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Le comte Lanza vous salue bien
10 août 2015

LE DRAPEAU CONFÉDÉRÉ ET LA MÉMOIRE DE LA GUERRE DE SÉCESSION DEUXIÈME PARTIE

 

LE DRAPEAU CONFÉDÉRÉ ET LA MÉMOIRE DE LA GUERRE DE SÉCESSION

 

DEUXIÈME PARTIE

 

 

 

LA FIN DE LA SÉCESSION

 

 

Les Etats du Sud, moins nombreux et moins peuplés que les Etats du Nord (9,1 millions d’habitants au Sud dont 3,5 millions d'esclaves noirs, contre 22 millions d’habitants au Nord), et bien moins industrialisés qu’eux, devaient perdre la guerre. Le Nord n’ayant jamais accepté l’idée de reconnaître la séparation, l’idée d’une paix qui pouvait laisser le Sud  indépendant était exclue sauf si le Sud était capable d’infliger au Nord des défaites l’obligeant à négocier.

Mais le Sud ne put que résister à l’avancée nordiste, sans pouvoir  menacer sérieusement le Nord (sauf à la bataille de Gettysburg, mais les Sudistes perdirent la bataille). La lutte finit par devenir totale et on estime les pertes des deux camps à 617 000 hommes, soit 2 % de la population de l'époque, avec autant de blessés.

Les pertes furent plus importantes au Sud qu’au Nord en proportion de la population :   359 000 hommes tués au Nord, environ un soldat sur cinq, 258 000 tués au Sud, environ un soldat sur quatre (source : WIkipedia, article sur la guerre de Sécession).

Le Nord mit au service de l’armée toutes ses ressources industrielles  et put écraser le Sud de plus en plus démuni et réduit à la misère et à une guerilla sans espoir.

Il suffit de penser au Gun Club imaginé par Jules Verne (dans le roman De la terre à la lune), qui regroupe des scientifiques et des ingénieurs du Nord, inventant des canons de plus en plus puissants pendant la guerre. Réduits à l’inactivité par la fin de la guerre, les membres du Gun Club décident de fabriquer le canon géant qui enverra un obus habité sur la Lune.

L’imagination de Jules Verne se fondait  sur la réalité en ce qui concerne la supériorité d’armement du Nord, dont la production industrielle  fut dopée par la guerre et prépara la prospérité américaine de la fin du 19ème siècle.

 

Au début de la guerre, seuls combattaient des engagés volontaires et des soldats de métier (au Sud le noyau de l'armée de métier avait été composé par des militaires de l'armée fédérale qui avaient choisi la cause du Sud).

Puis les deux antagonistes avaient instauré la conscription, le Sud en avril 1862 et le Nord en mars 1863. Au Nord la conscription  touchait plus les pauvres que les riches (qui pouvaient payer pour en être dispensés). Elle provoqua dans plusieurs villes mais surtout à New York de graves émeutes..

A New-York les émeutes se déclenchèrent lors du tirage au sort des conscrits en juillet 1863, après la bataille de Gettysburg et durèrent une semaine ( Draft riots, émeutes de la conscription). Parmi les émeutiers on trouvait beaucoup d'Irlandais catholiques récemment naturalisés. Les émeutiers dénonçaient "une guerre de riches faite par les pauvres".

La foule s'en prit aux dirigeants et aux journaux Républicains qui soutenaient la guerre.  Les émeutes firent plus d'une centaine de morts, des bâtiments furent  incendiés.  La  police fut tout d'abord débordée puis  l'armée réprima durement l'insurrection. Il est caractéristique que les émeutiers s'en prirent aux Noirs lors des émeutes, jugés responsables de la guerre et faisant concurrence aux Blancs pauvres pour l'emploi. Plusieurs Noirs furent ainsi lynchés et un orphelinat pour enfants noirs incendié (les enfants avaient pu être mis à l'abri). 

Ces émeutes illustrent aussi l'absence d'unanimité dans le Nord en ce qui concerne la guerre.

 

En 1864 le Sud résista au point que Lincoln redouta que l'absence de résultats ne lui fasse perdre sa réélection à la présidence. Mais il l'emporta sur son concurrent le Démocrate Mc Clellan, partisan d'une paix reconnaissant les "droits des Etats", donc les revendications des Etats du Sud . 

Par contre, Lincoln dut prendre comme vice-président  Andrew Johnson, représentant de la tendance des Républicains radicaux, qui voulaient punir le Sud. Lincoln qui avait prononcé le discours de Gettysburg dans lequel il offrait au Sud la réconciliation si les Etats faisaient de nouveau allégeance à la Constitution fédérale, devait désomais compter avec une frange dure des Républicains qui ne voulaient pas entendre parler de pardon et encore moins de paix mais voulaient l'écrasement du Sud.

En septembre 1864, la prise d'Atlanta par le général nordiste Sheridan marqua le début de l'effondrement du Sud.

Les troupes nordistes, au fur et à mesure de leur avance dans le Sud, se livraient à des destructions systématiques où s’illustra notamment le général Sherman. La Georgie et surtout la Caroline du Sud furent ravagées lors de la "marche vers la mer" de Sherman.

Le but était de frapper de terreur les habitants, de détruire leurs ressources et de punir le Sud. La destruction de Columbia, capitale de la Caroline du Sud, premier Etat  à avoir fait sécession, est caractéristique de cette volonté de punition.

Partout les incendies réduisaient en cendres les villes ou les orgueilleuses propriétés, plongeant riches et pauvres dans le même dénuement et la même terreur, tandis que les derniers soldats sudistes (avec souvent des très jeunes gens qui avaient rejoint l’armée) résistaient comme ils pouvaient

Le Sud décida d'incorporer dans l'armée des soldats Noirs en promettant à ceux qui s'engageraient l'affranchissement et celui de leur famille.

