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Le comte Lanza vous salue bien
24 février 2013

IDENTITES SUISSES II

 

 

 

IDENTITES SUISSES 

Deuxième partie

 

 

 

 

 

BERNE
Cité des ours depuis 1190

 




Les bernois ne sont pas jaloux de l’hymne de leurs voisins et anciens sujets.
L’hymne vaudois fut composé en toute conscience pour servir d’hymne national (même s’il a pu être adopté par la suite).
Ce qui tient lieu d’hymne à Berne date d’une époque plus ancienne, où on ne parlait pas encore d’hymnes nationaux et a donc le privilège, forcément prisé dans une contrée plutôt conservatrice, de l’ancienneté :
C’est la marche de Berne , une marche plutôt lente et fière qui évoque un défilé de mousquetaires.
Comme elle n’a pas de paroles [ en fait, il y en a, mais presque jamais chantées], les Bernois peuvent y adapter librement des paroles, ce qui leur permet de chanter par exemple pour soutenir l’équipe de hockey sur glace de Berne (surnommée évidemment « les ours »).
Pour le football, ce sont plutôt les équipes de Romandie comme on dit (de Suisse romande ou d’expression française) qui ont la côte : le Servette de Genève et surtout le FC. Sion*, au point qu’une plaisanterie traditionnelle est de proposer par souci d’économie de supprimer le match final du championnat suisse, puisque c’est toujours le FC. Sion qui gagne.


                                                                                                              * Sion est la capitale du Valais, un canton à 20% germanophone et à 80% francophone.


La ville de Berne fut fondée à la fin du XIIème siècle par le duc Bertold V de Zahringen, sur les bords de l’Aar.
Selon la tradition, le duc aurait décidé de fonder la ville à l’endroit où il avait tué un ours, et il donna ce nom à la ville ( bär en allemand veut dire ours et le mot se prononce "ber").
C’est donc tout logiquement qu’un ours figura sur les armes de la nouvelle ville, et finalement devint son symbole.

Après la mort sans héritier du duc Berthold, Berne devint ville libre de l'Empire germanique, évolua progressivement vers une indépendance complète et entra dans la Confédération suisse en 1353 ; Berne, ville et canton, prit le nom de  République de Berne, participa à des guerres fréquentes où l'allié de la veille était l'ennemi du lendemain (et vice-versa), accrut son territoire jusqu'à devenir une influente puissance locale, dirigée par une orgueilleuse bourgeoisie.

Berne a conservé presqu’intacte sa vieille ville de la fin du Moyen-äge, mais une vieille ville avec des rues larges, des immeubles dont les façades impeccables ont été reconstruites en grès notamment à l’époque baroque, et des arcades nombreuses (on dit qu’on peut visiter la vieille ville par temps de pluie en restant à l’abri sur 6 kilomètres).

Quand on se promène à Berne, les ours sont partout.

On trouve des ours notamment sur les fontaines anciennes réparties un peu partout dans la ville (elles étaient plus nombreuses autrefois, il en reste onze).
 Ces fontaines comportent des colonnes sur lesquelles sont placés des personnages symboliques, entièrement peints et caractéristiques d’une forme d’art de l’arc alpin. Elles datent pour certaines du gothique tardif et de la Renaissance .
Ces fontaines représentent l’identité visuelle de Berne, de même que la célèbre tour de l’Horloge et son mécanisme d’automates.

Sur la fontaine des Zahringen (la famille ducale qui a fondé Berne) un ours portant un heaume grillagé sur la tête, l’air farouche, tient la bannière des Zahringen. Mais à ses pieds, un ourson mange tranquillement une pomme de pin.
L’humour se manifeste plus clairement encore dans la fontaine du chasseur : un chasseur avec l’air avantageux, en habit renaissance, tient une bannière de guilde. Mais où est son arquebuse? c’est un ourson, aux pieds du chasseur,  qui l’a récupérée et qui s’amuse à mettre en joue les passants.

En plus des fontaines, des statues peintes de personnages emblématiques figurent aussi sur les façades des immeubles (aigle héraldique, guerrier more, lansquenenet, singe violet avec un chapeau et une pioche sur l’épaule, symbole de la guilde des maçons…) .
Même le tympan et le portail de la cathédrale sont décorés de reliefs peints, où notamment de belles dames des années 1450 déploient des banderoles portant des caractères forcément gothiques.


La fontaine peut-être la plus célèbre de Berne est la Kindlifresserbrunnen*, c'est-à-dire la Fontaine du mangeur d’enfants (ou de l’ogre ou croque-mitaine).

                                * Noter la forme suisse allemande « kindli » au lieu de l’allemand standard  « kinder ».


Oeuvre probable du maître  Hans Gieng , datant de 1545/46, installée sur la Kornhausplatz (place aux grains), elle représente un personnage en bonnet pointu en train de manger un enfant. Il porte attachés sur lui d’autres enfants qui ont l’air presque résignés à leur sort.
Comme il a un chapeau étrange en forme de cône, on a parfois dit que c’était la représentation d’un juif, remontant à l’époque où les juifs devaient porter ce type de couvre-chef et étaient accusés d’enlever des enfants chrétiens pour les sacrifier. Certaines organisations juives déplorent que cette statue, compte tenu de son origine antisémite,  soit toujours entretenue et repeinte par les autorités !


