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Le comte Lanza vous salue bien
24 février 2013

L'ÂGE DES INDÉPENDANCES I DE L'EMPIRE AU COMMONWEALTH

 


L'ÂGE DES INDÉPENDANCES

PREMIÈRE PARTIE





DE L'EMPIRE AU COMMONWEALTH

 

 

 

 

NOTA BENE 2022 :

Pour des raisons de lisibilité, j'ai coupé en six parties mes trois messages initiaux publiés en 2013 sous le titre L'Age des indépendances.

Si je devais réécrire aujourd'hui ce texte, je le ferais sans doute différemment.

La mort de la reine Elizabeth II a appelé l'attention sur le Commonwealth et inévitablement, les commentateurs français y sont allés de leur ignorance. Selon certains, Charles III devenait "roi du Commonwealth" (!).

Selon d'autres, le fait que l'île antillaise de La Barbade avait renoncé en 2021 à être  une monarchie (dont le monarque britannique était le souverain),  démontrait que le Commonwealth était en crise, comme si des changements de régime n'avaient pas déjà eu lieu dans le passé (Trinidad et Tobago, Fidji, Malte, par exemple, après une période monarchique après l'indépendance, étaient devenues des républiques, et l'Inde et le Pakistan l'avaient fait bien avant). 

Pour un organisme en crise, le Commonwealth se portait suffisamment bien pour faire de nouvelles recrues : en 2022, le Cameroun et le Gabon ont rejoint le Commonwealth -  des commentateurs signalèrent qu'il s'agissait de pays francophones en oubliant que le Cameroun a une importante population anglophone (le Cameroun actuel  a été formé par la réunion des territoires qui avaient été placés sous mandat respectivement de la France et de la Grande-Bretagne après la guerre de 1914 etr l'occupation de l'ex-colonie allemande du Kameroun; en 1960 la partie britannnique avait choisi  de rejoindre le Cameroun français devenu indépendant).

Le Gabon fait  partie des pays qui bien que n'ayant eu aucun lien colonial avec la Grande-Bretagne, comme avant lui le Rwanda et le Mozambique, ont choisi d'adhérer au Commonwealth.

 

 

 

 




L’été 1962 vit des territoires colonisés arriver à l’indépendance. Tel était le cas de l’Algérie, qui sans avoir un statut de colonie ( il s'agissait de départements français régis de façon dérogatoire) présentait bien un caractère colonial. Dans une autre partie du monde, d’autres territoires avec une histoire différente, accédaient à l’indépendance dans des conditions qui n’avaient rien de commun.

La Jamaïque et Trinidad et Tobago, colonies britanniques, devenaient des états indépendants en août 1962. Ce n'étaient pas, loin de là, les premières possessions britanniques à devenir indépendants au 20ème siècle. Les Indes, le joyau de l'Empire, étaient indépendantes depuis 1947, La Birmanie et Ceylan avaient suivi en 1948. Le Soudan, bizarre condominum anglo-égyptien était indépendant depuis 1956. Le Ghana avait accédé à l'indépendance en 1957 comme la Malaisie, Chypre (colonie européenne) depuis 1960. Dans les années 1960, le vent de l'indépendance allait souffler sur toutes les colonies et protectorats britanniques, finissant par n'épargner que quelques territoires décidément accrochés à la mère patrie, et de plus souvent dotés d'une autonomie suffisante ou au contraire trop petits pour ne pas dépendre entièrement de la métropole.

Le mot colonie, ou colonisation, peut recouvrir des réalités très différentes dans la situation de la population habitant le territoire concerné. Il peut s’agir d’une population autochtone qui se voit imposer une domination étrangère, un cas qui  existe aussi dans des situations où on ne parle pas de colonialisation, par exemple, la Pologne occupée et annexée par la Russie des Tsars, la Rhénanie ou les départements italiens annexés à l’empire napoléonien. La notion de domination est parfois subjective : lorsque le territoire est traité en pays conquis, le lien de sujétion est clair, il l’est moins si on prétend que le territoire est incorporé au pays dominant avec grosso modo les mêmes droits et devoirs (les provinces réunies à la France par Louis XIV ou les annexions napoléoniennes qui ne devaient pas durer au-delà de l'empire).

Mais dans l'histoire récente, le mot colonisation est plutôt réservé aux situations où une popluation et un territoire extra-européen sont dominés, plus ou moins directement, par un pays européen, et par extension occidental (les Etats-Unis notamment) doté d'une supériroité au moins technique sur le pays ainsi dominé.

Puis il existe des territoires, qualifiés de colonies, où la population autochtone n’existe pas ou a disparu, et où coexistent des populations favorisées (en principe blanches) et des populations dominées, amenées dans la colonie pour travailler, comme les esclaves africains aux Antilles. Dans certains cas, une population immigrée est amenée pour travailler sur un territoire où existe déjà une population autochtone, créant à terme des tensions ethniques (cas des Indiens amenés à Fidji). Enfin dans d’autres cas, même s’il existait un peuplement autochtone très réduit, l’essentiel de la population est une population immigrée venue en grande partie des régions avoisinantes pour gagner sa vie et participer au dynamisme économique de la colonie ((Singapour, Hong Kong). La population installée dans la colonie peut appartenir majoritairement à une ethnie ou représenter plusieurs ethnies : ainsi à Maurice, il existe une population noire, des créoles blancs d'origine française et des indiens installés au 19ème siècle.