Les scènes de panique lors de l’incendie et de la prise d’Atlanta, dans le film Autant en emporte le vent, de Victor Fleming (1939), tiré du roman de Margaret Mitchell, donnent une bonne idée de l’effondrement du Sud.

 

 

 

WE ARE ALL AMERICANS

 

 

Le 8 avril 1865, la  bataille d’Appomatox mit fin à l’espoir du général Lee de pouvoir replier ses troupes sur lesquelles convergeaient les armées nordistes.

Le général  en chef des troupes du Nord, Ulysse Grant, s’est emparé quelques jours plus tôt de Richmond, la capitale des Confédérés.

A bout de ressources, sans espoir, le comandant en chef des troupes confédérées,  Robert  Lee, décida de capituler. Lee, le meilleur général sudiste, venait à peine d'être nommé commandant en chef par le président Davis. Jusque là l'armée confédérée n'avait pas eu de chef unique et on a pu considérer que ce défaut de commandement unique avait joué un rôle dans la défaite finale du Sud.

Le général  Grant, confia à un de ses adjoints, le général Ely S. Parker,  le soin de rédiger l’acte de capitulation.

Or cet adjoint était un Indien de la tribu Seneca, qui était également avocat dans le civil (ce qui devait être rare pour un Indien) et avait atteint le grade de général (Brigadier general dans la hiérarchie américaine)

Lorsque Robert Lee arriva au quartier général de Grant pour signer la capitulation le 9 avril, il remarqua le général Parker et on dit qu’il déclara :

Je suis content de voir qu’il y a au moins ici un véritable Américain.

Ce à quoi le général  Ely Parker  aurait répondu par une phrase célèbre : We are all Americans.

(Nous sommes tous Américains)

Ainsi, deux Indiens, chacun dans un camp, avaient atteint le grade de général  durant la guerre (on dit que Parker  avait été d’abord exclu de l’armée pour son origine raciale avant d’être réintégré). L’autre Indien, dans le camp sudiste, est  Stand Watie,  commandant des Cherokees alliés à la Confédération, dont on déjà parlé.

Le général sudiste  Joseph Johnston se rendit  à son tour le 26 avril 1865 au général William T. Sherman.

Le général Stand Watie continua quelques semaines le combat et ce général indien fut le dernier général sudiste à rendre les armes  le 23 juin 1865.

Pendant ce temps ce fut la débandade pour les politiciens sudistes;  beaucoup prirent la fuite, certains se réfugiant au Canada ou en Angleterre.

Le président de la Confédération, Jefferson Davis, en fuite vers le Mexique, fut finalement arrêté. Incarcéré quelque temps, traité durement au début de sa détention (il fut enchaîné), il fut remis en liberté sans avoir été jugé et termina paisiblement sa vie dans son Sud bien aimé à 81 ans.

Le Nord et Lincoln triomphaient. Lincoln avait été réélu président en novembre 1864.

Le 14 avril 1865, quelques jours après la capitulation de Lee, alors que certains généraux Sudistes luttaient encore, Lincoln assista avec sa femme à une représentation théâtrale à Washington. On jouait une comédie, My American Cousin (mon cousin d’Amérique).

Durant la représentation, un acteur, John Wilkes Booth, s’approcha de la loge présidentielle et tira sur le Président, le blessant mortellement.

Après avoir tiré, Booth cria : Sic semper tyrannis.  C’était (et c’est toujours) la devise (en latin) de la Virginie, qui peut se traduire : Ainsi périssent tous les tyrans (le mot « périssent » est sous-entendu).

Booth était originaire du Maryland, un Etat qui resta dans l'Union lors de la guerre de Sécession (par précaution, il fut occupé militairement par les troupes fédérales), mais où les sympathisants confédérés comme l'était Booth,  étaient nombreux; il avait aussi vécu en Virginie et fait partie de la milice de cet Etat.

Pendant que Booth assassinait Lincoln, il était prévu que deux complices assassinent le secrétaire d'Etat et le Vice-Président Andrew Johnson. L'un des complices se présenta chez le Secrétaire d'etat qui était malade et ne réussit qu'à le blesser; il fut arrêté. L'autre n'osa pas passer à l'action.

Booth qui s’était blessé à la jambe en sautant sur la scène après avoir tiré sur le Président, arriva à quitter le théâtre en profitant de la panique.  Il fut repéré quelques jours après dans une ferme où il s’était réfugié et abattu par les soldats. Six de ses complices, dont une femme, qui avaient préparé l’attentat,  furent condamnés à mort et pendus. Le médecin qui avait soigné Booth durant sa fuite, fut condamné à la prison à vie (mais il y avait des éléments discutés tendant à établir qu’il faisait partie du complot). Lui et un autre accusé condamné à une peine de prison furent grâciés en 1869

 

 

birth-of-a-nation-assassination-poster

Scène de l'assassinat de Lincoln. Booth saute sur la scène du théâtre après avoir fait feu sur le Président. Une des affiches du célèbre film de D. W. Griffith, Birth of a Nation (Naissance d'une nation, 1915).

http://boothiebarn.com/2013/06/15/the-assassination-in-the-birth-of-a-nation/

 

Les funérailles du Président Lincoln furent célébrées le le 19 avril 1865 à Washington devant une foule immense, puis le  corps du Président   fut transporté sur un train funèbre orné d’une profusion de drapeaux américains et  traversa les Etats du Nord, faisant halte dans les grandes villes et salué par des foules émues. Un nouveau cortège de  funérailles eut lieu  à New York devant une assistance imposante. Puis le Président fut enterré à  Springfield,  sa ville natale, dans l’Ohio.

Bien loin de là, en Belgique où il séjournait, Charles Baudelaire, loin d’être au diapason de presque toute l’Europe qui chantait les louanges de Lincoln et du combat du Nord pour le droit et la morale,  nota dans son journal :  Lincoln est-il un coquin châtié ? Booth est un brave, il est mort de la mort des braves.