Il est plus probable qu’il s’agit d’une figure carnavalesque destinée à apprendre l’obéissance aux petits enfants bernois. Le maître Gieng est aussi l’auteur d’autres fontaines aux formes plus élégantes et même séduisantes (la fontaine de la Justice, où la représentation de la justice a les yeux bandés comme il se doit, et présente un joli déhanchement).

 

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Gerechtigkeitsbrunnen (Fontaine de la Justice), Gerechtigkeitsgasse (rue de la Justice) à Berne, attribuée au maître Hans Gieng (milieu du XVIème siècle). Le déhanchement maniériste de la Justice n'était pas incompatible avec la mentalité protestante, apparemment. 

Wikipedia

 

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Kindlifresserbrunnen, Kornhausplatz (Fontaine de l'ogre, litt. "du mangeur d'enfant", place de la Halle aux grains) Berne, due à Hans Gieng.

oderauch.wordpress.com 

Les bourgeois de Berne non seulement ont voulu que cette figure carnavalesque décore leur ville, mais une fois qu’elle y était, ils l’ont gardée à travers les siècles comme un symbole d’identité de leur ville.
Sur la colonne de la fontaine, il y a des petits ours, création d’un autre artiste du XVIème, probablement Hans Rudolf Manuel*, qui ont l’air de partir à la guerre : ils ont des baudriers avec la croix suisse, des armes, l’un d’entre eux joue du fifre, un autre donne le signal du départ.

 

                   * D’une lignée d’artistes. Il était le fils de Niklaus Manuel,  qui fut artiste, mercenaire et homme d’Etat bernois, prit une grande part dans l’adhésion de Berne à la Réforme et fut l’ami de Zwingli. Niklaus Manuel avait notamment réfléchi à ce que représentait comme déchéance pour les Suisses le service mercenaire, qu’il avait lui-même pratiqué.  

  
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Les petits ours sur le sentier de la guerre, sur la colonne de la Kindlifresserbrunnen.

freefoto.com

 


Bien plus récent, le barrage sur l’Aar comporte aussi à son point central, un ours à quatre pattes qui tient un poisson dans sa gueule.
S’il y a des ours représentés partout à Berne, et notamment sur les drapeaux aux armes du canton fréquemment déployés aux façades des immeubles et sur les bâtiments officiels, il y a aussi des ours vivants.


Depuis le XVIème siècle, la ville de Berne entretient des ours qui constituent son symbole vivant.
Au fil des siècles ils ont changé 5 fois de lieu d’hébergement. Depuis le XIXème siècle, ils occupaient la « fosse aux ours » bien connue. Mais ces conditions de vie n’étaient plus en adéquation avec les impératifs actuels de respect de la vie animale. Les ours occupent maintenant (depuis 2009) un petit parc en bordure de l’Aar, où ils peuvent se baigner dans une dérivation de la rivière. Les derniers ours arrivés ont été offerts par l’épouse du président russe, Madame Medvedev.


Parmi les visiteurs qui viennent voir les ours, des jeunes militaires suisses, en treillis, l’air vraiment pacifique, sans doute de passage à Berne au cours de leurs obligations militaires qui semblent consister à parcourir le pays par petits groupes de soldats...
L’occupation française a quand même privé momentanément les bernois de leurs ours.
En effet, en 1798 après des combats courts mais assez meurtriers, les Français entrent dans Berne.
On peut voir dans la cathédrale (le Münster) les plaques de marbre noir à la mémoire des citoyens morts pour la patrie (für Vaterland gefallenen) lors de ces combats.


Les français s’emparent de tout ce qui a de la valeur. Ils délaissent les tableaux et statues du gothique tardif, qui ne sont pas considérées à l’époque comme du grand art, ou même de l’art tout court.
Par contre ils font main basse sur le trésor confédéral.
Une caricature montre des personnages en chapeaux à plumes (les membres du directoire français) dans une pièce en train de tourner un pressoir. Sous le pressoir un voit un paysage suisse typique. Il en jaillit des tas de pièces d’or. Au mur, une carte de l’Egypte.
La légende dit : « L’or de la Suisse paiera la conquête de l’Egypte ». C’est bien ce qui s’est passé.
Mais faute de pouvoir transférer à Paris des chefs d’oeuvre de la peinture, comme en Italie, les Français ont déménagé les ours. Une gravure montre le départ pour Paris, dans des cages grillagées, des ours, tandis que la musique militaire française salue le départ en fanfare, devant des bernois passablement moroses.

