusqu'à la fin de l'obligation scolaire, le choix entre l'enseignement d'une des religions reconnues et celui de la morale non confessionnelle.

§ 2.  Si une communauté, en tant que pouvoir organisateur, veut déléguer des compétences à un ou plusieurs organes autonomes, elle ne le pourra que par décret adopté à la majorité des deux tiers des suffrages exprimés.

§ 3.  Chacun a droit à l'enseignement dans le respect des libertés et droits fondamentaux. L'accès à l'enseignement est gratuit jusqu'à la fin de l'obligation scolaire. Tous les élèves soumis à l'obligation scolaire ont droit, à charge de la communauté, à une éducation morale ou religieuse.

 

 Article 181

§ 1er.  Les traitements et pensions des ministres des cultes sont à la charge de l'État; les sommes nécessaires pour y faire face sont annuellement portées au budget. § 2.  Les traitements et pensions des délégués des organisations reconnues par la loi qui offrent une assistance morale selon une conception philosophique non confessionnelle sont à la charge de l'État; les sommes nécessaires pour y faire face sont annuellement portées au budget.

 

 

 " En Belgique, sept religions (dont l’islam, en 1974) bénéficient actuellement d’un statut de reconnaissance publique, ainsi qu’une fédération d’associations philosophiques laïques, en 1970. Aussi parle-t-on parle de pilarisation aussi pour la Belgique catholique. Là cette formule de compromis ne sert pas à gérer une diversité confessionnelle (catholiques contre protestants), comme aux Pays-Bas, mais permet de résoudre le conflit entre forces cléricales (catholiques) et anticléricales (libéraux, libres penseurs, francs-maçons, humanistes) qui fit rage tout au long du XIXe siècle. En Belgique, les mouvements laïques jouissent des mêmes avantages que les religions reconnues... Ainsi, la laïcité belge est une composante du pluralisme religieux "(Bérengère MASSIGNON Les laïcités en Europe,  IESR - Institut européen en sciences des religions, http://www.iesr.ephe.sorbonne.fr/index7042.html

 

Les sept religions ou composantes philosophiques reconnues sont le Catholicisme, l'Islam, le Protestantisme, le Judaïsme, le Christianisme orthodoxe,  l'Anglicanisme, et  ce qu'on appelle "la laïcité organisée"  (organisée autour des associations  laïques ou de libre pensée). Le Bouddhisme a demandé à faire partie des religions ou communautés reconnues. 

 Dans l'éducation publique,  les parents peuvent choisir l'option religieuse que suivra leur enfant parmi celles qui sont reconnues

Comme on l'a dit pour le Royaume-Uni, la reconnaissance des diversités régionales en Belgique (qui est devenu un Etat fédéral à partir des années 90) va de pair avec la reconnaissance des religions présentes.

 

 

Mais cette reconnaissance n'estompe pas le poids de la tradition : la religion catholique est omniprésente dans la vie quotidienne et aussi dans l’État;  le cardinal occupe la deuxième place de l'ordre de préséance après le roi (Wikipedia).

La dépense de l'Etat fédéral pour les religions représente  107 milions d'euros par an (sans compter les contributions des régions et communautés fédérées, Flandre, Wallonie...). La religion catholique recevrait environ 80% des crédits.

 Néanmoins, une forme de neutalité plus affichée fait des progrès : "lors de l’année scolaire 2014-2015], les appellations des vacances ont été modifiées pour perdre leur consonance religieuse" (Wikipedia), en créant des polémiques dans les partis politiques.

 

En mars 2015, un arrêt de la Cour constitutionnelle reconnait le droit aux élèves d’être dispensé de suivre soit un cours de religion ou de morale à la demande des parents. Cette décision est spécifique à l’enseignement public en Wallonie et à Bruxelles.  Le gouvernement propose alors des cours alternatifs appelés  « encadrement pédagogique alternatif » (EPA),  rapidement rebaptisées « cours de rien » par l’opinion publique en raison de l'absence de contenu. Finalement après beaucoup de polémiques (dans le contexte marqué par les attentats de Paris du début 2015) le gouvernement révise les programmes du cours pour axer celui-ci sur la citoyenneté.

A partir de 2016, les écoliers du primaire (ou plutôt  leurs parents) pourront soit choisir exclusivement le cours d'EPA, à raison de deux heures par semaine, soit, de le suivre pour une heure et de suivre l’autre heure le cours de religion ou de morale.  Les élèves du secondaire auront le choix entre 2 heures de citoyenneté ou 2 heures de religion morale. À la rentrée 2017 les élèves du secondaire auront même choix que celui des primaires en 2016 (d'après Wikipedia, article Laïcité ).

 Selon Wikipedia, dans cette affaire, les opposants au « cours de rien » défendent la laïcité dans sa forme belge et le maintien des droits acquis, contre une conception à la française de la laïcité, qualifiée d'ingérence étrangère.  