 

 

 

Lincoln_funeral_in_New_York_City

 Cortège de funérailles du Président Lincoln a New York

Harper's Weekly, May 13, 1865,

 Wikipedia

 

 

 

UNE LETTRE DE LORD ACTON

 

 

Lord John Acton (1834-1902), qui fut à la fin de sa vie professeur d’histoire  à Cambridge (Angleterre)  a laissé un nom comme théoricien du libéralisme. Lui-même catholique dans un pays très majoritairement protestant, il s’intéressait particulièrement aux minorités et aux conditions politiques permettant aux minorités de ne pas être brimées par la majorité. II  était l'ami de l'homme politique Gladstone, libéral, plusieurs fois Premier ministre et protestant.

Les dirigeants britanniques de l'époque, comme les Français, avaient regardé la guerre entre le Nord et le Sud avec circonspection et en se gardant bien de reconnaître l'indépendance du Sud, mais avec souvent une forme de sympathie pour le Sud.

Napoléon III avait déclaré : si le Nord remporte la guerre, j'en serai content. Si le Sud remporte la guerre, j'en serai ravi.

Gladstone avait déclaré :

" We may have our own ideas about slavery; we may be for or against the South; but there is no doubt that Jefferson Davis and the other soldiers of the South have made an army; they are making, it appears, a navy; and they have made what is more than either, they have made a nation".

(Nous pouvons avoir notre propre idée sur l'eclavage, nous pouvons être pour ou contre le Sud, mais il n'y a pas de doute que Jefferson Davis et les autres combattants du Sud ont fabriqué une armée, qu'ils sont en train de fabriquer une marine et ce qui est plus important encore, qu'ils ont fabriqué une nation).

 

Acton, né en Italie d'une grande famille anglo-allemande, fut élevé à la pairie (titre de baron) en 1869 en raison de sa renommée de penseur politique et de journaliste  - et grâce à son amitié avec Gladstone.

On connait de Lord Acton la fameuse phrase :  Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument.

Il est très curieux de savoir que John Acton  (il ne portait pas encore le titre de Lord à ce moment) adressa en  novembre 1866 au général Lee une  lettre disant que le combat du Sud avait été un combat pour la démocratie et sa défaite une défaite de la démocratie et de la civilisation.

Acton voulait dire que le Sud avait combattu pour les droits des communautés locales contre l'autoritarisme et le centralisme de l'état fédéral, qui n'était plus fédéral qu'en façade et était devenu autoritaire et centralisateur. Pour lui, le régime de la Confédération permettait un gouvernement respectueux des habitudes et de la culture des communautés locales. 

Mais Lord Acton ne tenait pas beaucoup compte d’une autre communauté, celle des esclaves du Sud, qui avaient peut-être aussi des droits…Non qu'il  était partisan de l'esclavage, mais cette question lui paraissait en l'occurrence secondaire.

 Le général Lee lui répondit que la guerre avait été causée par l'intransigeance du Nord et son refus du compromis; maintenant que l'issue de la guerre avait tranché le conflit politique, il acceptait de bon coeur l'évolution  des choses et notamment la fin de l'esclavage, qui avait toujours été le souhait de certains habitants du Sud.

 

 

 

RETOUR SUR ALBERT PIKE

 

 

 [  Pour les lecteurs qui n'ont pas lu nos précédents messages, Albert Pike est un grand personnage de la franc-maçonnerie américaine (il fut de 1859 à la fin de sa vie, en 1891,  un des plus hauts dignitaires du Rite Ecossais Ancien et Accepté); il fut,  plus accessoirement, dans une vie bien remplie d'avocat, de journaliste et même de poète,  un général confédéré - il démissionna assez vite de l'armée sudiste après que les troupes indiennes qu'il commandait aient été accusées d'avoir scalpé des morts Nordistes lors d'une bataille. 

Aujourd'hui, le nom de Albert Pike est fréquemment cité dans les théories du complot à propos d'une prétendue lettre de 1871 de Albert Pike au révolutionnaire italien Mazzini, qui organise un complot mondial contre le christianisme : celui-ci devrait être vaincu après "trois guerres mondiales". L'origine de cette prétendue lettre se  trouve  dans les livres publiés  à la fin du 19ème siècle par des auteurs anti-maçonniques, Léo Taxil et le docteur Bataille, qui avaient monté un vaste canular pour discréditer la franc-maçonnerie.

Voir sur ce sujet nos messages Albert Pike et Mazzini ]

 

Il semble qu’après la fin de la guerre, Albert Pike se soit réfugié un moment au Canada. On lui reprochait d’avoir voulu provoquer un soulèvement des Indiens. Etait-ce vrai ?

Pike revint en Arkansas et se justifia des accusations de haute trahison portées contre lui.

On sait qu’il reprit son activité d’avocat, plaidant devant la Cour Suprême à Washington. Cela montre  qu’il avait accepté le fait accompli et de reprendre des relations professionnelles avec les autorités fédérales. Il  s’installa même définitivement  dans la capitale de ce qui avait été pour lui, le Nord, pays ennemi. On sait aussi qu’il se consacra de plus en plus à ses activités maçonniques puisqu’il dirigeait le Conseil Suprême de la juridiction sud du Rite Ecossais Ancien et Accepté, initialement  implanté à Charleston (Caroline du Sud) et dont il transféra le siège à Washington.

Agé de près de 60 ans, Albert Pike eut une relation amoureuse (semble-t-il) avec une jeune sculptrice âgée de moins de 20 ans, Winnie Reame, qui avait été commissionnée par le gouvernement fédéral pour faire une statue de Lincoln.