 Le gouvernement aristocratique fut restauré à Berne après l’acte de Médiation de Bonaparte en 1803. 
Le canton de Berne évolua vers une forme de gouvernement démocratique durant le XIXème siècle, de sorte qu’il n’y a pas eu de rupture de continuité nette entre le canton actuel et celui « d’ancien régime »


Les ours sont revenus à Berne (peut-être pas ceux qui étaient partis en 1798 !) et le croque-mitaine est toujours sur la Kornhausplatz  avec le même appétit .
A Berne, l’atmosphère médiévale fait bon ménage avec le monde moderne : on peut visiter l’appartement, situé dans une maison à arcades, d’Einstein, qui appréciait la vie en Suisse, ou découvrir l’architecture très contemporaine de la Fondation Paul Klee.
A côté d’un magasin portant le logo d’une enseigne internationale de prêt-à-porter, la pharmacie voisine affiche Apoethek en lettres gothiques.
Le caractère officiel de la ville (capitale des institutions fédérales) n’exclut pas la simplicité : sur la place du majestueux palais du Parlement, d’architecture « municho-florentine » (qui porte l’inscription Curia Confoederationis helveticae) se tient le matin un marché et l’après-midi, des jets d’eaux rafraichissent en été les enfants en maillot de bain.

 

 

 

 

topelement

Les dragons bernois en habit du 18ème siècle traversent Berne pour l'hommage aux autorités et au corps diplomatique, janvier 2016.

http://www.bernerzeitung.ch/region/oberland/Dragoner-Ehrerbietung-und-eine-Ueberraschung/story/10013853

 

 

 

 

 

 

 

Troisième partie
Volksmusik et Röstigraben



Chansons populaires



Pour un Français, la culture de la Suisse romande (d’expression française) est évidemment moins exotique que la culture de la Suisse alémanique.
Celle-ci est notamment marquée par une culture musicale populaire, commune à divers pays germaniques, qu’on appelle « Volksmusik » ( traduire par musique populaire serait sans doute erroné).
Il s’agit d’un style de chansons qui ne sont pas à proprement parler folkloriques, mais de variétés, tout en restant dans les traditions vocales et instrumentales régionales, celles du « Volk », du peuple au sens ethnique.
Ainsi ces chansons font souvent appel au jodl (ou yodel, type de vocalise qu'on connait en France plus communément sous le nom de "tyrolienne").
Généralement très rythmées et joyeuses, mais pouvant être aussi mélancoliques, les chansons du genre volksmusik connaissent un grand succès et les habitants applaudissent des chanteurs inconnus ailleurs, mais qui représentent l’esprit de la culture locale*

                                                                                                    * La frontière avec la musique de variétés (schlager en allemand) est parfois difficilement perceptible. En allemand on utilise l’expression volkstümliche musik  pour une musique de variété qui s’inspire des chansons traditionnelles.
Des groupes comme Oesch’s die dritten, sont très populaires en Suisse.  


 
Ces chanteurs et chanteuses suisses se retrouvent souvent avec leurs homologues d’autres régions culturellement proches (tyroliens, bavarois) pour des festivals très suivis par un public populaire.

 

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Les gagnants du Grand Prix (en français dans le texte) de Volkmusik 2010 à Munich, une compétition où Autrichiens, Allemands et Suisses se retrouvent, à mi-chemin du folklore et de la variété. Au pays du rose et du mauve ?

merkur-online.de


C’est l’occasion de reprendre tous ensemble des succès comme :

Mi Vatter isch en Appe’zeller (mon père est d’Appenzel) (titre en suisse allemand* ; en allemand classique : Mein Vater ist ein Appenzeller).
                                                      * Dans l'usage courant des langues, la population germanophone parle généralement l'un des nombreux dialectes suisses allemands ou Schwyzerdütsch, « lesquels jouissent d'une grande valorisation sociale, y compris dans les centres urbains »  (Wikipedia). La précision est importante. 


  
Même si certaines formes musicales sont typiquement alémaniques, des formes traditionnelles comme le jodl existent aussi en Romandie et même en Savoie*.

 

                         * Il est probable que l’intégration de la Savoie à la France n’a pas encouragé le maintien de ces traditions jugées sans doute comme relevant d’une culture étrangère. Les savoisiens paraissent redécouvrir aujourd’hui seulement que le jodl fait partie de leur culture.

20090703_burki_big

Le cor des Alpes peut être traditionnel ou bien plus rock avec la Suissesse Eliana Bürki.

weltmusik-magazin.de


Les suisses romands ont tendance à penser que leurs compatriotes alémaniques vivent dans un autre univers mental , et c’est bien entendu vrai également en sens inverse.
Les romands ont à leur disposition une réserve de plaisanteries pour se moquer (plus ou moins gentiment) de leurs compatriotes, des dialectes alémaniques incompréhensibles d’une vallée à l’autre, de la prudence des suisses alémaniques etc. Ils ont aussi des surnoms plus ou moins aimables à leur usage ( les bourbines, d’où Bourbineland pour la Suisse alémanique, les chteufifres, les casques à boulons…).

Les suisses alémaniques doivent aussi avoir leur lot de plaisanteries sur les romands.



Plaisanteries romandes (trouvées sur internet)

Certains romands se sont divertis à imiter le style de Wikipedia pour des descriptions pseudo-encyclopédiques des caractéristiques et comportements de leurs voisins.

Voici un extrait des plaisanteries les moins déplaisantes :

« Le suisse allemand est un dialecte germanique très difficile de prononciation, proche d'une maladie de la gorge...