Enfin, certaines colonies sont peuplées quasi exclusivement de personnes venant du pays colonisateur, qui finissent par former une nouvelle nationalité et à terme un nouvel état :  Australie, Nouvelle-Zélande, colonies d’Amérique du Nord ayant formé les Etats-Unis, Canada, où la situation est compliquée par l’existence d’une population formée par un colonisateur (Français) vaincu par un autre colonisateur (Britanniques), les Indiens étant, du point de vue de leur importance numérique, plutôt quantité négligeable.
La situation de l’Afrique du Sud où à l’époque coloniale, coexistaient les descendants de l’ancien colonisateur hollandais (les Boers), le nouveau colonisateur victorieux (les Britanniques) et les populations noires dominées par les deux premiers, représentait un niveau supérieur de complexité.
Les pays sous régime de protectorat ont en général des relations plus souples avec la puissance dominante qui se présente rarement sous des formes oppressives.

Dans certains cas, des relations entre deux sociétés peuvent s'inscrire dans le cadre large de la colonisation (ou de l'impérialisme) mais se présentent plutôt comme des alliances où chacun pense trouver intérêt : les protectorats exercés par la Grande-Bretagne sur les petits états (ou au départ, tribus ou fédérations de tribus) du Golfe persique, apportaient aux Britanniques la possession de points statégiques et à leurs partenaires des subsides et une protection à l'abri de laquelle ils poursuivaient leur existence traditionnelle, absolument pas troublée par l'ingérence des "colonisateurs" qui en l'occurrence se bornait à peu de choses : essayer de faire régner la paix entre leurs turbulents alliés, avoir des points de ravitaillement et de contrôle pour la Royal Navy. Ce n'est que longtemps après et de façon surprenante, que ces territoires déshérités et faiblement peuplés se révélèrent riches en pétrole et entrèrent dans le cadre d'un partage de richesses entre les possesseurs locaux de la terre et les sociétés pétrolières européennes et surtout Britanniques..


Une telle variété de situations de départ  conduit à des développements historiques différents.

Il serait superficiel d’opposer la désastreuse indépendance algérienne à la relativement harmonieuse indépendance des colonies caribéennes en 1962, déjà assez autonomes avant cette date, qui l’une et l’autre conservaient après l'indépendance la Reine Elizabeth II comme souveraine (et conservèrent avant et après les indépendances les mêmes Premiers ministres, autre signe de continuité).
Le symbole de ces indépendances « heureuses » pourrait être la photographie montrant, le soir de l’indépendance de la Jamaïque, la Princesse Margaret dansant aux bras du Premier ministre du nouvel Etat, Sir Alexander Bustamante.

 

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La Princesse Margaret danse avec Sir Alexander Bustamante , Premier ministre de la Jamaïque, au Bal de l'indépendance, 1962.

Site Tumblr-Bustamante

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L'aspect protocolaire de la proclamation de certaines indépendances est bien rendu par cette photo montrant la Princesse Margaret, son mari le comte Snodown et d'autres invités se rendant à une réception donnée pour l'indépendance de la Jamaïque. Sir Alexander Bustamante est au second plan à droite.

site Jamaica-50

 

 

 

INDÉPENDANCES HEUREUSES ?

 

 

En  octobre 1962, l'Ouganda accédait aussi à l'indépendance, de façon harmonieuse semble-t-il, et avec toute la pompe désirable. Le duc et la duchesse de Kent représentaient la reine et prirent part à toutes les manifestations. Il ne manqua ni les cornemuses jouant de nuit avant le baisser du drapeau britannique et le lever du drapeau ougandais, ni la fierté  des régiments locaux qui d'un instant à l'autre passaient de l'armée britannique à l'armée ougandaise, ni les guerriers africains avec sagaie et bouclier courant autour de la Rolls-Royce princière, ni les robes longues des dames et les perruques des magistrats.

La suite devait être moins souriante.

 

 

 

Le duc et la duchesse de Kent lors d'une des cérémonies pour l'indépendance de l'Ouganda, octobre 1962. A gauche, le Premier ministre ougandais Milton Obote. Lors de l'indépendance, la reine Elizabeth restait chef de l'Etat. Obote, après avoir proclamé la république en 1963, renversa le premier président de l'Ouganda avec l'aide d'Idi Amin Dada, chef d'état-major (1966). Obote devint alors président avec des pouvoirs accrus. Se comportant de façon de plus en plus autoritaire, il fut lui-même ensuite renversé par Amin Dada (1971). Ce dernier plongea le pays dans une dictature sanguinaire. Obote revint ensuite au pouvoir pour un temps (1980-85), avant d'être de nouveau chassé et de mourir en exil en Zambie en 2002.  Des centaines de milliers de morts et la faillite du pays furent le résultat de ces rivalités internes et des régimes dictatoriaux successifs. 