Comme nous l’avons rappelé dans la première partie de Albert Pike et Mazzini,  aucune preuve n’existe que Albert Pike ait figuré parmi les fondateurs ou les dirigeants du Klu-Klux-Klan,  comme on l’a affirmé. Evidemment il est probable qu’il restait sentimentalement fidèle au Sud et à la Confédération, comme le montre son poème, daté de l’immédiat après-guerre, The Lament of Dixie (la lamentation de Dixie –Dixie étant le surnom du Sud).

 Pike n’était pas un Sudiste de naissance, mais il s'était établi dans l'Arkansas, et avait soutenu la sécession quand le moment du choix arriva; il  semble bien qu'il ait été un ferme partisan de l'esclavage. Il n'est pas certain qu'il soit resté nostalgique des temps de l'esclavage une fois que l'histoire avait tranché. Il  écrivit assez curieusement dans un journal de l'Arkansas qu'il dirigeait, en 1867, que bien sûr, l'esclavage était un mal, comme le capitalisme [plus exactement la concentration excessive du capital) et les grandes villes (!) , mais que notre monde est composé indissolublement de bien et de mal. On admettra qu'il  y a des condamnations de l'esclavage plus fermes ! 

 A la Nouvelle-Orléans, le buste de Pike a été tagué avec l'inscrption Black lives matter, (les vies noires comptent, ou ont de l'importance) en juin 2015, comme l'ont été des dizaines de monuments évoquant la Confédération (voir notre dernier chapitre ci-dessous, La guerre des mémoires).

 

 

 albert-pike

 

Buste d'Albert Pike au Jefferson Davis Parkway, Mid-City, Nouvelle-Orléans.

La légende sur le piédestal dit : Gen. Albert Pike Confederate States Army 1809-1891 Soldier-Philosopher-Scholar Grand Commander Supreme Council 33 ° Ancient and Accepted Scottish Rite of Freemasonry Southern Jurisdiction U.S.A. 1859-1891

Erected April 27, 1957 by the Grand Consistory of LA., 32° Ancient and Accepted Scottish Rite of Freemasonry to commemorate the session of the Supreme Council, 33° A.A.S.R. held in New Orleans on April 25, 1857. When Gen. Albert Pike was coroneted a 33° Mason and Inspector General Honorary.

(Général Albert Pike de l'armée des Etats confédérés, 1809-1891, soldat, philosophe, érudit, Grand Commandeur du Suprême Conseil du 33ème degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté de la Franc-maçonnerie, juridiction Sud USA 1859-1891.

Erigé le 27 avril 1957 par le Grand Consistoire de Los Angeles du 32ème degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté de la Franc-maçonnerie pour commémorer la session du Suprême Conseil du 33ème degré du REAA, tenue à la Nouvelle-Orléans en avril 1857, où Albert Pike fut nommé 33ème degré et Inspecteur général honoraire).

Le piédestal est recouvert par une peinture au spray qui dit en forme de tag : Black Lives Matter , les vies noires comptent (photo by Alicia Serrano, MidCityMessenger.com)

http://midcitymessenger.com/2015/06/29/who-are-the-other-confederate-soldiers-honored-with-statues-on-jefferson-davis-parkway-in-mid-city/

 

 

 

 

 

UNE IMAGINATION DE WINSTON CHURCHILL

 

 

En 1929, Winston Churchill, dont la carrière politique était en panne en Grande-Bretagne, fit un voyage aux Etats-Unis, accueilli comme un personnage important. Il visita ce qu’il y avait à visiter dans le Nord, l’Ouest et le Sud.

Sur la côte californienne il visita les studios MGM à Hollywood (il était un grand amateur du cinéma américain et fut plus tard un admirateur des Marx Brothers, qui à ce moment n’avaient pas encore tourné leurs grands films). Il sympathisa avec Charlie Chaplin. Il visita aussi Randolph Hearst, le magnat de la presse, dans son manoir californien dominant le Pacifique (Hearst a inspiré le personnage de Kane dans le film de Orson Welles,  Citizen Kane, sorti en 1941).

Enfin il visita les champs de bataille de la guerre de Sécession.

Cela lui fut utile pour écrire un essai paru en 1931 dans un livre collectif intitulé If It Had Happened Otherwise (Si ça s'était passé autrement) et qui est basé sur le principe de l'histoire alternative, ce qu'on appele maintenant uchronie (surtout lorsque le récit se présente comme un roman et non une étude historique).

Avec un humour caractéristique, Churchill intitula son essai : Que se serait-il passé si Lee n'avait PAS gagné la bataille de Gettysburg (alors que c'est bien ce qui s'est passé, mais Churchill fait semblant de reconstruire l'histoire à partir de l'idée que Lee a vraiment gagné et que c'est le contraire qui est une imagination...).

Churchill  ne pouvait pas imaginer que le Sud pouvait vaincre « à l’usure » avec une population moins nombreuse et moins de ressources que le Nord. Tout ce que pouvait (et voulait faire) le Sud c’était dégager un avantage pour obliger le Nord à traiter.

Cette occasion aurait pu être offerte par la bataille de Gettysburg (présentée comme le tournant de la guerre), les 1-3 juillet 1863 . Si la bataille avait été gagnée (et Churchill imagine comment  Lee et ses généraux, notamment le général J.E.B. (dit Jeb) Stuart,  auraient dû agir pour gagner) la route de Washington était ouverte. Certes le Nord n’était pas battu pour autant et il fallait alors que la diplomatie prenne le relais. Churchill imagine qu’après avoir été victorieux à Gettysburg, le général Lee aurait proposé au Nord de reconnaître l’indépendance du Sud et aurait offert en échange l’abolition de l’esclavage, offre que le Nord aurait acceptée.