L'usage veut que les choses abstraites comme concrètes soient exprimées en diminutif avec la terminaison li afin de montrer une sorte de gêne. Par exemple « le chat est sur le toit » se dit en allemand : « Die Katze ist auf dem Dach », mais en suisse allemand : « D's Chätzli isch uf em Dach ».
De plus, on est obligé de placer au moins une grossièreté par phrase.
Le Schwitzerdütsch* varie selon les régions. Il est donc très fréquent que le Saint-Gallois ait de la peine à comprendre le Bernois, et vice-versa. A part les Haut-Valaisans, que personne ne comprend de toute manière.
Le Bernois parle le Bärndütsch, une sorte de Schwitzerdütsch, mais en beaucoup plus lent. Tellement lent d'ailleurs, que le sommeil guette tous ceux qui essaient de l'écouter…

                                                                                   *  Faut-il dire Schwyzerdütsch ou Schwitzerdütsch ? Wikipedia appelle Schwyzerdütsch les dialectes suisses allemands.

 

Il paraît que le dialecte bernois s’écrit …On le reconnaît par de très nombreux ä (a Umlaut), souvent doubles.

Ce n'est pas un hasard si l'ours est l'emblème de la ville. Le Bernois en a toutes les caractéristiques. Il est généralement gros, lent (surtout sur les routes de montagnes) et parfois se dresse sur ses deux pattes arrière (dans 90 % des cas, il est sobre à ce moment). Comme le plantigrade, il émet parfois une série de grognements, particulièrement pendant les matchs de hockey…

·  À Zoug, tout est tellement propre que personne n'ose sortir.
·  Les Bernois et les Saint-Gallois détestent les Zurichois.
·  Les Bâlois et les Zurichois se détestent.
·  Les Argoviens sont les imbéciles des Zurichois, des Bernois et des Bâlois.


Lorsqu'un Romand et un Alémanique se rencontrent, et que le Romand parlera en "bon allemand" comme il l'a appris à l'école, le Suisse allemand forcera l'usage du français car il ne supporte pas la langue du grand voisin, même s'il regarde ZDF tous les jours.
En effet, ils détestent les Allemands et ont une peur viscérale de se voir envahir, cette tradition remontant au temps de Guillaume Tell.
De tradition agricole, ceux qui ne sont pas banquiers portent une grosse barbe, une chemise à carreaux et des bretelles..."  

 

 

Le Jura en lutte et ma belle Thurgovie


Dans certains cantons, l’hymne cantonal conserve encore le goût des combats récents ou même, aussi étonnant que ça paraisse, de combats toujours en cours.
Il en est ainsi dans le Canton (et République) du Jura, le dernier en date des 26 cantons suisses, créé en 1978 par séparation du Jura francophone du canton majoritairement germanophone de Berne, après des années de lutte politique où les attentats n’ont pas manqué.

L’hymne jurassien, la Rauracienne*(ou Nouvelle Rauracienne, car il existait une version antérieure) porte la marque de ces années de lutte.

                             * Le Jura est parfois appelé Rauracie du nom d’une tribu gauloise locale, les Rauraci. En 1792, fut proclamée une éphémère République rauracienne, qui constitua une des républiques sœurs, états fantoches nés aux frontières à la suite de la Révolution française (selon Wikipedia). Lors de la dernière réunion de l’assemblée élue de cette république, réunie sur ordre de la France, 77 des 115 députés régulièrement élus se voient interdire de siéger par les autorités françaises. Les autres, tous soigneusement sélectionnés comme partisans de la Convention nationale, votent à l'unanimité le rattachement de l'éphémère République rauracienne à la République française. Le 21 mars 1793 la Convention nationale accepte l'annexion sous la forme d'un nouveau département : le Mont-Terrible              

    
La Rauracienne a été proclamée « hymne officiel de la République et Canton du Jura » le 21 juin 1990 par le Parlement de la République et Canton du Jura (Wikipedia).

Mais il en est pour qui la lutte n’est pas finie : le canton du Jura créé en 1978 n’a pas englobé toutes les parties francophones du Jura bernois, au Sud. Des militants continuent le combat pour obtenir leur rattachement au canton du Jura et pour eux, Berne est toujours l’ennemi.
La Rauracienne est donc en partie, toujours le chant d’un peuple en lutte « au sein de l’Helvétie », qui attend sa délivrance, qui n’est pas complète. 

La Rauracienne :
Du lac de Bienne aux portes de la France
L'espoir mûrit dans l'ombre des cités;
De nos cœurs monte un chant de délivrance,
Notre drapeau sur les monts a flotté!
Vous qui veillez au sort de la patrie,
Brisez les fers d'un injuste destin!


Unissez-vous, fils de la Rauracie Et donnez-vous la main, et donnez-vous la main!
Unissez-vous, fils de la Rauracie Et donnez-vous la main, et donnez-vous la main!

Si l'ennemi de notre indépendance
Dans nos vallons veut imposer sa loi,
Que pour lutter chacun de nous s'élance
Et dans ses rangs jette le désarroi!
D'un peuple libre au sein de l'Helvétie
Notre passé nous montre le chemin.


Unissez-vous, fils de la Rauracie Et donnez-vous la main, et donnez-vous la main!
Unissez-vous, fils de la Rauracie Et donnez-vous la main, et donnez-vous la main!