Actualités Pathé de l'époque. Capture d'écran You Tube.

https://www.youtube.com/watch?v=ylDMrkHrWcg

 

 


Ces indépendances « heureuses » ont d’ailleurs quelque chose de suspect aux yeux des tenants d’une vision révolutionnaire de l’histoire, pour qui une indépendance doit être forcément couplée avec une lutte prolétarienne. Ils ne manqueront pas de dire que dans beaucoup de cas, il n’y a pas eu indépendance mais changement dans la forme de domination exercée sur ces pays par les puissances impérialistes et capitalistes. Au mieux ils concèderont que les indépendances ont satisfait la classe bourgeoise des pays devenus indépendants, mais n’ont rien apporté aux classes populaires. C’est un point de vue respectable mais nous ne le discuterons pas puisqu’il présuppose une vision de la société que nous ne partageons pas. De plus, beaucoup de pays anciennement colonisés sont devenus srtictement semblables aux pays occidentaux du point de vue social, et leur situation actuelle ne peut plus être définie en termes de lien colonial qui se prolongerait sous d’autres formes.

Si nous quittons le domaine de la théorie sociale pour revenir à des considérations purement historiques, on voit que les indépendances n’ont pas toujours été « heureuses » loin de là.
Le lien colonial s'est terminé dans des conditions dramatiques, en Inde ou en Irlande (bien que pour ce pays, on pouvait difficilement parler de lien colonial au sens strict puisque l’Irlande faisait partie du Royaume-Uni).

Pour l'Inde etle Pakistan, ce sont les conditions de la partition du teritoire indien (imposée par les nationalistes pakistanais) qui provoquèrent un désastre humain de très grande ampleur, plus que l'indépendance elle-même, qui eut lieu dans un climat cordial vis-à-vis de la puissance coloniale. 


Mais même dans le cas de l’Irlande (c'est-à-dire des trois-quart de l'ile ayant obtenu en 1922 un statut de dominion *, le dernier quart nord-est, l'Ulster, restant une partie du Royaume-Uni) et de l’Inde, ainsi que du Pakistan, né de la partition de l’Inde, ces trois pays conservèrent provisoirement à leur tête le souverain britannique, postérieurement à l’indépendance, l’allégeance au monarque ne disparaissant qu’en 1950 pour l’Union indienne, en 1956 pour le Pakistan, et pour l’Irlande, qui malgré les apparences est un pays de subtils politiciens, rompus aux exercices des institutions catholiques, à une date indéterminée qui peut être 1937 (nouvelle Constitution de l’Eire) ou  au plus tard 1949 (proclamation de la République).

                                                                                                                                                  * On peut contester que l’accès de l’Irlande au statut d’Etat libre (Dominion) en 1922 ait été strictement équivalent à une indépendance totale, si on admet que les Dominions n’ont été considérés comme pleinement indépendants qu’en 1931 (en considérant d'ailleurs que cette indépendance pré-existait à son constat ...). C'était au moins un statut de large autonomie.

 

L'Inde et la Pakistan demeurèrent dans le Commonwealth, organisation dont le monarque britannique est le chef, pas l'Irlande (il semble qu'on ait considéré, en 1949, que la proclamation de la République d'irlande valait sortie du Commonwealth, mais dès 1950, avec la proclamation de la République en Inde, et son maintien dans le Commonwealth, il fut évident que l'appartenance au Commonwealth était indépendante du régime politique).

Ainsi l'accès à l'indépendance des anciennes possessions britanniques fut-il placé plus sous le signe de la continuité que de la rupture..

Si la Grande-Bretagne, depuis la fin du 19ème siècle, a toujours admis l’évolution graduelle vers l’indépendance (en respectant de préférence la forme d’un lien avec la Couronne dans la personne du souverain) pour ses possessions blanches à dominante anglo-saxonne  (les « White Dominions »), si bien qu’il serait difficile de donner une date précise d’indépendance pour les « Dominions blancs », même si on considère généralement que cette indépendance était acquise à partir de 1931, il en était autrement des territoires où la majorité de la population n’était pas blanche.

 

Dominion-of-new-zealand


Les Dominions blancs. Caricature parue dans The New Zealand Observer (1907): le Premier ministre néo-zélandais Joseph Ward est présenté comme un nain coiffé d’un chapeau haut-de-forme disproportionné étiqueté “Dominion”. Les deux personnages (sans doute les Premiers ministres d’Australie et du Canada) échangent les remarques suivantes :
Canada: « Plutôt grand pour lui, n’est-ce pas ?
Australie : Oh, sa tête enfle rapidement. Le chapeau lui ira bientôt ».
wikipedia
 


Ces "Dominions blancs" avaient souvent, bien avant leur accession à l’indépendance, une autonomie complète dans les matières internes et une législation en avance sur celle de la métropole : dès la fin du 19ème siècle, la Nouvelle-Zélande avait adopté le vote des femmes, la journée de 8 heures, les retraites des salariés et des lois sociales qui faisaient dire à un ouvrier que c’était le meilleur pays du monde et à un journaliste, sans ironie, qu’il n’y avait rien que l’Etat ne puisse faire et que son but était de rendre heureux tout le monde.