Churchill peut donc ensuite imaginer les deux composantes de l’Amérique du Nord se développant pacifiquement, chacune  selon ses caractéristiques  et signant même au début du 20ème siècle un pacte des nations anglo-saxonnes avec la Grande-Bretagne. Ce pacte  aurait permis d’éviter la guerre de 14… Tant qu’on y était…

A vrai dire on voit mal pourquoi le Sud aurait décidé facilement de renoncer à l’esclavage qui avait été l’élément principal de la rupture avec  le Nord ; mais Churchill avait bien compris que l’hypothèse d’une victoire (ou plutôt d’une issue favorable) du Sud n’était plausible qu’à condition de résoudre l’embarrassante question de l’esclavage. Pour lui cette question aurait pu être résolue pacifiquement par une libre décision du Sud plutôt qu’improvisée et imposée par le Nord dans des conditions désastreuses,  les esclaves libérés se retrouvant sans travail dans un Sud en ruines.

Mais les dirigeants du Sud avaient-ils pensé à cette solution, on peut en douter.

Bien entendu de nombreux auteurs ont fait observer que de toutes façons, l'esclavage aurait fini par être supprimé dans le Sud même si le Nord n'avait pas entrepris de mettre fin à la Sécession, ce qui implique que la guerre, avec toutes ses destructions, a été inutile.

Mais l'un des buts de guerre du Nord était aussi de maintenir l'unité de la fédération, les Nordistes contestant la légalité de la sécession des Etats. Cela valait-il tant de morts ?

Un roman d’un romancier américain de science fiction, Ward Moore,  Bring the Jubilee (1952, traduit sous le titre ingénieux de Autant en emporte le temps), imagine aussi le Sud sortant vainqueur de la guerre.

Le livre mélange histoire-fiction et science-fiction : le Sud a gagné et donc les Etats-Unis n'ont pu devenir la puissance qu'on sait; le reste du monde a évolué en conséquence (Napoléon IV règne sur la France etc). Les voyages dans le temps sont devenus possibles. Un historien du 20ème siècle va se rendre sur le champ de bataille de Gettysburg pour vérifier le déroulement des faits, en se gardant bien d'interférer avec les événements. Mais sa présence va changer le cours de la bataille et va rétablir à peu près le cours de l'histoire que nous connaissons ...

 D'autres récits d'uchronie ont imaginé la victoire du Sud, comme le roman de Henry Turtledove How Few Remain (1998) , puis le même auteur imagine aussi dans deux cycles de romans, que les Etats-unis et la Confédération participent dans des camps opposés aux deux guerres mondiales ! 

 

Hearst-Castle1

Hearst's Castle : le manoir de W. R. Hearst à San Simeon , Californie, où fut reçu Winston Churchill lors de sa visite aux USA en 1929. Le manoir a été donné à l'Etat de Californie en 1957 qui le transforma en Musée. Au premier plan, la célèbre piscine nommée les Bains de Neptune.

 http://www.vosflips.com/hearst-castle-located-san-simeon-california/

 

 

 

 

SURVIE DU REBEL FLAG

 

 

Dans l’imaginaire des générations qui ont suivi, la cause du Sud s’est identifiée au drapeau rouge à la croix bleue chargée d’étoiles.

Il est couramment désigné comme The rebel flag, le drapeau rebelle, et sa signification est multiple : drapeau raciste pour les uns– ou de la suprématie blanche, ce qui revient au même, pour quelques extrémistes.

Il est aussi  le drapeau du vieux Sud, de sa culture et de son histoire tragique pour les Blancs du Sud  solidaires des luttes de leurs ancêtres, même viciées par la cause de l’esclavage.

il est enfin  pour beaucoup le drapeau de la rébellion contre l’ordre imposé par les vainqueurs et les dirigeants. Il  a même gagné une signification hors des Etats-Unis : dans les pays où il existe un fort contraste entre le Nord t le Sud, le drapeau rebelle symbolise une forme d’opposition sudiste aux règles imposées par le Nord généralement dominant (mais cette utilisation reste quand même marginale en Europe).

 

 

 

 

 

 

LA GUERRE DES MÉMOIRES

 

 

Albert Pike et les autres personnages sudistes, et plus généralement les morts de la Confédération, sont honorés par des statues qu’on trouve ici et là dans les Etats qui ont fait partie de la Confédération.

Ces monuments sont aujourd’hui, comme le drapeau confédéré, critiqués et dénoncés. Il emble intolérable que des hommes qui ont soutenu la politique esclavagiste soient commémorés dans l’espace public.

Parmi les plus connus on trouve le monument au Président Jefferson Davis, à Richmond (Virginie) et le monument équestre au Général Lee également à  Richmond.

Mais il en existe des dizaines y compris dans des Etats qui ne firent pas partie de la Confédération (Border States) mais où des sympathisants de la cause du Sud furent nombreux à s'engager dans les armées confédérées.

 

 

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 Monument confédéré et drapeaux devant le Palais de Justice du comté,  à Millen, Georgie (ou Géorgie, en Français l'usage est d'appeler l'Etat américain Géorgie pour éviter la confusion avec le pays presque homonyme d'Europe de l'Est).

On reconnait le Bonnie Blue Flag, le Stars and Bars, le deuxième drapeau de la Confédération avec le champ blanc, et le drapeau militaire.

http://www.confederatedigest.com

 

Lorsque ces monuments ont été édifiés, à la fin du 19ème siècle ou dans les premières décennies du 20ème siècle, le pouvoir local était encore tenu par les Blancs et les hommes ayant participé aux combats de la Confédération étaient considérés comme les grands hommes du Sud, des héros malheureux.

Une vision de la défaite du Sud  s'était développée , encouragée par des hommes comme l'ancien président Jefferson Davis, identifiant la lutte du Sud comme  The lost cause (la cause perdue) : les hommes du Sud avaient lutté vaillament pour leur terre natale, ils avaient été vaincus par une force supérieure. Ils étaient sans reproches et devaient rester fidèles à la mémoire de leur juste cause, mais sans refuser la réconciliation avec le Nord.

En 1915 sortit le film de  D. W. Griffith, Birth of a Nation (naissance d’une nation). 