Le Ciel fera germer notre semence,
Marchons joyeux, c'est l'heure du Jura!
Demain nos cris, nos chansons et nos danses
Célébreront la fin de nos combats,
Et dans la gloire au matin refleurie
Nous chanterons un hymne souverain.


Unissez-vous, fils de la Rauracie Et donnez-vous la main, et donnez-vous la main!
Unissez-vous, fils de la Rauracie Et donnez-vous la main, et donnez-vous la main!

Dans leurs congrès et leurs manifestations, les militants séparatistes du Jura bernois entonnent donc la Rauracienne comme un chant de lutte en attendant le jour où ils pourront se donner la main avec leurs frères du Jura tout court qui les attendent …

On observera dans cet hymne, la vision que les habitants d’un canton suisse (en parlant ici plus des habitants du canton du Jura que des séparatistes du Jura bernois), ont d’eux-mêmes : « un peuple libre au sein de l’Helvétie ». Le Jura est bien une patrie, dont le drapeau flotte sur les monts, et la séparation d’avec Berne (qui n’est pas nommé) est un combat pour l’indépendance :

(Si l'ennemi de notre indépendance
Dans nos vallons veut imposer sa loi)

 Cette lutte doit permettre aux jurassiens d’accéder à une forme de souveraineté :

(Et dans la gloire au matin refleurie
Nous chanterons un hymne souverain).

Même si Berne n’est pas nommé, il est assez curieux que dans un même pays fédéral, l’ancien « dominateur » et voisin soit traité aussi clairement en ennemi :

(Que pour lutter chacun de nous s'élance
Et dans ses rangs jette le désarroi!)
 

 Enfin, un vers de cet hymne pourrait donner en France une lecture bien différente de celle qui en est faite près de Porrentruy ou de Bienne :
(L'espoir mûrit dans l'ombre des cités).


Les difficultés persistent entre le canton de Berne et certains de ses habitants jurassiens, soutenus par le canton du Jura, malgré l'entrée en vigueur le 1er janvier 2006 du statut particulier du Jura bernois et la création de l'Assemblée interjurassienne » [réunissant des délégations bernoise et jurassienne].  

 En ce qui concerne le canton du Jura, Berne est certes un ancien dominateur  mais c’est aussi un voisin. Pour les militants jurassiens du Jura bernois, c’est toujours le canton dominateur qui fait flotter insolemment ses drapeaux avec l’ours de Berne sur les localités du Jura…

Mais lors de la votation du 24 novembre 2013, 72% des habitants du Jura bernois ont repoussé le projet de créer un seul canton avec le Jura, tandis que le Jura lui-même votait oui à 77%. Seul Moutiers a voté majoritairement pour se séparer de Berne et rejoindra peut-être le canton du Jura.

Le gouvernement du canton de Berne s'est félicité du résultat, comme les militants de l'association Notre Jura bernois, persuadés qu'on peut être francophone et heureux d'appartenir au canton de Berne. On a souligné à cette occasion que ce résultat reflétait une identité différente entre Jurassiens du Sud et Jurassiens du Nord : " Quant à la défense exacerbée du français et à l’allergie pour le suisse-allemand manifestée durant les années de lutte, elles ont disparu du paysage. «L’argument de la langue a changé de camp [dit un protagoniste]. Il est désormais mis en avant par les antiséparatistes. Ces derniers soulignent l’importance d’appartenir à un grand canton bilingue qui joue le rôle de pont entre Suisse germanophone et francophone» (site Swissinfo). 

 

 

 

 

Quelques principes du canton du Jura selon sa Constitution :


Constitution de la République et Canton du Jura
du 20 mars 1977 (Etat le 6 mars 2012)


Le peuple jurassien
conscient de ses responsabilités devant Dieu, devant les hommes et envers les générations futures, voulant rétablir ses droits souverains et créer une communauté unie, se donne
la Constitution dont la teneur suit:


Préambule
Le peuple jurassien s’inspire de la Déclaration des droits de l’homme de 1789, de la Déclaration universelle des Nations unies proclamée en 1948 et de la Convention européenne des droits de l’homme de 1950.
En vertu de ces principes, la République et Canton du Jura, issue de l’acte de libre disposition du 23 juin 1974, déterminée à bâtir une société prospère, garante des droits fondamentaux et respectueuse de l’environnement, favorise la justice sociale, encourage la coopération entre les peuples, joue un rôle actif au sein des communautés dont elle se réclame.


Art. 130 Eglises reconnues
1 L’Eglise catholique romaine et l’Eglise réformée évangélique du canton sont reconnues collectivités de droit public.
2 Le Parlement peut reconnaître comme telles d’autres Eglises importantes et durables.
3 Les autres collectivités religieuses sont soumises au droit privé.

Art. 131 Autonomie
1 Les Eglises reconnues s’organisent de façon autonome.
2 Chaque Eglise reconnue se donne une Constitution ecclésiastique, qui doit être adoptée par ses membres et approuvée par le Gouvernement.
3 Le Gouvernement doit approuver la Constitution ecclésiastique si elle est adoptée selon les principes démocratiques et conforme à la Constitution et à la loi.