Le Canada fut le premier territoire qualifié de Dominion dans la Constitution de 1867. Cette appellation supposait la compétence pour les affaires intérieures d’un gouvernement « responsable » devant une assemblée élue. On admet qu’à partir du statut de Westminster de 1931, les Dominions blancs sont en droit indépendants de la Grande-Bretagne et à égalité avec celle-ci dans le Commonwealth, même si cette évolution était déjà bien avancée dans les années précédentes.

Il ne sera donc pas ici question de l’évolution insensible des Dominions blancs vers l’indépendance, mais de l’indépendance des possessions peuplées entièrement ou majoritairement de non-blancs ou bien de populations blanches mais non anglo-saxonnes (Malte, Chypre, sans oublier le cas à part de l’Irlande).

 

 

 

 

DES CHEMINS DIFFÉRENTS VERS L'INDÉPENDANCE

 

 



Dans le cas des Indes, l’indépendance accordée dès 1947 aboutissant à la partition du pays, résultait de la claire conscience de la part des Britanniques qu’il n’était plus possible d’administrer un ensemble aussi immense et qui représentait de telles menaces d’explosion. Si l’indépendance prit la forme d’une explosion de violence interethnique généralisée, les Britanniques peuvent-ils se voir reprocher de n’avoir pu éviter ce qui était sans doute inévitable ?

Bien entendu il ne saurait être question de passer en revue toutes les indépendances de dizaines de territoires mais seulement quelques cas présentant les différents aspects possibles de l’accession à l’indépendance, depuis l’indépendance paisible (Fidji, les îles des Caraïbes) jusqu’à l’indépendance troublée bien qu’à des degrés divers : les indépendances de l’Irlande, de l’Inde ou de Chypre peuvent entrer dans la catégorie des indépendances avec violences, mais les circonstances et l’importance des violences diffère :
Si l’indépendance de l’Inde s’est accompagnée de centaines de milliers, voire peut-être un million de morts, sans compter les transferts forcés de population, ces violences n’avaient pas pour but d’obtenir l’indépendance qui était acquise, mais opposaient les populations entre elles, pour des motifs ethniques et religieux, dans le cadre du découpage territorial des deux pays qui succédaient à l’Inde britannique.

Il y a peu de comparaison avec les deux cents ou trois cents morts causés par les attentats de l’EOKA durant la période précédant l’indépendance de Chypre, violences liées à l’action des nationalistes cypriotes grecs, qui d’ailleurs avaient pour but non l’indépendance de Chypre, mais l’union avec la Grèce. On doit y ajouter les morts, sans doute plus nombreuses, des violences interethniques avant l’indépendance et observer que dans les années postérieures à l’indépendance, les violences feront bien plus de morts dans les deux communautés se disputant Chypre.

Singapour présente un cas inédit d’indépendance, plutôt pacifique, mais à rebonds : d’abord état autonome, puis intégré dans un état indépendant, la Malaysia, puis accédant à l’indépendance complète après avoir été littéralement expulsé de la Malaysia.

Dans le cas du Kenya, si on peut parler d’indépendance paisible en 1963, c’est en omettant la rébellion extrêmement violente des Mau-Mau quelques années auparavant. Mais cette rébellion fut réprimée sans faiblesse et les Britanniques transmirent le pouvoir aux forces locales qui avaient pris leurs distances avec la rébellion.
Le bilan humain de la révolte des Mau-Mau, limité aux combattants (200 membres des forces de l’ordre tués contre 12 000 à 20 000 Mau-Mau) suffit à montrer que l’indépendance n’est pas sortie directement de l’insurrection des Mau-Mau, même si les Britanniques, après avoir réprimé celle-ci  (dès la fin 1956, la rébellion n’existait plus), se sont résolument dirigés vers l’indépendance en ignorant d’ailleurs les protestations des colons blancs.
C’est en ayant présent à l’esprit cet exemple que les colons de Rhodésie du sud décidérent en 1965 de proclamer unilatéralement leur indépendance, afin de pouvoir continuer à diriger le pays. Ils obtinrent ainsi un sursis de 13 ans et la condamnation vertueuse de la communauté internationale, avant de devoir céder la place au gouvernement tiers-mondist de Mugabe.
 
Quant à la Malaisie, l’insurrection communiste qui prit place avant l’indépendance est certes historiquement liée au contexte de la fin des dominations coloniales, mais là encore, le pouvoir fut transmis par les Britanniques à ceux de leurs alliés locaux qui avaient combattu l’insurrection, d’ailleurs repoussée par la population malaise dans sa quasi-totalité et ne rencontrant un appui que dans une partie de la minorité chinoise, au point qu’avoir combattu l’insurrection communiste est dans la Malaisie indépendante une preuve de patriotisme malaisien.

Même des pays dont l’accession à l’indépendance paraît avoir été tranquille en comparaison, comme Malte, ont connu, à y regarder de plus près, des tribulations aussi bien de politique interne que dans les relations avec la puissance coloniale, qui sont intéressantes par elles-mêmes.  