Le film, bien que considéré comme un chef-d’œuvre du cinéma muet, est aujourd’hui considéré comme raciste : il décrit la situation du Sud avant et après la guerre de Sécession d’un point de vue favorable aux Blancs et montre les Noirs de façon très défavorable.

Il représente la création du Klu-Klux-Klan comme une riposte justifiée des Blancs  à la situation de détresse et de violence à laquelle ils étaient exposés de la part des occupants Nordistes, des Sudistes renégats qui avaient pris le parti des nouvelles autorités (les Scalawags) et des esclaves libérés.

Cette thèse est celle du livre qui a inspiré le film, The Clansman, de Thomas Dixon, qui raconte l'histoire d'un membre du Klan, présenté comme un héros qui défend la veuve et l'orpheline - blanches cela va sans dire.

Une des affiches du film représente un cavalier du Klan sur son cheval qui se cabre et une des scènes les plus célèbres est la chevauchée nocturne des membres du Klan, traversant des cours d'eau, lancés dans leur expédition punitive.

Une des thèses du film est aussi que l'assassinat de Lincoln fut un malheur pour le Sud : Lincoln voulait offrir au sud une véritable réconciliation. Les politiciens nordistes qui lui succédèrent traitèrent le Sud en vaincu et voulurent se venger des Blancs qui avaient défendu la Confédération.

Il est exact que que les anciens soldats du Sud furent déchus de leurs droits civiques et lorsque des nouveaux dirigeants locaux élus furent mis en place, ils ne représentaient que la minorité favorable au Nord.

En assistant à une représentation privée du film, organisée par Dixon, qui était son ami d'enfance, le Président des USA Woodrow Wilson (Sudiste, professeur d'histoire à l'université– on dit que certains sous-titres explicatifs du film étaient tirés de ses ouvrages)  déclara : Ce film écrit l'histoire avec la foudre. Et  le plus terrible est que tout est vrai (cette citation est controversée).

Les organisations antiracistes et de défense des Noirs protestèrent mais ne purent faire interdire le film.

Pour expliquer ses intentions et répondre  aux critiques, Griffith tourna son film suivant, Intolérance qui évoque plusieurs périodes de l'histoire marquées par l'intolérance, lui-même prétendant être un esprit tolérant..

Vingt ans après, parut le best-seller de Margaret Mitchell, Autant en emporte le vent, (Gone with the Wind, 1936). En 1939, sortit  le film tiré du livre par Victor Fleming, considéré comme un chef d’œuvre du cinéma.

Le livre de Margaret Mitchell et  le film, décrivant les événements de la guerre et de la période qui suivit  du point de vue des Blancs du Sud,  y compris la naissance du Klu-Klux-Klan, soulevèrent  à l'époque aussi des accusations de racisme.

Mais à l'époque, ces critiques n'avaient pas le poids suffisant sur les dirigeants ou les medias pour imposer leur vision des choses. . 

 Ce n'est plus le cas aujourd'hui. La société américaine a changé, même au Sud et les critiques des mouvements anti-racistes influent sur l'opinion et les dirigeants doivent en tenir compte. Les opinions opposées sont généralement discréditées, leurs partisans  s'expriment difficilement de peur d'être confondues avec les extrémistes Blancs.

Aujourd’hui, des activistes, Noirs ou Blancs progressistes, demandent que les monuments élevés à la gloire des grands hommes de la Confédération ou des soldats morts pour elle  soient détruits ou déplacés dans des musées et mettent sous pression  les pouvoirs locaux.

Après la guerre de Sécession, et la période très difficile pour le Sud qu’on appelé la Reconstruction,  lorsque la vie normale reprit son cours, les habitants blancs du Sud se remirent à voter pour des candidats du parti Démocrate aux élections, comme avant la guerre. Les partisans de la Sécession étaient des Démocrates (au sens du parti de ce nom),  tandis que  les Républicains, comme Lincoln, avaient été majoritaires dans les Etats du Nord.

A la fin du 19ème siècle, dans les Etats du Sud, les législations locales tenues par les Blancs avaient voté des lois ségrégationnistes  (connues sous le sobriquet de lois Jim Crow) qui faisaient de la population noire une population de seconde zone (une situation de ségrégation qui existait aussi au Nord, dans bien des cas en pratique).. La Cour Suprême des Etats-Unis, en 1896, confirma cette  législation, en formulant la doctrine separate but equal (« séparés mais égaux »). Mais au-delà des lois ségrégationnistes,  l'inégalité était dans tous les domaines, les Noirs ne pouvant acccéder qu'à des emplois subalternes par exemple, non du fait de la loi, mais du fait des pratiques des employeurs Blancs, etc.   

La suprématie du vote Démocrate dans le Sud dura jusqu’aux années 60. Alors que dans le reste de l’Amérique, les Républicains se confondaient avec la droite et les Démocrates évoluaient davantage vers « la gauche » en termes français, dans le Sud les Démocrates restaient très à droite et partisans de la ségrégation.

Les grands présidents américains appartenant au parti Démocrate, Woodrow Wilson, Franklin Roosevelt, Harry Truman, Kennedy, devaient donc ménager à la fois les Démocrates plus progressistes du reste de l’Amérique et les Démocrates blancs conservateurs du Sud.

Cette dualité à l’intérieur d’un même parti cessa presque du jour au lendemain à la fin des années 60. Le mouvement des droits civiques du pasteur Martin Luther King avait pris une telle ampleur que l’abolition des lois de ségrégation était inévitable. Malgré l’opposition de la plupart des Blancs du Sud, et un climat de violence qui allait jusqu’au meurtre (assassinat de Luther King en 1968), le gouvernement fédéral américain donna tout son appui à la politique des droits civiques. Or le Président était à l’époque le Démocrate  Lyndon Johnson, Sudiste puisque originaire du Texas, ancien vice-président de Kennedy et son successeur à la présidence.