D’autres cantons ont aussi leur hymne chanté (Neuchâtel, Valais, Thurgovie, Genève dont on reparlera).
A Zurich, c’est une marche pimpante, sauf erreur, qui tient lieu d’hymne cantonal.

Sur l’hymne du canton de Thurgovie (Thurgau en suisse allemand), le site Les traditions vivantes en Suisse nous apprend :
« Une des traditions cantonales les plus connues et les plus prééminentes est le « chant thurgovien » [Thurgauerlied] : cet hymne cantonal date du 19e siècle, et on se lève pour le chanter.
« Oh Thurgau, du Heimat, wie bist du so schön… » [Oh Thurgovie, toi ma patrie, comme tu es belle…] retentit à presque toutes les manifestations officielles ».

Ce chant, caractérisé par une mélodie calme, présente parfois des aspects proches du jodl ; les voix qui répétent la cadence « lalalalala » font penser à un moment du chœur des chasseurs, dans le Freischütz de Weber.
On ne s’étonnera pas de cette proximité de style.

 


Des traditions assumées

 

Les pays où l'on peut voir le président ou la présidente porter la tenue de sa région natale ne sont pas nombreux.

La Suisse en fait partie et exalte à chaque occasion les diverses cultures (il faut comprendre les cultures autochtones) qui existent au sein de l'ensemble fédéral.

 

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La présidente de la Confédération (à l'époque), Doris Leuthard, en costume régional, à l’occasion de la Fête fédérale des costumes suisses le 6 juin 2010, canton de Schwytz en Suisse centrale.

politblog.tdg.ch

 

Doris Leuthard, membre du gouvernement fédéral, et en 2010 présidente par rotation, est connue pour sa façon de parler l'allemand avec les tournures et l'accent caractéristiques de son canton natal, Argovie.

Extrait du discours de Doris Leuthard à la fête fédérale des costumes :

 

"La région où nous avons grandi, celle qui nous a modelés, nous donne ainsi un sentiment de confiance et de sécurité. Les costumes et toute la culture qui les entourent et que vous maintenez vivante nous rappellent quelles sont nos racines et nous donnent un sentiment d'appartenance à une communauté. Ils créent des liens et nous rappellent nos traditions et nos coutumes. Les costumes ne servent cependant pas uniquement à jeter un regard émerveillé sur le passé. Tenir aux traditions, ce n'est pas pieusement conserver les cendres, c'est ajouter au feu de nouvelles bûches pour transmettre la flamme de votre enthousiasme. En défilant dans vos costumes, ici et ailleurs, vous illuminez des vies et faites briller cette flamme de mille feux.

Cultiver la tradition, c'est aussi défendre des valeurs. Dans mon action politique et, cette année, en ma qualité de présidente de la Confédération, je cherche moi aussi à défendre des valeurs. Les valeurs qui sont le fondement de notre société et qui constituent le socle de la coexistence pacifique entre les diverses cultures de notre pays doivent être défendues. Leur maintien nous permettra de relever les défis qui nous attendent et de façonner notre avenir plutôt que le subir"

 

 

De part et d’autre du Röstigraben


Les différences linguistiques, culturelles mais aussi d’attitudes morales et politiques entre les deux « grandes Suisses » sont à l’origine de diverses expressions .
Ainsi on parlera des habitants d’outre Sarine.
La Sarine, affluent de l’Aar, forme, en partie, la frontière linguistique séparant la Suisse francophone, à l'ouest, de la Suisse germanophone à l'est. La locution "outre Sarine" désigne ainsi couramment la Suisse alémanique, vue depuis la Suisse romande.

 

IllustrationPrincipale

Le lancer de drapeau ou "Fahnenschwingen"en allemand

Art millénaire ou héritage des mercenaires, la pratique est attestée dans les troupes confédérées du duc de Milan en 1512. Les épreuves consistent à faire des figures (Doppeldächli, Schnecke, Pilatusstich etc). le drapeau doit être rattrapé d’une main, l’autre demeurant figée sur la hanche. Le langage est alémanique, le sport bien plus populaire de l’autre côté de la Sarine (en Suisse alémanique); commentaire d'après le journal L'Illustré.
illustre.ch


On parlera aussi de Röstigraben, pour évoquer cette frontière linguistique et culturelle.
Le mot vient de « Rösti », une spécialité culinaire de Suisse alémanique, d'origine bernoise, avec des pommes-de-terre bouillies et des morceaux de lard cuits au beurre*.

                                                                                    *  Mais le Rösti lui-même a finalement gagné toute la Suisse, comme les recettes culinaires romandes (présentes aussi en Savoie, comme la fondue) …


Le « Röstigraben » est donc, plaisamment, la barrière ou le fossé du Rösti, qui est invoqué lorsque majoritairement, les habitants de Suisse romande et de Suisse alémanique prennent des attitudes contrastées, notamment lors des votations. Schématiquement, les alémaniques seraient plus conservateurs et plus méfiants envers l’Europe et le reste du monde.
Les Suisses alémaniques appellent parfois les Romands, les Welsches et la Suisse romande, le Welschland. Le mot Welsch signifiant celte en vieil allemand. Il a ensuite été repris pour qualifier les peuples de langue romane dans les zones majoritairement francophones comme la Romandie (wikipedia).