 

 Signalons pour finir qu'en 2015, la poste belge (bpost) a commandé un timbre à la photographe flamande Lieve Blancquaert pour illustrer la tolérance. Le timbre montre trois représentants religieux belges (un imam, le grand-rabbin de Bruxelles et l'évêque d'Anvers) posant leur main l'une sur l'autre avec la légende, en français et en flamand : " Allen gelijk, tous différents". Il paraitra en 2016.

 

 

11707560_10152869404622161_2896814044349734066_n

 Le roi des Belges Philippe et sa famille assistent au Te Deum pour la fête nationale belge le 21 juillet 2015 à la cathédrale Saint Michel et Sainte Gudule (Bruxelles).

http://www.noblesseetroyautes.com/2015/07/te-deum-pour-la-fete-nationale/

 

 

 

 PAYS-BAS

 

 

Les Pays-Bas peuvent représenter un pays en voie de laïcisation complète, ou plutôt de sécularisation, car pour autant on est loin de la  laïcité à la française, comme le montre le serment prêté par le nouveau roi en 2013.

La religion luthérienne a cessé d'être religion d'état en 1983.

 

" Aux Pays-Bas, et dans une moindre mesure aussi en Allemagne, le compromis [imposé par la coexistence de plusieurs religions sur le territoire] a pris la forme de la pilarisation (du néerlandais verzuiling), c’est-à-dire d’une segmentation verticale de la société : de la naissance à la mort, un catholique était pris en charge par des organisations catholiques (école, hôpital, organisations de jeunesse, parti catholique etc.) ; de même pour les protestants et pour les « humanistes séculiers ». Autrement dit, on évoluait tout au long de sa vie au sein d’un « pilier » confessionnel ou philosophique non confessionnel. Ce système est aujourd’hui en voie de délitement avec la sécularisation avancée de la société hollandaise" (Bérengère MASSIGNON Les laïcités en Europe IESR - Institut européen en sciences des religions, http://www.iesr.ephe.sorbonne.fr/index7042.html)

 

Lors de l'intronisation du nouveau roi Willem-Alexander le 30 avril 2013,  après l'abdication de sa mère la reine Beatrix, la cérémonie s'est déroulée dans  la Niewe Kerke (Nouvelle église d'Amsterdam, église nationale du royaume des Pays-Bas, mais déconsacrée) et n'a pas comporté d'aspect religieux. Toutefois le roi a prêté serment de cette façon :

 

« Je jure aux peuples du royaume de respecter et de défendre le Statut du royaume et la Constitution.

Je jure de défendre et de conserver de tout mon pouvoir l’indépendance et l’intégrité territoriale du royaume, de protéger la liberté et les droits de tous les Néerlandais et de toutes les résidents sur notre sol, et de mettre en œuvre tous les moyens que les lois mettent à ma disposition pour maintenir et favoriser la prospérité, comme un roi bon et fidèle est tenu de le faire.

Que Dieu tout-puissant me soit en aide ! »

On notera la formulation "aux peuples du royaume" qui correspond au fait que le royaume est constitué de quatre territoires autonomes : les Pays-Bas proprement dit, et trois territoires des Caraïbes : Aruba, Curaçao et Saint-Martin (il existe aussi des territoires  rattachés au territoire européen sous le nom de Pays-Bas caribéens).

" Constitutionnellement, le roi avait le droit de ne pas prêter serment [devant Dieu], mais il devait le cas échéant faire une « promesse ». Ainsi, en changeant le « Je jure » (Ik zweer) en « Je promets » (Ik beloof) et la phrase « Que Dieu tout-puissant me soit en aide ! » (Zo waarlijk helpe mij God almachtig!) en « Je le promets » (Dat beloof ik!), le serment serait devenu une promesse selon la loi royale du 27 février 1992 " (Wikipedia, article Intronisation de Willem-Alexander des Pays-Bas ).

  Les hautes autorités présentes, les parlementaires des deux chambres et les représentants des îles des Caraïbes néerlandaises ont ensuite prêté serment (ou promesse dans la forme non religieuse) d'allegeance au nouveau roi. Seuls 16 membres des deux chambres du Parlement néerlandais sur 225  ont refusé de prêter serment ou de faire une promesse (dont des socialistes, des "verts" et des représentants du parti des droits des animaux).

 

 

 

Queen+Maxima+Inauguration+King+Willem+Alexander+hJ_U-tRNkiil

Le roi Willem-Alexander prête serment devant Dieu pour son accession au trône des Pays-Bas le 30 avril 2013. 

http://www.zimbio.com/photos/Queen+Maxima/Inauguration+King+Willem+Alexander/hJ_U-tRNkii

 

 

 

 

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Le comte Lanza vous salue bien
Publicité
Archives
Publicité