Les Blancs du Sud conservateurs se sentirent trahis par les Démocrates et reportèrent bientôt leur vote sur les Républicains.

Ainsi le Sud « Blanc » se prononçait à tous les niveaux pour des candidats Républicains,  tandis que les Noirs votaient Démocrate.

 

 

 

LA BATAILLE DES SYMBOLES

 

 

Des organisations comme les Sons of the Confederacy Veterans et les United Daughters of the Confereracy, composées de descendants et descendantes des soldats confédérés, se consacrent à la mémoire de   la guerre et des morts de la cause confédérée; les membres entretiennent  les tombes des soldats.

Dans la plupart des Etats est célébré le Confederate Memorial Day qui est un jour férié.

Ce jour-là , les participants, souvent en costume d'époque, viennent placer  un petit drapeau sudiste  près de chaque tombe d'un soldat 

Les reconstitueurs de batailles entretiennent aussi la mémoire.

 

 

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 Membre des United Daughters of the Confederacy en costume de veuve du 19ème siècle, ornant les tombes de soldats du Sud avec des drapeaux.

 http://lionelmedia.com/2015/06/24/lionel-podcast-the-insane-confederate-flag-debate-is-a-diversion-for-those-too-stupid-to-know-history/

 

 

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 Célébration du Confederate Memorial Day à Charlotte, Caroline du Nord, 2012

photo shanniereb, May 7, 2012

 civilwartalk.com/threads/confederate-memorial-day-service-may-6-2012-charlotte-nc.72025/

 

 

Mais ces actions de mémoire, qui autrefois allaient de soi, créent maintenant des tensions, comme pour les nombreux monuments  honorant les partisans de la Confédération.

La plupart des Etats du Sud avaient des drapeaux d'Etat reprenant le dessin des différents drapeaux de la Confédération, notamment le Stars and Bars. Parfois ces drapeaux, après divers changements,  intégraient le drapeau militaire de la Confédération, ce qui a suscité des protestations.

Tel était le cas de la Géorgie. Depuis 1956, le drapeau était le suivant :

 

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Drapeau de la Géorgie, 1956-2000, reprenant le drapeau militaire de la Confédération à droite, avec le sceau de l'Etat à gauche.

Wikipedia.

 

Le gouverneur Démocrate, devant les réclamations des mouvements anti-racistes, fait adopter un nouveau drapeau en 2001.

Mais les réclamations des conservateurs contre ce nouveau drapeau jouent un rôle dans sa défaite aux élections suivantes : son concurrent Républicain, qui a promis de rétablir le drapeau de 1956, est élu en 2002.

Le nouveau gouverneur, pris dans  les polémiques entre partisans et adversaires du drapeau confédéré, ne rétablit pas le drapeau de 1956 et propose un nouveau drapeau (inspiré du Stars and Bars de la Confédération) en soumettant au referendum le choix entre ce nouveau drapeau et le drapeau en vigueur sous le précédent gouverneur. Malgré la déception de ceux qui étaient partisans du rétablissement pur et simple du drapeau de 1956, le referendum se prononce en faveur du nouveau drapeau en 2004.

 

 

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Drapeau actuel de la Géorgie, adopté en 2003, confirmé par referendum en 2004, inspiré du Stars and Bars. Les 13 étoiles représentent, officiellement, les 13 Etats fondateurs des Etats-Unis en 1776. Mais on peut aussi penser à celles qui représentaient les  Etats sécessionnistes sur le Stars and Bars,   d'autant que la dernière version du Stars and Bars représentait aussi 13 étoiles. 

Wikipedia.

 

Les élus du Sud, Démocrates (pour qui votent en majorité les Noirs) et même Républicains (pour qui votent majoritairement les Blancs), sont  réceptifs aux sentiments de la population noire et comme on l’a dit au début de cette étude, c’est la gouverneure Républicaine et  Blanche de la Caroline du Sud qui a proposé au Congrès de l’Etat d’ôter le drapeau confédéré de son emplacement en juillet 2015. Le Congrès a voté cette décision à une très large majorité, même si le souci d’éviter des troubles a peut-être été plus important chez certains parlementaires que la volonté de condamner une période de l’histoire.

 En juillet 2015, le gouveneur de Géorgie a anoncé que le Confederate Memorial Day ne serait plus célébré officiellement en Géorgie en 2016.mais qu'il y aurait un jour férié que ceux qui le voudraient pourraient consacrer à la mémoire de la guerre.

 

Les habitants du Sud qui sont partisans du maintien des symboles et des souvenirs de la Confédération peuvent être divisés en deux groupes : les uns (sans doute les plus nombreux) expriment seulement une fierté pour le passé et le souvenir de leurs ancêtres confédérés, sans visée politique particulière.

D'autres (qui s'expriment notamment sur les réseaux sociaux mais ne sont pas politiquement organisés) assument des positions de rebelles non pas nostalgiques mais actuelles,  affirment que le Sud renaîtra et refusent l'appartenance aux Etats-Unis, exprimant leur opinion avec des formules comme :

Down with the eagle, up with the cross! [paroles extraites d'un chant Sudiste de l'époque de la guerre de Sécession]

Sic semper Tyrannis! Deo Vindice !

(à bas l'aigle [symbole des Etats-Unis] vive la croix [du drapeau sudiste],

Ainsi périssent les tyrans [devise en latin de la Virginie et comme on l'a vu formule prononcée par l'assassin de Lincoln après avoir tiré sur le président],

Dieu, notre vengeur [devise en latin des Etats confédérés])

 

 

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Le monument des Confederate Defenders (Défenseurs de la Confédération) à White Point Garden, Battery, Charleston, tagué avec l'inscription Black lives matter en juin 2015. 

http://charlestondaily.net/tough-job-of-stars-stripes-tricolor-flags-from-usa-to-australia/

 

 

 

BLACK LIVES MATTER

LES VIES NOIRES COMPTENT

 

 

 

 

 

 

 Depuis 2013 et les affaires à répétition au cours desquelles des jeunes Noirs ont été tués par des policiers, un mouvement de protestation dirigé par des membres d'associations noires et des Blancs sympathisants  est apparu  sous le nom Black lives matter (les vies noires comptent/ont de l'importance).