Une caractéristique du domaine colonial britannique était de comprendre deux colonies européennes (Malte et Chypre – sans parler de Gibraltar) et des populations blanches installées de longue date dans certains territoires coloniaux (notamment dans les Caraïbes, l’Océan Indien) dont les représentants allaient justement jouer un rôle dans les pouvoirs post-coloniaux.
On peut notamment penser aux deux cousins de la Jamaïque, leaders des deux principaux partis qui allaient alterner au pouvoir avant et après l’indépendance, Norman Manley et Alexander Bustamante, qui étaient des Créoles, aux Présidents Mancham et Albert René, Créoles des Seychelles, le second ayant renversé le premier. Sur certains territoires, les habitants non blancs, destinés à exercer le pouvoir, n’étaient nullement des autochtones, mais étaient venus avec le colonisateur, comme les Indiens de Maurice, qui monopolisent presque sans interruption les postes de Premier ministre ou de Président de Maurice depuis l’indépendance.
On peut sans doute en dire autant des populations des Antilles, qui ne sont pas des populations autochtones, celles-ci ayant disparu, mais majoritairement des populations noires avec parfois de fortes minorités asiatiques, comme à Trinidad et Tobago

L’évolution vers l’indépendance fut parfois retardée par de nouveaux facteurs géopolitiques ou par des facteurs liés à l’existence de communautés hostiles sur le même territoire.
Ainsi les Britanniques souhaitaient rester à Chypre non plus comme autrefois pour surveiller la route des Indes (car l’empire des Indes avait disparu)  mais parce que, dans le contexte de la guerre froide, la Grande-Bretagne devait avoir une base en Méditerranée orientale pour contrer l’Union soviétique et surveiller, en accord avec son allié américain, les velléités des pays riverains soit déjà aux mains de dirigeants tiers-mondistes, soit risquant de le devenir.
Les intérêts stratégiques britanniques entraient en conflit avec le souhait des Cypriotes grecs qui était d’ailleurs le rattachement à la Grèce et non l’indépendance
De plus, l’hostilité entre Cypriotes grecs et turcs obligeait la Grande-Bretagne à tenir compte des intérêts contradictoires des deux communautés. Lorsqu’elle s’avisa qu’elle pouvait conserver des bases militaires tout en se désengageant de ce qui devenait un guépier intercommunautaire, elle le fit volontiers (comme elle l’avait fait dès 1948 pour la Palestine, laissant Juifs et Arabes se déchirer et d’autant plus faciement que la Palestine était un territoire sous mandat et pas une colonie de la couronne)* 

                                                                                                      *  La Grande-Bretagne remit son mandat sur la Palestine aux Nations-Unies, laissant le soin à l’organisme international, s’il y arrivait, de trouver une solution au conflit entre Arabes et Juifs.


Les mentalités des gouvernants évoluèrent aussi, comme leur perception des nécessités du moment et la claire conscience du rapport avantages/coûts de leurs possessions coloniales, qu’il s’agisse de colonies à proprement parler ou de protectorats.
Il y a eu un moment où les dirigeants britanniques n’ont plus beaucoup hésité, entre des avantages devenus nuls ou très résiduels, parfois au mieux symboliques et nostalgiques, et des coûts qui ne pouvaient qu’augmenter avec la demande croissante de bien-être des populations.
Si assurer le welfare state aux britanniques chez eux était coûteux, cela devenait une charge indue et insoutenable s’agissant de populations lointaines.
Dans ces conditions, ce qui était difficile à accepter vers 1930 devenait plus acceptable en 1960 et on peut même penser qu’à partir des années 1970, la Grande-Bretagne a poussé ce qui lui restait de colonies vers l’indépendance avec empressement.

Aujourd’hui, quelques territoires seulement demeurent dans l’orbite britannique, même si le terme de colonie a disparu et a été remplacé par British overseas territory. Ces territoires n’étant pas astreints à respecter les mêmes réglements que la Grande-Bretagne, se sont transformés généralement en paradis fiscaux, domaine où ils rivalisent avec certains de leurs voisins qui ont préféré l’indépendance.

Aucun des territoires britanniques ne semble revendiquer l’indépendance (et surtout pas, pour Gibraltar, le rattachement à l’Espagne – qui est tout autre chose que l’indépendance).
Il est probable que l’évolution de Hong Kong, rattaché à la Chine en 1997, s’est faite contre le sentiment des habitants, qui auraient préféré rester dans l’orbite britannique. Mais leur avis était secondaire dans la négociation avec le géant chinois.

Il semble que certains pays indépendants, comparant leur prospérité à celle de voisins restés dans le giron britannique, regrettent d’avoir opté pour l’indépendance, comme les Bahamas qui se comparent aux îles Cayman (Caïman en Français), restées britanniquers, plus avantagées *.
Pourtant ces deux pays ont le même souverain, la Reine Elizabeth, mais les Bahamas en tant que Realm (royaume) du Commonwealth, les Cayman en tant que British overseas territory.

                                                                                                         * Le niveau de vie des îles Cayman est comparable au niveau de vie de la Suisse.


Doit-on enfin considérer le cas d’Anguilla comme représentatrif de la volonté de rester britannique ? Pas vraiment car cette petite île des Antilles, rattachée à St-Kitts et Nevis, aurait du suivre le sort de ces dernières îles et former à terme un état fédéral indépendant. Or, les habitants firent sécession d’avec St-Kitts et se proclamèrent république indépendante en 1969 (après avoir tenté d’intéresser à leur cas les USA). Le résultat de leur sécession, après une période d’incertitude, est qu’ils sont aujourd’hui encore un territoire d’outre-mer britannique.