Enfin il reste les deux autres communautés qui vivent leur vie à l’écart des mondes francophone et alémaniques : les suisses de culture italienne du Tessin* (et en partie des Grisons) et les Romanches** qu’on ne trouve que dans les Grisons.
C’est pour cela qu’on parle parfois des « Quatre Suisses »…( et de la Cinquième, les suisses installés à l’étranger).
Le clivage alémanique/romand ne recoupe pas entièrement un autre clivage traditionnel, mais qui a beaucoup diminué en intensité, celui qui distingue les cantons à majorité protestante de ceux à majorité catholique.

                                                                                                                            *  Les tessinois revendiquent non seulement la langue mais la culture italienne . La constitution du Tessin ( version de 1997) indique dans son préambule  : «  Il popolo ticinese…fedele al compito storico di interpretare la cultura italiana nella Confederazione elvetica…si dà la seguente Costituzione. » 
( « Le peuple tessinois, … fidèle à l’engagement historique de représenter la culture italienne dans la Confédération suisse… se donne la Constitution suivante » ;  noter l’expression Confederazione elvetica dans le texte italien, et Confédération suisse (et non helvétique) dans le texte français. Ce n’est qu’en 1999 que la Constitution fédérale a clairement adopté l’expression « Confédération suisse » plutôt qu’helvétique.

                                                                             ** Le romanche (une langue romane du groupe rhéto-roman proche du ladin et du frioulan), localisée aux Grisons, est fortement minoritaire et en déclin. Grâce à son statut de langue nationale et au titre de la protection des langues minoritaires, la radio et télévision en langue romanche ainsi que celle en italien, bénéficient d'une diffusion sur l'ensemble du territoire suisse. Mais 80% des habitants des Grisons parlent allemand et le déclin du romanche se fait sans doute au profit de l’allemand.

 

A Fribourg, canton catholique et majoritairement francophone, les diverses autorités cantonales suivent la procession de la Fête-Dieu (Corpus Christi), à laquelle participent des milices en tenue du XIXème siècle, à statut semi-officiel*, des gardes suisses du Vatican dans leur uniforme caractéristique (en retraite ou en congés ?), des hommes en habit à queue de pie, le chapeau haut de forme à la main, qui portent des luminaires etc.

                                                                     * La loi cantonale leur donne un rôle de représentation. Evidemment elles sont surtout une manifestation de folklore à caractère historique. Les Suisses aiment le style guerrier d’autrefois ; les jeunes militaires actuels, qui se promènent en treillis, n’ont pas l’air spécialement martial. L’armée suisse se définit comme une « armée de milices », les jeunes gens jusqu’à 35 ans environ faisant des périodes d’exercices, et conservant chez eux leurs armes et uniformes.

 

A Genève, canton exclusivement francophone (du moins chez les genevois de vieille origine, car Genève est sans doute le canton le plus cosmopolite de Suisse), le protestantisme avait longtemps été la seule religion autorisée et il en reste des réflexes : lors des obsèques de l’évêque catholique (aussi en charge de Fribourg et Lausanne ) en 2010, le gouvernement cantonal omit d’envoyer un représentant et se contenta de condoléances. Les journalistes genevois lui décernèrent le prix de la gaffe de l’année. Ce qui provoqua les réactions de vieux  protestants :
« Et que fait  un évêque catholique à Genève ? », « Je ne reconnais pas un personnage que je n’ai pas élu »…


Les nouveaux habitants genevois, qui deviendront peut-être de nouveaux citoyens genevois, venus souvent d’Iran, de Turquie ou des pays de l’ancienne Yougoslavie, sont bien éloignés de ces réactions, même si leurs enfants apprendront dans leurs cours d’histoire que leur ville d’adoption a été autrefois la «  Rome du protestantisme ».

 

 

 La Landsgemeinde

 

 

La Suisse est un pays fédéral. Les pouvoirs sont partagés entre la Confédération et les cantons, que la Constitution définit comme souverains dans les matières qui ne sont pas dévolues à la Confédération.

Par exemple, la Constitution du canton d'Uri débute ainsi (source: site de la Confédération suisse, traduction du texte allemand) :

 

Constitution
du canton d'Uri

du 28 octobre 1984 (Etat le 23 septembre 2013) 

Au nom de Dieu tout-puissant!

Le peuple d'Uri,

qui, dans sa grande majorité, fait profession de la foi chrétienne, désirant protéger la liberté et le droit conformément aux principes d'un Etat démocratique, accroître le bien-être de tous et renforcer l'indépendance d'Uri en tant qu'Etat de la Confédération suisse,

se donne la constitution suivante:

Chapitre 1 Principes généraux

1 Le canton d'Uri est un Etat souverain de la Confédération suisse.

2 Comme élément de l'Etat fédératif, il collabore avec la Confédération et les cantons tout en défendant ses intérêts particuliers.

etc

Les cantons votent donc leur propre législation dans les matières qui ne sont pas réservées à l'Etat fédéral et dans deux cantons, Glaris et Appenzel Rhodes intérieures (Appenzell Innerrhoden) , le vote se fait selon la vieille tradition du Landsgemeinde, c'est-à-dire que la population du canton, rassemblée à la capitale cantonale, vote pour élire les dirigeants du canton et pour décider des lois qui s'appliqueront.