Depuis quelques mois et surtout après la tuerie de Charleston en juin 2015, de nombreux monuments dans un grand nombre d'Etats du Sud, célébrant les morts de la cause confédérée ou ses grands hommes, sont recouverts par des inscriptions polémiques et notamment  Black lives matter (mais il y a des inscrptions plus haineuses). Parmi ces monuments, on trouve l'imposant monument au Président Jefferson Davis à Richmond ou le monument des défenseurs de la Confédération à Charleston, mais aussi des monuments dans des Etats qui ont été partagés lors de la guerre entre partisans et adversaires de la Confédération mais sont restés sous contrôle de l'Union,  comme le Missouri ou le Delaware.

Ce qui est considéré par les uns comme actes de vandalisme et par d'autres comme une expression politique justifiée par la situation de la population noire provoque un débat aux USA et pas seulement au Sud. 

Les hommes politiques du Sud qui ont cédé, comme en Caroline du Sud, sur la question du drapeau confédéré,  iront-ils plus loin et démonteront-ils les monuments aux grands hommes de la cause confédérée ou aux soldats morts pour elle, devenus indésirables ? 

Supprimeront-ils le Confederate Memorial Day ? Consulteront-ils les populations ?

 

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Détail du monument des Confédérés à Saint-Louis, Missouri.  Bien que le Missouri soit resté sous contrôle de l'Union durant la guerre, les dirigeants de l'Etat avaient rejoint la Confédération. Les habitants ont servi dans les deux armées. En juin 2015 le monument a été tagué avec les inscriptions Black lives matter et Fuck the Confederacy et de la peinture rouge. Le député (qui appartient à la communauté noire) Lacy a demandé au Maire  Slay de déplacer le monument qui est facteur de division et ne reflète pas ce qu'est aujourd'hui la population de Saint-Louis.

http://fox4kc.com/2015/06/24/confederate-monument-in-st-louis-vandalized-with-spray-paint/

 

 

Aux USA, les réactions à ce débat ne vont pas toutes dans le même sens; les opinions en faveur du maintien des symboles du Sud se manifestent.

Des réponses comme : Ce n'est pas parce que vous vous sentez offensés que vous avez raison, sont faites aux activistes qui veulent l'abolition de toute référence à la Confédération dans l'espace public.

 

En France, les réactions chez ceux qui  s'intéressent au sujet, après la polémique sur l'enlèvement du drapeau confédéré à Columbia, sont généralement influencées par le parti-pris "antiraciste" qui rejette a priori toute opinion autre que le refus des symboles en question (si l'opinion A reçoit le label "antiraciste", alors toute opinion autre est raciste). Le prisme de l'antiracisme idéologique oriente toute réflexion sur le sujet .

Ainsi, aucune publicité particulière n'a été faite, en France, sur la mort assez suspecte dans un accident de voiture (qui aurait été  provoqué ?), en juillet 2015, de Anthony Hervey, un Noir connu pour sa position en faveur du drapeau et de la cause confédérés, alors qu'il revenait justement d'un meeting  pour s'opposer au déplacement d'un monument confédéré. Ce militant Noir de la cause  sudiste insistait notamment sur la présence dans l'armée du Sud de soldats Noirs, solidaires des Blancs contre les Nordistes, question qui fait l'objet de polémiques y compris entre historiens.

Lors de son enterrement, le 3 août 2015 à Oxford, Mississippi, les Sons of the Confederacy Veterans, dont il faisait partie, vêtus en costume historique, précédaient le cortège, le drapeau confédéré déployé, et des centaines de participants portaient des drapeaux sudistes.

 Mais pour les adversaires des symboles sudistes, les rares Noirs qui défendent aujourd'hui la cause confédérée, ou les historiens qui mettent en avant l'existence de soldats Noirs confédérés,  servent seulement de caution morale aux nostalgiques de la suprématie blanche.

 

 Pour la plupart des Français qui s'expriment sur le sujet, estimer que la communauté blanche du Sud (et les descendants des Noirs ou Indiens qui servirent dans l'armée confédérée) a droit à ses souvenirs et à ses symboles historiques, malgré l'utilisation faite par certains déviants, serait du pur et simple racisme...

 

Aux simplistes, tout est simple.

 

 

 

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Le 2 mai 2015, un gigantesque drapeau confédéré était étalé sur les marches du Capitole de Caroline du Sud pour le  Confederate Memorial Day, qui est un jour férié en Caroline du Sud. 

Un mois après avaient lieu les meurtres commis par un activiste Blanc (probablement déséquilibré), entraînant la polémique sur le maintien du drapeau confédéré flottant sur un mat  à distance du Capitole. et finalement son retrait.

La question qui se pose est de savoir combien d'habitants du Sud restent sentimentalement attachés au drapeau confédéré et au souvenir de la Confédération. La nostalgie sudiste est peut-être devenue minoritaire chez les Blancs du Sud,  surtout si on tient compte de l'installation de nouvelles populations.  Néanmoins si la majorité est peut-être indifférente aux symboles du passé sudiste, l'opposition mlitante à ces symboles est peut-être aussi minoritaire. Laquelle des deux options s'imposera finalement ? Et le Sud a-t-il plus à perdre qu'à gagner à oublier une partie de son histoire ou à la repeindre sous de nouvelles couleurs, en condamnant la mémoire de ses anciens héros, devenus  les "méchants " de l'histoire ?

 

http://www.telegraph.co.uk/

 

 

 

 

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Commentaires
Le comte Lanza vous salue bien
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