Le récit des événements accompagnant l’indépendance permettra de cerner la culture propre à chaque pays et nous verrons le Premier ministre de Malte prêter serment en embrassant le crucifix tandis que son rival de l’épopque, son prédecesseur et successeur au poste de Premier ministre, aura connu bien des ennuis avec l’Eglise catholique, dans un contexte d’époque qui fait penser aux demêlés de Don Camillo et Peppone.

Plus largement, les protagonistes des indépendances sont des hommes très divers, depuis des intellectuels tiers-mondistes comme le Dr. Williams à Trinidad ou N’Krumah au Ghana, jusqu’à des conservateurs modérés comme le Dr Borg Olivier à Malte, Sir Kamisese Mara aux Fidji ou, en version démoctate à tendance populiste, Sir Alexander Bustamante à la Jamaïque, en passant par des humanistes se réclamant de Gandhi comme Sir Seewoosagur Ramgoolam à Maurice.


Comme on l'a déjà indiqué, on peut penser que les indépendances des  territoires britanniques ont le plus souvent été placées sous le signe de la continuité. A l’exception de très peu de pays comme la Birmanie, la rupture n’a jamais été brutale avec le passé colonial, ses représentants ou ses usages.

 

Dans le cas de l’Inde, on a déjà dit que l’Union indienne conserva trois ans après son indépendance le monarque britannique comme Chef de l’Etat, représenté sur place par un gouverneur-général : le dernier Vice-Roi devint le nouveau gouverneur-général, *

                                                                                                        * La continuité se marqua aussi de façon plutôt paradoxale : dès 1947 l’Inde et le Pakistan en venaient aux mains pour le Cachemire ; or, les commandants en chef des deux armées ennemies étaient des militaires britanniques… .  

 


Ce scénario se reproduisit assez généralement, et lors des indépendances, le dernier gouverneur colonial devenait souvent le premier gouverneur-général, représentant le souverain dans le nouvel Etat indépendant, si celui-ci conservait à sa tête le monarque britannique (ou plus exactement, un monarque commun à la Grande-Bretagne et au pays indépendant) ou dans les Etats qui ne conservent pas le souverain britannique, il peut devenir le premier haut-commissaire (nom donné aux ambassadeurs d’un pays du Commonwealth dans un autre pays).


A Singapour, devenu dans un premier temps un Etat sinon indépendant, du moins autonome, le dernier gouverneur britannique devient le premier Yang di-Pertuan Negara (Chef de l’état, mais en fait représentant de la Reine, Chef de l’état en titre). Ce souci de la continuité se manifestera ensuite dans l’histoire de Singapour : lorsque cet état rejoint la Fédération de Malaisie en 1963, le second Yang-di-Pertuan Negara qui représentait jusque là la Reine, devient le représentant du Roi électif de Malaisie (le Yang-di-Pertuan Agong) et quand Singapour quitte deux ans après la Fédération de Malaisie, le même Yang-di-Pertuan Negara devient le premier Président de la République. 

Parfois la continuité se marqua même lorque l’état modifia son statut et devint après quelques années une République : à Malte,  lors de l’indépendance en 1964, le dernier gouverneur, Sir Maurice Dormann, devint gouverneur-général représentant la Reine. Remplacé ensuite à ce poste par un Maltais, Sir Alexander Mamo, celui-ci devint à son tour le premier Président de la République quand Malte devint une République en 1974.

 La continuité se marqua dans la personne des Premiers ministres, le Premier ministre en poste à la fin de l’époque coloniale restant en poste après l’indépendance. Cela n’était pas seulement vrai de Premiers ministres progressistes qui avaient mis en place le processus d’indépendance, comme N’Krumah au Ghana, Jomo Kenyatta au Kenya ou le Dr Williams à Trinidad, mais aussi de modérés qui en parfait accord avec la Grande-Bretagne avaient conduit le processus d’indépendance, comme D. S. Senanayake à Ceylan, Borg Olivier à Malte, Sir Kamisese Mara aux Fidji, Sir Seewoosagur Ramgoolam à Maurice, ou même le remuant Sir Alexander Bustamante à la Jamaïque. Les Parlements coloniaux devionrent les Parlements des nouveaux Etats indépendants, généralement sans nécessiter de modification en profondeur sauf peut-être à Fidji, pour l’application de la règle du vote par communautés séparées (fidjiens ethniques et indo-fidjiens) un des problèmes récurrents de Fidji.
Aux Seychelles, si dès l’indépendance, la République fur proclamée, le Président fut l’ancien Premier ministre de l’époque coloniale, d'ailleurs longtemps adversaire de l’indépendance et très soucieux de maintenir des liens étroits avec la Grande-Bretagne, James R Mancham  (plus tard Sir James Mencham).

 

La plupart des indépendances donnèrent lieu au même cérémonial : un représentant de la couronne préside aux cérémonies et assiste aux parades avec tout le faste désirable (le Duc de Gloucester à Ceylan en 1948 ou en Malaisie en 1957, La Duchesse de Kent au Ghana en 1957, la Princesse Margaret à la Jamaïque en 1962, la Princesse Royale Mary, tante de la Reine, à Trinidad en 1962, et bien entendu le Prince Philip, au Kenya en 1963 et à Malte en 1964, puis le Prince Charles aux Fidji ou dans les Caraïbes).