Le canton d'Appenzell s'est séparé en 1597 en Rhodes intérieures et Rhodes extérieures (Appenzell Ausserrhoden ), selon une division entre catholiques et protestants. 

Les Rhodes étaient les anciennes circonscriptions du canton, à l'origine des disctricts actuels (le canton n'est pas organisé en communes mais en districts). Elles sont toujours représentées par les drapeaux promenés en procession lors de la landsgemeinde. 

Les deux moitiés de l'ancien canton d'Appenzell ont longtemps formé chacune ce qu'on appelait un demi-canton (comme Nidwald et Obwald, Bâle-ville et Bâle-campagne). Même si le nom de canton leur est maintenant attribué, chaque ancien demi-canton n'envoie qu'un membre au lieu de deux au Conseil des Etats (le Conseil des Etats et le Conseil national sont les deux chambres du Parlement suisse) et représente une demi-voix dans le décompte des votes par cantons.

 

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Cortège de la landsgemeinde d'Appenzell Rhodes intérieures.

Wikipedia.

 

La landsgemeinde, vieille tradition de démocratie directe, se déroule avec un cérémonial qui en marque l'ancienneté et augmente son éclat solennel.

A Appenzell Rhodes intérieures, elle a lieu tous les ans, le dernier dimanche d'avril, dans la capitale cantonale qui s'appelle également Appenzell.

Jusqu'en 1991, ce canton était le dernier à refuser le droit de vote aux femmes et il a fallu une décision de la Cour suprême fédérale pour l'imposer.

Quant aux hommes, leur carte d'électeur était tout simplement, depuis toujours, leur épée ou une baïonette de l'armée suisse, symbole de leur qualité d'homme libre et armé pour défendre sa liberté.

Aussi, encore aujourd'hui, les Appenzellois  de sexe masculin viennent à la landsgemeinde en portant fièrement leur épée.

Le cortège qui précède la tenue de la landsgemeinde parcourt la ville en marchant d'un pas lent, marquant un temps d'arrêt à chaque pas, précédé par une fanfare de musiciens en tricorne. Les conseillers et le gouvernement du canton présidé par le landamann (président en exercice) portent des capes et des chapeaux parfois haut de forme, ainsi que leurs épées. Chaque représentation des districts du canton, héritiers des anciennes Rhodes, est précédée par un jeune homme en habit militaire du début du 19ème siècle qui porte le drapeau de l'ancienne Rhode. Des enfants en habit militaire ancien l'accompagnent, le chapeau à la main et l'un d'entre eux tient aussi le bicorne du jeune porte-drapeau qui fait virevolter son drapeau selon les bonnes traditions. 

Canton qui respecte scrupuleusement les traditions, Appenzel Rhodes intérieures se méfie de tout ce qui pourrait altérer son identité ou plus largement celle de la Suisse : il a été le canton où l'initiative contre la construction de minarets en 2009 a obtenu le plus fort pourcentage de voix. 

 

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Les jeunes gens d'Appenzell Rhodes intérieures paraissent très contents de participer à la landsgemeinde et de montrer leurs épées et leur meilleur costume.

  http://travelsemmons.blogspot.fr

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Porteur de drapeau d'une ancienne Rhode lors de la procession de la landsgemeinde.

picasaweb.google.com, Galerie de Steven Zhang.

 

La démocratie directe peut avoir des inconvénients : le fait de s'exprimer publiquement à main levée (bien que le suffrage secret existe dans certains cas) peut être gênant puisque vos voisins ou connaissances sont ainsi au courant de vos opinions. De plus le décompte des voix manque d'exactitude.

Mais la démocratie directe permet à l'électeur de participer aux décisions au lieu de s'en remettre à des représentants élus.

Des cantons qui ont abandonné la landsgemeinde, comme Appenzel Rhodes extérieures en 1997, réfléchissent s'il ne serait pas bon de la rétablir.

Et on peut penser que les rites qui l'environnent à Appenzel Rhodes intérieures ou à Glaris (où le stye semble plus moderne) donnent plus de prix à la participation des citoyens à la vie politique. 

Ceux-ci ne sont pas seulement des électeurs et des citoyens mais sont les acteurs d'une tradition vivante et les détenteurs d'une forme de privilège.

 

La landesgemeinde réussit ainsi le paradoxe de réconcilier la démocratie et le privilège.

 

 

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 Vue d'ensemble de la landsgemeinde; le drapeau au premier plan (avec un ours) est celui du canton d'Appenzell Rhodes intérieures; celui d'Appenzell Rhodes extérieures est identique mais avec les initiales V et R placées de chaque côté de l'ours ( ces initiales veulent dire "Ausserrhoden" mais selon la vieille orthographe " Usser Rhoden" et avec la vieille graphie qui fait remplacer U par V...).

http://www.baerli-biber.ch

 
 

 

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Commentaires
Le comte Lanza vous salue bien
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