Les calèches, les Rolls et autres limousines environnées de lanciers, ou plus modestement de motards par la suite, les troupes coloniales au garde à vous, les uniformes de gala, les magistrats en perruque, composent un spectacle empreint de "pomp and circomstances", de "pageantry", qui est à la fois l'adieu de la puissance dominante et l'héritage légué au jeune état.

De façon plus décontractée sans doute, le bal qui suit la journée de proclamation de l'indépendance, avec ses invités sur leur trente-et-un, les dames en robes du soir; les hommes en habit à queue de pie ou en smoking blanc ou noir, les militaires en spencer blanc, est le moment glamour de ces journées historiques, où les Altesses britanniques dansent avec les nouveaux détenteurs du pouvoir, depuis la duchesse de Kent dansant avec M. Nkrumah lors de l'indépendance du Ghana en 1957 jusqu'au Prince Charles dansant la calypso avec la femme du Premier ministre des Bahamas en 1973 (une indépendance, faut-il le dire, sans grande difficulté !).

 


La poursuite des bonnes relations après l'indépendance pourrait être figurée par la photo, assez extraordinaire, de la Reine Elizabeth, en visite au Ghana, dansant avec le Président Nkrumah en 1961, et paraissant avoir complètement oublié le protocole, tandis qu'au premier plan, le Prince Philip fait danser madame Nkrumah.

LON125880

magnumphotos.com

 

 

Même à Chypre où le départ fut moins harmonieux que dans d'autres pays, et où aucun représentant de la famille royale ne fit le déplacement, on sacrifia quand même à la tradition avec une garden party offerte par le gouverneur et son épouse ; Mgr Makarios posa ravi avec le gouverneur qui semblait lui passer le relais. Après avoir accompli ce dernier devoir, le gouverneur, toujours en bicorne à plumes, quitta l'ile avec sa famille et son chien, au son des cornemuses.

Quant aux troupes britanniques, il ne leur restait plus qu'à rentrer dans leurs bases conservées à Chypre et elles y sont toujours.

Ces images généralement apaisées, de la fin du lien colonial au sens large, posent la question des relations entre colonisateurs et colonisés, sans pouvoir vraiment y répondre ; furent-elles harmonieuses et cordiales ou au contraire tendues et même hostiles ? Il n'y a pas de réponse unique, ni selon les territoires ni selon les époques, ni selon les populations, 

La Jamaïque pourrait être un bon exemple de ces ambiguïtés : la population noire n'a pas été directement colonisée (au sens d'une domination exercée sur une population indigène sur son propre territoire) puisqu'elle a été transférée à la Jamaïque par les colonisateurs pour travailler sur les plantations, mais elle fut soumise à l'esclavage et même une fois libérée de l'esclavage (en 1834) elle connut une situation d'infériorité légale et sociale qui perdura jusqu'au 20ème siècle. Néanmoins, selon un sondage de 2011, 60% de la population regrette l'époque du gouvernement britannique (époque sans doute embellie par l'effet de la désillusion du présent et du prestige de la nostalgie), 17% seulement disent que les choses seraient pires si les Britanniques étaient toujours là. Symboliquement, les Jamaïcains, dans les milieux les plus modestes, sont nombreux à se raccrocher à la personne de la Reine (toujours Reine de la Jamaïque) et à ne pas souhaiter que la Jamaïque devienne (50 ans après son indépendance) une République.

 

 

 

LE COMMONWEALTH

 

 

 

 

 

 

 

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Réunion des chefs de Gouvernement du Commonwealth à Perth, Australie, 2011. La Reine, Chef (Head) du Commonwealth, est assise au premier rang.

http://lawblogone.wordpress.com


La plupart des pays sont demeurés membres du Commonwealth dont le souverain britannique est le chef.
Seuls font exception l’Irlande (où de temps en temps des hommes politiques remettent sur le tapis la question de l'intérêt d'adhérer au Commonwealth) la Birmanie, le Soudan, l’Arabie du Sud (qui lors de l’indépendance d’Aden et des sultanats et protectorats en 1967 devint une République populaire avec soutien du bloc de l’Est) et des pays du Golfe persique (pays qui auraient parfaitement pu adhérer au Commonwealth, lors de la fin des accords de protectorat passés avec les Britanniques en 1971) ainsi que quelques cas particuliers comme le Somaliland, fusionné avec la Somalie ex-italienne en 1960 pour leur accession à l'indépendance, qui a retrouvé depuis une vingtaine d’années une indépendance qui n’est pas reconnue inernationalement.

 

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La Princesse Haya Bint Al Hussein et son mari le Sheikh Mohammed bin Rashid Al Maktoum de Dubaï aux courses d'Ascot, juin 2012. Bien que les anciens protectorats britanniques du Golfe ne soient pas membres du Commonwealth, leurs dirigeants sont souvent des adeptes des rituels mondains britanniques.

Zimbio.com

Ajout 2019 : la princesse a fait sensation en quittant son mari et en s'enfuyant à Londres. Une procédure de divorce est en cours.

 


Evidemment, Hong Kong, devenue une région de Chine populaire, et non Etat indépendant, ne pouvait faire partie du Commonwealth, certainement à son grand regret.
L’Afrique du Sud, en sortant de la période d’apartheid, et la Namibie (ex Sud-Ouest Africain longtemps sous administration sud-africaine) ont rejoint le Commonwealth.

 

 

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L'Afrique du Sud réintégra le Commonwealth après la fin du régime d'apartheid. Ici on voit Nelson Mandela et la Reine Elizabeth lors de la visite du président sud-africain à Londres en 1996.

http://www.dailymail.co.uk/

 

 

 

Le Sud Soudan, indépendant depuis peu, pourrait le faire.
Compte tenu de leurs fluctuations politiques et notamment de leurs manquements à la démocratie, certains pays peuvent être exclus ou suspendus du Commonwealth (exclusion du Zimbabwe, suspension de Fidji).

D'autres sont partis d'eux-mêmes (ou plutôt du fait de leurs gouvernants), pour revenir, comme la Gambie.

En 2013, le président de la Gambie, le dictateur, Yahya Jammeh, décida de quitter le Commonwealth, qualifié par lui d'institution "néo-colonialiste". Logiquement, lorsque le dictateur fut obligé de quitter le pouvoir, son successeur démocratiquement élu demanda la réadmission de la Gambie qui fut acceptée.(2018).

 

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8 février 2018. Le drapeau de la Gambie est de nouveau hissé  devant Marlborough Housesiège du Commonwealth à Londres, après que les 52 pays membres aient voté à l'unanimité la réadmission de la Gambie, qui avait quitté le Commonwealth en 2013 sur décision du dictateur Yahya Jammeh.

Blog Commonwealth stamps opinion

http://commonwealthstampsopinion.blogspot.fr/search?updated-max=2018-02-14T05:53:00-08:00&max-results=7&start=4&by-date=false

 

 


Dans chaque pays du Commonwealth, les représentants d’un autre pays du Commonwealth ne sont pas des ambassadeurs mais des Hauts-commissaires (High Commissioners) ce qui montre le lien spécial qui les unit.
Ce lien n’exclut as les conflits voire même les guerres : dès leur indépendance, l’Inde et le pakistan se sont affrontés sur la question du Cachemire, mais on peut penser que l’appartenance commune au Commonwealth est un facteur qui tend à aplanir les conflits là où ils peuvent exister.

L’évolution des pays devenus indépendants permet de constater, même dans ceux qui ont choisi le statut de République, le maintien de beaucoup de liens sentimentaux avec la couronne britannique : ainsi Fidji, indépendant depuis 1970 et surtout république depuis 1987, a émis jusqu’à présent des billets de banque et des monnaies portant l’effigie de la Reine et la décision prise par le gouvernement de supprimer à l’avenir le portrait de la Reine  provoque une levée de boucliers.


Chypre Nord, pays non reconnu internationalement, pense toujours avec sympathie à la famille royale britannique comme nous le verrons…

Dans les pays du Commonwealth, on ne manque pas de saluer les grands événements de la famille royale, par exemple par des émissions philatéliques. Les réunions annuelles des chefs d’Etat du Commonwealth, présidées par la Reine, les Jeux du Commonwealth, sont des occasions de resserrer les liens.
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Emission philatélique de Niue, état associé à la Nouvelle-Zélande, pour le Diamond Jubilee, 2012.

stamps.nzpost.co.nz

 

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Emission philatélique du Mozambique pour le Diamond Jubilee, 2012.
commonwealthstampsopinion.blogspot.com

 

 

 

On observera que des pays sans lien antérieur avec l’empire britannique ont récemment adhéré au Commonwealth : c’est le cas du Mozambique, ancienne possession portugaise, et du Rwanda, ancienne colonie allemande puis placée sous tutelle de la Belgique jusqu’à son indépendance et qui d’ailleurs a adopté l’anglais comme une de ses langues officielles.
Deux nouveaux pays devraient se joindre au Commonwealth : le Burundi, autre pays jadis placé sous tutelle de la Belgique, et le Surinam,  anciennement Guyane néerlandaise, qui fait de plus valoir dans sa demande d’adhésion, que le territoire a été fondé par des colons britanniques en 1650 environ, avant de passer sous domination hollandaise.


Les liens peuvent aussi être d’ordre judiciaire et on ne s’étonnera pas vraiment de voir des litiges concernant des pays indépendants continuer à être tranchés par des Lords britanniques siégeant à Londres et d’autres Lords, ou les mêmes, faire partie, encore à ce jour, de la plus haute juridiction de Hong Kong.

On constatera que les échos des fastes de l’époque coloniale résonnent toujours, repris à leur compte par les états indépendants, qu’il s’agisse des cornemuses de la police de Singapour ou des casques coloniaux à boule de cuivre des musiciens de l’armée maltaise, sans parler de la fidélité aux usages britanniques de Hong Kong, région administrative spéciale de la Chine populaire.







 

 

 

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Commentaires
Le comte Lanza vous salue bien
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